mercredi 24 août 2011

François Bayrou sera candidat à l'élection présidentielle !

Avec la sortie de son nouveau livre 2012, Etat d'Urgence, dont on peut dire qu'il s'arrache littéralement dans les librairies, le Président du Mouvement Démocrate, en a profité pour faire une rentré médiatico-politique remarquée, à l'heure où il s'avère que François Bayrou avait vu juste quant à la crise et à ses causes, qui frappent notre pays. Lors du dernier Conseil National du Mouvement Démocrate (Juillet 2012), celui-ci avait déjà mis l'accent sur le fait que la crise n'était pas derrière nous, et qu'il convenait d'agir au plus vite dans un esprit de rassemblement pour avancer et s'en sortir.


Invité récemment du journal de 20 H de TF1, ce dernier, a lancé plusieurs pistes pour répondre aux problématiques qui touchent la France. Produire et Instruire sont les maîtres mots d'une campagne qui s'amorce.
Lundi dernier, c'est sur le plateau de BFM TV, que François Bayrou s'est exprimé, répondant aux questions du journaliste Jean-Jacques Bourdin.
Face à celui-ci, le Président du MoDem, qui affine davantage encore, et son discours et sa réflexion, se posant comme une alternative voulant donner de l'espoir à notre pays, a annoncé qu'il serait candidat à la prochaine élection présidentielle, nuançant toutefois son propos, précisant que "le temps n'était pas encore aux meetings." 

Morceaux choisis :

Jean-Jacques Bourdin : Vous regardez l'actualité ; en Libye, le colonel Kadhafi est en train de tomber, vous vous réjouissez ?

François Bayrou : Oui. C'est une guerre, les guerres ne sont jamais heureuses, mais c'est surtout la chute d'une dictature de 42 ans, avec des victimes, des femmes et des hommes privés de liberté pendant des décennies... Et puis je veux aussi, à cette minute où il tombe, avoir une pensée pour les victimes de Lockerbie, les victimes de l'avion de la Pan Am à Lockerbie, en 1988, avec 250 victimes, au moins, 270 peut-être, parmi l'équipage et les passagers de l'avion et à terre, hélas, les victimes dans une petite ville écossaise, tuées par le fanatisme de Khadafi. Et donc, pour moi en effet, c'est un événement, en tout cas, qui marque une page et c'est aussi un succès pour les amis de la liberté.

Alors, deux solutions : soit on lui accorde l'exil, soit on l'arrête et on le juge. Est-ce qu'il doit être arrêté et jugé ?

Oui, il doit être arrêté et jugé.

Et jugé pour crimes contre l'humanité ?

Après analyse de ses crimes, cela appartiendra aux jurés, cela appartiendra à la communauté internationale et cela appartiendra aux nouveaux dirigeants libyens. Mais en tout cas, oui, ce qui serait moral et juste, c'est qu'il soit arrêté et jugé.

Changeons de sujet. On va beaucoup parler, on parle beaucoup, et vous aussi vous en parlez depuis des années, des déficits publics et de la dette. Alors, j'ai une question toute simple puisque le gouvernement va nous annoncer mercredi des mesures pour réduire les déficits publics. Est-ce que l'on a besoin d'austérité ? Est-ce la solution ?

On a besoin de sérieux. Alors, vous exprimez deux interrogations : première interrogation, qu'est ce qu'il faut faire en face de la dette ? Et, deuxième interrogation : dans quelle direction faut-il aller pour redresser les choses ? Et pour moi, ça n'est pas la même question. Vous savez que je sors un livre cette semaine, qui s'appelle "2012 État d'Urgence". Ce livre tente de répondre à la question : quelle est la cause de la dette ? Et c'est cette cause qu'il faut soigner. Il demeure que, comme dans une maladie avec des symptômes aigus, on est devant une situation qui exige que l'on fasse un certain nombre de choses cruciales assez vite pour que la fièvre baisse et que le malade puisse entrer dans une phase de récupération. Et, pour moi, dans l'urgence de sérieux, dans l'urgence de rééquilibrage, je soutiens l'idée que la France se dote d'une règle constitutionnelle qui empêche que l'on continue sur la voie des déficits...

La fameuse règle d'or !

Comme vous le savez, c'est une idée que je propose depuis 2002, qui a été adoptée par l'Allemagne. Et le texte que je proposais, ce n'est pas le texte du gouvernement. Le texte du gouvernement est plus compliqué et, à mon sens, moins lisible.

C'est à dire ?

Le texte que je proposais c'était : ''interdiction des déficits de fonctionnement en période de croissance''. Pourquoi dis-je ''fonctionnement'' ? Parce qu'il est normal et juste d'emprunter pour l'investissement. Quand vous construisez un hôpital, une université, des grands équipements publics, ce sont les générations futures qui vont les utiliser. Il est normal qu'elles participent, par le remboursement, d'une certaine manière, à cet investissement. Mais le fonctionnement, le ''tous les jours'', avec le paiement des fonctionnaires ou le remboursement des feuilles de Sécu, il est anormal et immoral que l'on emprunte pour le train de vie normal d'un État comme pour le train de vie normal d'une famille. Et c'est précisément là que la règle d'or devrait intervenir.

Cela veut-il dire que le texte gouvernemental est insuffisant ? Le texte a été voté, d'ailleurs, à l'Assemblée Nationale et au Sénat.

Je me suis abstenu sur ce texte.

Et si le Parlement est réuni sur ce texte, vous ferez quoi ? Avec ce texte-là, continuerez-vous à vous abstenir ?

Non, je voterai pour, je vais vous expliquer pour quelles raisons. Mais le texte du gouvernement ne dit pas ce que j'ai dit. Il ne dit pas ''interdiction des déficits de fonctionnement en période de croissance'', ce qui est d'ailleurs le texte adopté par les Allemands, qui est très clair.

Avec des dates très précises chez les Allemands.

Oui. En revanche, le texte français dit : ''On va voter une loi qui aura un effet sur plusieurs années, une loi pluriannuelle qui donnera des objectifs sous le contrôle du Conseil Constitutionnel''. C'est terriblement compliqué et difficilement lisible.

Vous voterez un texte terriblement compliqué et difficilement lisible ?

Je le voterai parce que c'est le moment de donner un signal. Je le voterai parce qu'il y a des moments dans la vie où il faut faire passer l'essentiel avant ce qu'on estimerait être perfection. Il faut faire passer cet essentiel avant, puisque, comme vous le savez, la France a besoin de se donner à elle-même, de donner à ses citoyens et de donner au monde extérieur un signal qui dit ''Nous allons abandonner le plus vite possible ce chemin sans issue qui est celui du surendettement, et nous allons entrer dans quelque chose qui est plus sérieux, qui est le chemin de l'équilibre''. Mais la question principale c'est la cause.

Je reviendrai sur la cause. Alors l'austérité, est-ce la solution ? C'est une question qui me tient à cœur.

Pourquoi est-ce qu'on emprunte tout le temps ?

Mais cela fait trente ans qu'on emprunte !

Cela fait trente ans parce qu'on ne produit plus en France, on ne produit plus assez en France.

C'est un des grands thèmes de votre livre.

C'est pour moi une des deux questions de la société française. Si on écarte et si on dépouille toutes les affaires d'actualité et tout ce qui encombre, d'une certaine manière, la vision, tout ce qui fait que la vie politique se disperse. Si on essaie au contraire de se concentrer sur les questions essentielles de vie ou de chute, eh bien on trouve à mon sens deux questions : celle là, que je viens de dire, dans un premier temps. Le problème c'est que l'on ne produit plus en France, que nos ressources s'échappent, c'est une hémorragie de 75 milliards par an. Ce qui veut dire, pour ceux qui nous écoutent, calcul mental réhabilité, ça veut dire 75.000 millions d'euros par an qui s'en vont. Alors on comprend très bien pourquoi il n'y a plus de pouvoir d'achat, on comprend très bien pourquoi l'on est obligé d'emprunter et pourquoi il n'y a plus d'emploi.

Si on ne produit pas c'est parce que le coût du travail est trop élevé en France ? C'est ce qu'on entend.

Non, ce n'est pas vrai. Il y a deux choses fausses que l'on dit : on dit "on ne produit plus parce que l'euro" et "on ne produit plus parce que les salaires sont trop élevés". Or, les Allemands à nos portes et les Italiens ont la même monnaie que la nôtre, mais eux produisent beaucoup plus. Ils sont en excédent de commerce extérieur, dans des proportions considérables – des centaines de milliards – et avec la même monnaie et les mêmes salaires. Les salaires allemands sont même encore légèrement supérieurs aux nôtres. Cela veut dire que la question n'est pas dans la monnaie, la question n'est pas dans les salaires ; la question est dans le fait que la France, grand pays industriel – on produit des avions, on produit des satellites, on produit des fusées, on produit des automobiles, on produit des hélicoptères chez moi dans les Pyrénées (un moteur d'hélicoptère sur deux qui vole dans le monde est produit chez nous au pied des Pyrénées) – et on a abandonné des secteurs entiers. Par exemple, tout l'équipement de la maison, par exemple le textile, et, je crois qu'il y a des millions de consommateurs qui voudraient savoir ce qu'ils achètent, on ne donne pas au consommateur les moyens de savoir ce qui est produit en France et ce qui ne l'est pas.

Mais, François Bayrou, on nous a dit qu'on mettait en place des plans de relance, justement, pour donner à la France les moyens de production.

Eh bien, ceci a été mal fait ou mal réalisé ou peu réalisé. En France, nous sommes concentrés sur les très grosses entreprises mondiales, CAC 40, dont on sait qu'elles sont florissantes et on a oublié les PME et en oubliant les PME on a oublié le tissu vivant qui faisait que dans notre pays, on pouvait être, on devait être, producteurs au lieu d'être seulement acheteurs de choses qui se font à l'étranger. Et si on se concentre pas sur cette première question, on n'y arrivera pas.

Je vous posais la question tout à l'heure ; le gouvernement va annoncer des mesures d'austérité, est-ce la solution ?

Si on présente l'avenir aux Français – d'ailleurs, c'est la même chose pour les autres peuples européens – en leur expliquant que l'on va couper, couper, couper partout, ce n'est pas un horizon, ce n'est pas un espoir. Donc il faut intégrer cette politique de sérieux – c'est le mot que je préfère utiliser – dans une dynamique : dire où l'on va, quel horizon on va atteindre. Et l'horizon que je propose, en matière économique, c'est à nouveau produire en France. Maintenant que l'on a cet horizon, qu'est-ce qui est urgent ? C'est très simple et très lourd, naturellement. D'ailleurs, je ne crois pas que la méthode qui a été choisie par le gouvernement, c'est à dire faire d'urgence un certain nombre de coupes, soit une méthode qui sur le long terme, soit intéressante.

On va s'arrêter un peu sur ces coupes : on n'a pas encore tous les détails, mais apparemment les très très hauts revenus seraient provisoirement surtaxés, cela rapporterait quelques centaines de millions d'euros. Vous êtes d'accord ?

Oui. Moi je pense nécessaire d'ajouter une tranche d'impôt sur le revenu pour les plus favorisés, qui leur permettra de participer à la solidarité nationale. La tranche d'impôt est actuellement de 41 pour cent, la tranche marginale, comme on dit, la tranche supérieure, pour les revenus les plus élevés. Il me paraitrait normal qu'elle passe à 45 pour cent et pour les très hauts revenus à 50 pour cent.

Ça ce sont les revenus du travail.

Je trouve que c'est juste. Il faut que tous les revenus y soient associés, d'une manière ou d'une autre, l'effort de solidarité doit associer tous les revenus et tous les Français le pensent, y compris – et c'est une bonne nouvelle – une partie de ceux qui ont les revenus les plus élevés, en tout cas le disent-ils.

Et les très grandes entreprises ? Est-ce qu'il faut différencier les très grandes entreprises des PME ?

Non, il faut faire une chose élémentaire, mon cher Watson, comme on dit. Il faut que, au moins, les très grandes entreprises paient les mêmes impôts que les petites et les moyennes.

Ce qui n'est pas le cas aujourd'hui.

Et aujourd'hui, elles paient, écoutez-bien, trois fois moins parce que le droit fiscal est une jungle dans laquelle, si vous avez des conseillers nombreux, expérimentés...

Alors comment faire ?

Il faut remettre les choses par la simplification et la stabilisation du droit fiscal, de manière qu'en France, au minimum, tout le monde participe de la même manière à l'effort national, que l'on soit grand ou petit. Trop souvent, la législation faite avantage les très grands au détriment des petits et ceci est une grave injustice.

C'est l'injustice de la société française, François Bayrou, globalement.

Oh on pourrait aller plus loin ; c'est un pays dans lequel ceux qui sont au pouvoir ou dans les cercles administratifs croient que gros c'est meilleur que petit ou que moyen. Il y a une espèce d'idéologie perpétuelle. Regardez, peut-être vous le voyez moins, ce qu'on est en train de faire sur le territoire en obligeant à la concentration de toutes les communautés de commune de manière qu'on arrive à des ensembles très gros, comme si gros c'était mieux. Et moi je vous dis : gros ce n'est pas mieux.

Beaucoup d'auditeurs de RMC nous disent : ''Trop d'élus en France, il faut supprimer le Sénat, il faut réduire le train de vie de l'État"...

Ils ont raison ! Alors, on verra les décisions précises, moi-même je participerai. En tout état de cause, je vous le dis, il faut réduire le train de vie de ce qui est en haut pour donner un signe à ceux qui sont en bas. Il faut réduire le train de vie des excellences ; cela ne leur coûtera pas grand chose et ce sera une goutte d'eau dans l'océan des dépenses. Mais au moins, symboliquement, on dira : ''voilà, ils se rendent compte, ils savent qu'il faut faire des efforts et ces efforts sont assumés''.

Donc on réduit le train de vie de l'État.

On réduit des dépenses, on réduit le train de vie, on recherche, notamment en matière sociale, le retour aux équilibres et il faudra – dire le contraire serait un mensonge – faire un appel à la solidarité de manière que des impôts ou des prélèvements permettent de rééquilibrer la situation du pays.

Vous allez voir François Fillon, je crois ?

Je lui ai fait passer un message en disant que je souhaitais qu'il rencontre tous les responsables des grands courants démocratiques du pays et pas que le gouvernement fasse un tri à l'intérieur entre ceux qui y sont.

Il vous a répondu ?

Non, mais j'espère qu'il recevra le message. C'est quelqu'un pour qui j'ai de l'estime et donc j'espère qu'il entendra ce message. La dette, le déficit, le déséquilibre, c'est un grand sujet de débat national. Cela ne doit pas être un sujet politique. Je l'ai dit au gouvernement, et de même je l'ai dit au PS. En tout cas, j'ai traduit pour le PS ce sentiment. Je sais bien que le PS est agacé, il a le sentiment d'être pris dans un piège avec cette règle d'or et il dit ''c'est quand même incroyable que ce soit le gouvernement qui fait ces déficits qui vienne nous donner des leçons de règle d'or''. Je comprends cet agacement.

Le PS devrait voter ?

Je comprends cet agacement mais ça n'est plus le temps de l'agacement, il faut dépasser l'agacement.

Vous dites au PS : ''Votez !'' ?

Je trouve que les responsables socialistes devraient prendre cette attitude de solidarité du pays pour dire ''nous allons abandonner le chemin des déficits excessifs pour entrer au contraire dans le chemin du sérieux qui seul nous permettra de nous en sortir''.

Quelle solution pour mettre l'éducation au coeur de l'avenir de notre pays ?

Donc, on disait un mot de ce livre, première question de vie ou de mort, première question de vie ou de chute, de redressement ou d'effondrement du pays : produire. Deuxième question, selon moi, instruire. On est dans une situation où la France, qui avait la meilleure éducation du monde, se retrouve au delà du 23ème rang pour la compréhension de l'écrit et le calcul. C'est impossible pour notre pays, on ne peut pas s'en sortir. Je dis donc, en effet, qu'il faut une politique nouvelle qui garantisse les moyens de l'éducation – j'ai parlé de ''sanctuarisation des moyens'' – et qui dise en même temps au monde éducatif : ''on a besoin d'un contrat de résultat qui fasse que la France remonte le plus vite possible dans les dix premiers des classements mondiaux.'' Comment ? En repérant quels sont les enseignants qui réussissent le mieux dans leur classe et en répandant, en communiquant leurs approches, leur méthode, leur savoir-faire auprès de leurs autres collègues plus jeunes ou moins expérimentés, ou moins inventifs, peut-être. On parle tout le temps, en industrie, de transfert de technologie, eh bien il faut faire aussi un transfert de pédagogie dans l'école. Ça n'est qu'une démarche qui concerne en particulier l'école primaire et le premier cycle. Il y a bien d'autres choses à faire au collège, au lycée, à l'université, que j'évoque dans mon livre. Mais j'ai au moins cette certitude là : les acquis fondamentaux doivent être la priorité de la Nation.

Votre candidature, vous dites : évidemment ? Elle est évidente ?

Il n'y a pas d'autres moyens de défendre des idées de cet ordre que l'élection présidentielle.

Donc vous serez candidat ?

Je serai candidat à l'élection présidentielle et, simplement, le moment n'est pas venu de lancer les meetings.

Mais vous serez candidat.

Il n'y a pas d'autre moyen, vous le savez bien. C'est la seule élection qui permette aux citoyens du pays de reprendre le paysage et de dire ''ça ne nous va pas, on a besoin d'autre chose comme démarche, on a besoin d'autre chose comme responsabilité, on a besoin d'autre chose comme projet''. Donc il n'y a pas d'autre moyen, évidemment, que de se pencher vers les électeurs en disant : ''vous avez cette fois-ci le moyen de vous en sortir et c'est peut-être la dernière fois''. Parce que si on regarde l'affaiblissement continu du pays, on se rend compte qu'en effet, c'est d'urgence qu'il s'agit.

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