mercredi 13 juin 2012

Faut-il mourir ou vivre ?

Le verdict des urnes est sans appel, incontestable et implacable. Un verdict qui place largement en tête les deux députés sortants, Michel Vergnier et Jean Auclair, suivis de loin par les représentants de l'extrême gauche et de l'extrême droite. Une configuration qui rappelle celle ayant prévalu durant la dernière élection présidentielle.
Plus loin derrière, le candidat centriste Patrick Aïta, qui plaffonne à 2.46 %. Un score décevant, qui ne correspond à rien, ni aux attentes, ni à ce que pèse le Centrisme en Creuse, ni à ce que représente localement le Docteur Aïta.
Bien sûr, par delà la déception, il y a une forme d'amertume qui domine, l'incompréhension, mais aussi un cri d'alarme et l'expression d'un besoin, d'une attente, réelle et sincère.
L'enseignement majeur qui demeure consiste en le score massif de l'abstention sur ce premier tour, de l'ordre de 42 % de l'électorat. Un résultat qui contraste fortement avec la participation massive de la population à la dernière élection présidentielle, certes, moment électoral prisé des français.

Cette élection législative devait en être le prolongement, après avoir validé le rejet de Nicolas Sarkozy. Et si les électeurs ont placé le Parti Socialiste en tête des suffrages, il n'en demeure pas moins, que près d'un électeur sur deux n'a pas souhaité donné son avis sur la question, faisant de cette majorité, une majorité très relative.
Il y a ici un vrai problème de Démocratie qu'il convient de placer au coeur de la réflexion politique. C'est un enjeu immédiat à ne pas négliger que cette désaffection populaire pour la chose publique.
Car comment interpréter le fait qu'un pays soit gouverné par une majorité qui ne représente qu'une partie de la moitié de l'électorat ? C'est l'absolutisme républicain, institué par le mode de scrutin (uninominal à deux tours), sous couvert de suffrage universel.

Que le Parti Socialiste ait été placé en tête des suffrages relève d'une cohérence certaine ; c'est la tout le sens de la réforme du quinquennat que de permettre au nouveau président de disposer d'une majorité lui permettant de gouverner, conférant ainsi au Président de la République, le rôle de monarque républicain.

Ce premier tour confirme par ailleurs la dérive bipolaire de la vie politique française, scindée en deux blocs surpuissants, matérialisés par le PS et l'UMP ; une dérive que ne fait qu'accentuer la présence en suivant des deux extrêmes (FDG et FN).

Loin derrière, arrivent les centristes ; 1,5 % au niveau national, 2,46 % au plan local, pour Patrick Aïta. Un score très décevant pour l'intéressé, pour tout ses soutiens.
C'est une incompréhension, une anomalie pour quiconque connaît le centrisme, pour quiconque connaît Patrick Aïta.

Que les sceptiques et les détracteurs du Docteur Aïta reviennent de leur fantasme ; ce score ne relève pas de sa personnalité, d'une campagne manquée, de thématiques mal maîtrisées ; c'est une constante au niveau national, puisqu'en dehors des quelques qualifiés au second tour, les candidats ont en moyenne obtenu entre 1.000 et 1.400 voix. Patrick Aïta en obtenant 1.500 suffrages est dans cette moyenne.
L'explication est ailleurs.

Le Centrisme est une force ancienne, historique, importante et nécessaire, qui a su traverser l'histoire, de Mirabeau à Bayrou en passant par Le Canuet et Giscard.
Le Centrisme est un point d'équilibre indispensable, présent pour modérer, pour tempérer les excès. Le Centrisme est une force libre et indépendante, pour laquelle je regrette que certains, aujourd'hui, l'interprètent comme du sectarisme ; indépendante parce que non assujettie à qui que ce soit, et libre, car pouvant choisir, parce que justement indépendante. C'est en cela que le Centrisme a toujours pesé dans l'histoire politique de notre pays, c'est en cela qu'il doit peser et pèsera à nouveau. Pour cela, le Centre ne doit pas être un arbitre de la vie politique, mais être un acteur qui existe, fort d'élus qui s'engagent. Or, trop d'ambiguïtés, trop d'atermoiements, trop d'hésitations, cela couplé à trop d'égo(s)-centrisme, ont eu raison de ce Centre aujourd'hui dispersé, morcelé, inaudible et inodore.

La candidature de Patrick Aïta, allait dans le sens de la réunification de ces centres, en un mouvement d'union. Cette candidature se voulait valeur d'exemple dans ce travail de réconciliation, de refondation, de reconstitution d'un pôle centriste fort et efficace.
Assurément, ce message n'a ni été compris, ni même entendu. Le mal est profond, la fâcherie réelle. Mais il n'est pas de point de non retour. La Démocratie et la politique, exigent le débat et le dialogue qui nécessite écoute et consensus. Je demeure convaincu qu'il n'existe pas de quadrature du Centre, que celui-ci se recomposera autour de son essence même : ses valeurs. Car loin de la personnification, une dérive malsaine, le Centre saura trouver son incarnation, cela pour dire qu' à la victoire des hommes, je préfère nettement le triomphe des valeurs.

Nombre de jeunes centristes, d'horizons divers, ambitionnent de continuer à vivre sous cette égide, avec cette ambition que leurs aînés enterrent jour après jour. Parce que notre jeunesse est porteuse d'enthousiasme, parce qu'à la mort, nihiliste, nous préférons la vie !

3 commentaires:

  1. La Constitution de la Vème République conduit inévitablement,surtout après l'instauration du quinquennat et l'inversion du calendrier à une bi -polarisation qui ne laisse aucune place à un centre indépendant.
    J'ai dans mon livre "Des Fleurs et des Epines" dénoncé ce systéme et ce ne sont pas les derniéres élections qui me feront changer d'avis.Les électrices et les électeurs sont moins nombreux à voter qu'aux présidentielles car ils considérent cette élection comme la "mére" des élections et les législatives sont pour eux une confirmation.
    Il n'empéche que se pose actuellement un probléme,celui du Front National qui continue de perturber la vie politique française et déstabilise l'UMP dont une partie des adhérents est tentée par le vote frontiste. Alors que Nicolas SARKOZY voulait siphoner les voix du FN c'est le contraire qui s'est produit.
    Or le vote FN n'est pas un vote ordinaire car ce Parti n'est démocratique et républicain qu'en façade il est autocratique et xébnophobe dans la grande tradition de l'extréme droite française celle de DEROULEDE et de MAURRAS.
    S'il venait à devenir le parti dominant de la droite la démocratie serait en danger,des hommes de droite comme François FILLON ou Alain JUPE l'ont bien compris mais l'irresponsable Jean François COPE par ses prises de position continue l'oeuvre de destruction de la droite républicaine déjà bien avancée par Nicolas SARKOZY.

    RépondreSupprimer
  2. Mathieu CHARVILLAT14 juin 2012 à 07:59

    Robert,

    C'est pour ça que l'opposition doit se construire autour des modérés, républicains, humanistes.

    L'émergence des extrêmes est le fruit de l'échec des partis traditionnels, alternativement majoritaires. C'est un signe indubitable, qui se vérifie à travers l'histoire.

    Pour justifier l'abstention, en sus des explications donnés, on peut également souligner une certaine lassitude de la population à l'égard de la vie politique, liée à l'hypermédiatisation de la campagne présidentielle, plus d'un an avant cette élection.

    RépondreSupprimer
  3. Je suis particuliérement déçu de constater que les représentants du MODEM en Creuse se sont ralliés à Jean AUCLAIR marquant ainsi nettement à droite les centristes dans notre département.
    Les français ont tranché: la gauche a obtenu une large victoire,les idées,la doctrine de la droite ont été largement rejettées par les électeurs,maintenant le MODEM doit choisir,soit il rejoint une droite dont les idées comme l'a reconnu François BAYROU sont à l'opposé des siennes soit il envisage de collaborer avec la gauche social démocrate et social libérale (le PRG)comme Mr ROCHEFORT l'a laissé entendre à la télévision hier soir.

    RépondreSupprimer