dimanche 16 juin 2013

Et maintenant... Qu'est-ce que ça change vraiment ?

C'en est fini de la Clinique associative de la Croix Blanche. Une page de notre histoire locale se tourne définitivement. Depuis une quinzaine de jours, le Centre Hospitalier est seul dépositaire de l'offre de soins en sud Creuse. Le transfert des autorisations sanitaires vers le service public est officiel depuis le 1er Juin, qui fut conduit sous l'autorité de l'ARS.
C'est la fin d'un long et éprouvant feuilleton qui aura animé Aubusson et son pourtour durant plusieurs mois. Eprouvant, parce que chacun des acteurs n'a pas été épargné durant cette affaire, menée dans la douleur : les institutionnels, sous pression, les salariés, mobilisés bien que tancés de part et d'autres, et surtout les patients, dont on a trop peu parlé, placés dans l'incertitude du lendemain.
Ne nous y trompons pas, lorsque le couperet est tombé, c'est une institution à laquelle les aubussonnais étaient très attachés qui s'est effondrée, dans une sorte d'indifférence policée. Question de dialogue, de pédagogie et d'objectivité sans doute.
Bien entendu, comme de coutume en de telles circonstances, le satisfecit des officiels est total, on se satisfait, et on ne manque pas non plus de s'auto-satisfaire.
Deux objectifs étaient clairement annoncés au départ : la sauvegarde des emplois, et le maintien de l'offre de soins.
A entendre les officiels, non seulement les objectifs ont été atteints, mais mieux encore, l'offre de soins, au delà d'être maintenue et confortée, serait renforcée !

Il est vrai que les salariés, guère ménagés durant cet épisode, mais courageux et concernés, ont majoritairement pu bénéficier de conditions de reprise ou de reclassement permettant le maintien de leur rémunération dans des conditions de travail respectables. Plusieurs établissements, essentiellement le CH d'Aubusson, ont joué le jeu sous la conduite de l'ARS, dans un cadre bien délimité par les Conseils réciproques.
Bien sûr, parler d'une majorité induit qu'il n'y a pas unanimité, et si certains ont fait le libre choix de partir, il y en a quelques uns qui restent sur le bord du chemin qu'il ne faut et ne faudra jamais oublier. Leur implication dans leur fonction et leur engagement total à l'égard de la population force le respect et nous devons penser à eux avec beaucoup d'humilité, de considération et de tendresse.

Sur le plan de l'offre, on observe chez les responsables une satisfaction telle qu'elle en devient béate et suspecte. Pour celui qui communique avec excès sur ce qui le satisfait, cherche essentiellement à se rassurer soi-même.

On nous annonce ainsi un pôle maintenu, conforté et renforcé. Pour l'observateur, la sémantique est importante, car les mots ont un sens précis.
Qui dit "renforcé" entend amélioration par changement ; entend une plus value qui consiste en une valeur ajoutée donnée à l'existant pour le rendre différent, et meilleur que ce qu'il était.

En l'espèce, comment analyser et caractériser ce changement qui améliore ?

On nous parle volontiers de Gynécologie, d'Endoscopie digestive et d'ORL ; autant de spécialités qui existaient déjà avant et dont les consultations se tenaient déjà entre les deux sites.
On nous parle d'Urologie, alors que l'établissement disposait en ses murs d'un urologue désireux de pratiquer localement, et qui s'est récemment engagé avec la Clinique de la Marche à Guéret.

Relativement aux Urgences, deux nouveaux médecins sont annoncés. Précisons toutefois que ces recrutements s'inscrivent dans une démarche de densification de l'équipe médicale afin de respecter la législation en matière de temps de travail. Même problématique concernant le pôle infirmier puisqu'un poste était réellement vacant, et qu'au poste infirmier pourvu, on pourra opposer un poste aide-soignant supprimé. Loin de renforcer, il s'agit en fait ici de pourvoir à des postes qui existaient déjà structurellement sans être pourvu et face à quoi la disponibilité des personnels de soins avait permis de faire face.

En revanche, l'avènement des activités ambulatoires sonne le glas d'une chirurgie permanente qui était présente. Finie la Chirurgie Viscérale et Générale et l'Orthopédie, pour laquelle la chirurgie ambulatoire ne permet pas, ici, la pose de prothèses, ni l'hospitalisation de moyen séjour. Finie également la chirurgie traumatologique, orientée vers le CH de Guéret.

Par ailleurs des liens se tissent entre Ussel et Aubusson... Au bénéfice du CH d'Ussel où interviendront les Docteurs Mallet et Gabison dont l'activité améliorera encore celle de l'hôpital corrézien.
Ussel qui se développe et se renforce au détriment d'Aubusson, il n'y a pas qu'en matière médicale que cela s'observe, et le phénomène n'est pas nouveau.

Alors, bien sûr, on pourra volontiers observer un parking qui jouira d'un nouvel enrobé, une façade qui retrouvera une seconde jeunesse, une toiture qui sera refaite, on notera assurément un paraître très amélioré, et de façon nécessaire.
Mais cela ne fait pas tout. Dans un contexte médical et social fragile, est-ce que cela répond aux attentes de la communauté médicale et de la population ? Sont-ce des solutions qui peuvent porter les ambitions d'avenir d'un territoire ?

La presse locale parle ainsi d'un dénouement mi-figue mi-raisin qui même s'il soulage sur le plan d'un maintien de l'offre très relatif, interroge forcément. Toujours est-il que chacun jugera de ce qui change vraiment dans ce qui a été annoncé...

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