jeudi 1 septembre 2011

La société des inégalités croissantes.

L'inénarrable Don Salluste...
Il semble que ces temps derniers les rideaux tombent sur les illusions que l'on veut nous offrir en guise de réalité quotidienne, au profit d'une vérité davantage en phase avec le monde réel.
Cela, en dépit d'effets d'annonce qui tendent à vouloir nous faire croire que la France va virtuellement bien - Qui aura oublié le positivisme de Xavier Bertrand, expert es-communication, particulièrement optimiste en dépit d'une forte hausse du chômage ?
Qui d'autre aurait bien pu se risquer à l'optimisme dans le contexte d'une augmentation de 1,3 % du nombre de demandeurs d'emplois sur le mois de Juillet, pour un taux atteignant officiellement 9,5 % de la population active, en déclarant : "Ceci étant je suis optimiste pour la suite car on s'aperçoit aujourd'hui qu'il y a des créations d'emplois, que les plans sociaux reculent, que les licenciements économiques ne progressent pas..."Mouais... Nous savons tous qu'il est important, qui plus est en période de crise, de ne pas sombrer dans la sinistrose, contagieuse et communicative, mais de là à afficher des certitudes aussi fortes fondées sur des données de croissance hasardeuses qu'aucun économiste ne se risque à confirmer, il y a tout de même des limites... Nous retiendrons donc que virtuellement, la France ne va pas si mal et que ses indicateurs sont pleins d'espoirs.


"Les riches sont faits pour être très riches, les pauvres, pour être très pauvres"

Chacun aura ici reconnu la célèbre phrase prononcée par Don Salluste dans La Folie des Grandeurs. Qui n'a pas ri aux pitreries de Louis de Funès et à ces échanges savoureux plein d'humour et de dérision.
Pour autant il semble qu'aujourd'hui, la réalité a dépassé la fiction, et que cette phrase trouve tout son sens dans le monde capitalo-libéral dans lequel nous vivons. Il s'agit là d'une dérive qui a marqué le quinquennat de Nicolas Sarkozy, dénoncée notamment par François Bayrou.

En effet, l'INSEE a publié une étude particulièrement éloquente sur la question ce Mardi 30 Août qui révèle que quand bien même la crise économique a eu un impact sur le niveau de vie de l'ensemble des ménages français, il convient toutefois d'opérer un distingo qui a toute son importance ; ce sont bien les ménages les plus modestes qui ont été les plus touchés.
Ainsi, s'il est déjà grave et inquiétant de constater l'accroissement de l'appauvrissement des couches les plus fragiles socialement, il l'est encore plus de constater que parallèlement, le niveau de vie des ménages les plus aisés a, au contraire, continué d'augmenter.
Dès lors, l'adage qui décline que les pauvres sont de plus en plus pauvres, et les riches de plus en plus riches relève de faits indubitables, prouvés par les chiffres qui traduisent les méfaits de la crise, les effets du chômage qui va grandissant.
Toutefois, l'INSEE rapporte que cette traduction aurait pu être plus dramatique encore sans le versement de prestations et d'aides sociales. C'est dire la précarité dans laquelle se trouve une part importante de notre population, soit plus de 8 millions de personnes, pour un volume de 13 % ! On est bien loin de l'optimisme de Xavier Bertrand.
Par ailleurs, la part de la population qui était la plus aisée, a accru ses aises, creusant un peu plus les écarts avec la couche la plus modeste de nos habitants. Le fossé s'élargit ; c'est ce que l'on appelle la société des inégalités croissantes, véritable fracture sociale. 

"Les études, réservées à une élite."

C'est une des traductions de l'évolution de cette société que nous décrivons depuis un certain temps. Il s'agit là du constat opéré par le journal Le Monde, consécutif à une enquête réalisée auprès de jeunes étudiants.
Entre les frais d'inscription, les problèmes liées au logement, qui compose près de 70 % des dépenses des étudiants, la note peut-être particulièrement élevée ; certains, qui reconnaissent avoir la chance de voir leurs études soutenues par leurs parents, reconnaissent peser l'équivalent d'un SMIC.
D'autres, pour subsister, parce que la charge du financement des études est insupportable pour les familles, doivent cumuler un travail d'appoint (à peu près 20 H/semaine) qui peut générer de l'échec scolaire.
Et que dire du témoignage d'Hanae, qui explique que plus on avance dans le cursus, plus la différence se fait sentir (celle-ci devant s'acquitter de 2500 € de frais d'inscrption à l'école du barreau), expliquant que la poursuite des études est conditionnée par les moyens financiers en possession ; elle reconnaît à demi-mot qu'il règne malheureusement comme un air de déterminisme social... L'horreur !

Oui, c'est cela la société des inégalités croissantes, pour laquelle les exemples et déclinaisons sont légions ; celle que dénonce depuis 2007 François Bayrou, et qui s'est imposée progressivement à la France ; cette société qui met à mal notre modèle républicain et notre pacte social, pour lequel l'Etat d'Urgence est déclaré.
Qu'on se le dise, 2012 sera un cap qu'il conviendra de ne pas manquer...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire