dimanche 5 septembre 2010

Quelle offre de soins demain à Aubusson ?

A l'heure où le département est encore secoué par la fermeture du Centre de radiothérapie de Guéret, le seul du département pour près de 124 000 habitants, la question mérite d'être posée tant les doutes qui pèsent sur la pérennité de nos services sont grands.

Jamais dans l'histoire, l'équilibre sanitaire et social de notre département ne s'est avéré à ce point instable, avec en point d'orgue la fermeture brutale, arbitraire et bureaucratique du Centre de Radiothérapie de Guéret, qui a crée une vague d'indignation sans précédent. Un acte incompréhensible sur le plan humain et déontologique de la part des décisionnaires, qui semble être le point de départ d'un grand démentellement de l'hôpital de Guéret.
En effet, il apparaît qu'aujourd'hui, ce soit le SAMU 23 qui soit visé entraînant dans son sillage, en effet domino, une restructuration du service des urgences, la pérennité conditionnelle de l'Unité de Soins Intensifs de Cardiologie (USIC), et des services de chirurgie.

Dès lors, nous pouvons constater que l'hôpital de Guéret qui est l'établissement creusois le plus complet et le plus structuré, soit, dans sa configuration actuelle, un grand danger. Dès lors quel avenir et quelles possibilités pour nos patients creusois lorsque l'on sait que la politique actuelle en matière de desserte médicale est de recentraliser l'offre de soins dans les grands centres, déjà saturés (CHU de Limoges..).

Ce constat s'inscrit dans une spirale négative quant aux perspectives de la Médecine en Creuse, plutôt alarmantes lorsque l'on se fit aux chiffres : 1 médecin pour 238 Habitants, un score bien inférieur à la moyenne limousine et nationale, une moyenne d'âge de 53 ans, pour un départ à la retraite à l'âge moyen de 64 ans (d'ici 10 ans, la catastrophe nous guette). Les différents constats opérés par ma collègue Nathalie Pagani sont à ce titre particulièrement éloquents (la médecine en Creuse).

Si l'état des lieux n'est guére réjouissant du côté guéretois, qu'en est-il pour nous autres aubussonnais ?
Le député Jean Auclair, qui a la facheuse tendance à politiser tout débat, quand bien même il est des sujets qui réclament d'aller au delà des clivages, nous explique que les plus grandes menaces planent sur Aubusson. (discours de Jean Auclair)
Le Centre Hospitalier d'Aubusson.
Or, le Centre Hospitalier d'Aubusson a une offre limitée et adaptée au contexte local, nous y trouvons ainsi un service de rééducation fonctionnelle, de convalescence, un service de long séjour, un service de médecine (dont les locaux sont situés au sein de la Clinique de la Croix Blanche), et un EHPAD.

Dès lors, les mots du député ne visaient ils pas plutôt la Clinique de la Croix Blanche, dont l'offre de soins est beaucoup plus variée et importante, puisque outre plusieurs services de chirurgie (orthopédique, digestive, viscérale, ophtalmologique), l'établissement situé sur la commune de Moutier Rozeille dispose également d'un services des Urgences (UPATOU) qui fonctionne tous les jours 24h/24, et d'un cabinet privé de radiologie. Par ailleurs, des consultations spécialisées y sont dispensées, en pneumologie, cardiologie et gastro-entérologie ; autant de spécialités qui répondent aux besoins croissants de la population.
Au total, la Clinique emploi près de 80 personnes plus les 6 emplois salariés indirects du Centre de Radiologie, ce qui en fait une des plus grosses entreprises du secteur en matière d'emplois.

On le sait localement, l'établissement préalablement dénomminé Clinique Mazetier (du nom de son fondateur), est clairement sous la menace, la faute à des critères globaux qui ne tiennent pas compte des particularismes locaux et des carences structurelles de notre territoire.
Et pourtant, la Clinique de la Croîx Blanche a matière à s'ennorgueillir : l'établissement est classé au 42ème rang national des hôpitaux et clinique de moins de 300 lits, les plus sûrs, (palmarès 2010 des hôpitaux les plus sûrs), il est par ailleurs n°1 en Limousin ; cela grâce au remarquable travail des praticiens qui y oeuvrent.
La Clinique de la Croîx Blanche.
Le nombre de passages au service des Urgences est en constante augmentation, atteignant près de 3500 patients ; en Radiologie, ce sont plus de 13 000 dossiers qui sont traités à l'année. Pour une population d'à peu près 30. 000 personnes sur la circonscription, ces données sont parfaitement honorables. Elles prouvent les besoins de la population en la matière ; les Urgences sont en outre un excellent relais pour les médecins libéraux déjà débordés dans leur activité.

Au delà d'être une nécessité d'ordre politique, le maintien du service des Urgences de la Clinique de la Croîx Blanche représente un véritable enjeu sanitaire et social pour le secteur. Interrogeons-nous sur les conséquences éventuelles d'une disparition de ce service ? Quid des 3500 passages ? Que doivent faire ces patients ? Quelle orientation leur proposer ?
D'autres facteurs rentrent dès lors en considération : nos bassins de population sont répartis de façon très éclatée sur notre territoire, abrupt, et desservi par un réseau routier qui n'est pas de toute première qualité. Dès lors, en plein hiver, peut on imposer aux creusois d'emprunter des routes difficiles et dangereuses, d'effectuer un nombre important de kilomètres pour accèder à des soins qu'ils n'auront peut être qu'au bout de plusieurs heures d'attente ? ! Alors qu'ils peuvent accèder à des soins de qualité équivalente, ou de premiers soins d'urgence, sur place.
Sur un plan purement technique, pour avoir un ordre d'idée, il convient de signaler, à titre d'exemple, qu'en France, il n'y a que 2 % de taux de survie suite à un arrêt cardiaque contre 7 % dans des pays comme la Norvège où les Etats Unis. Ce résultat bien médiocre s'explique d'une part par une mauvaise formation du grand public aux premiers soins d'urgence, au manque de défébrillateurs
Dès lors, sur un territoire comme le notre, si nos usagers ne disposent pas des moyens de proximité leur permettant de recevoir des soins adéquats, la moindre personne victime d'une attaque cardiaque est quasiment condamnée à mort.

Comment pouvons-nous dès lors imaginer que les établissements de proximité comme les Urgences de la Clinique de la Croîx Blanche puissent disparaître lorsque l'on saisi bien l'importance vitale de leur présence sur nos territoires ruraux, déjà en manque de structure.
Nos politiques, bien que bien-pensants ne mesurent peut-être pas à leur juste valeur les enjeux d'une bonne vision des choses concernant la desserte médicale.
Comment le député Auclair peut il croire que l'arrivée d'un scanner à Aubusson (discours de Jean Auclair) constitue une formidable avancée lorsque l'on sait que le projet coûte près de 700 000 Euros. Pour mémoire, le radiologue exerçant à Aubusson effectue dans le cadre de son activité libérale des examens scanographiques à l'hôpital de Guéret, à raison d'une quinzaine par semaine, en fonction de la demande des médecins prescripteurs. Dès lors, l'arrivée du scanner, pour être pertinente, doit se conjuguer à une relance de l'activité chirurgicale du bassin et à une densification de l'offre de consultations spécialisées.

Nous, Démocrates, nous positionnons clairement pour une meilleure cohérence sur le dossier de la santé afin que chaque citoyen puisse bénéficier d'une même qualité de soins à proximité de chez lui, sans pour autant être contraint à migrer à 100 Kms de son domicile. Nous pensons qu'il convient, afin d'élaborer une politique cohérente en la matière, de tenir compte des besoins de notre population, souvent âgée, peu mobile et isolée, mais aussi des particularités liées à notre territoire, avec des axes de communication difficiles d'emprunt.
Nous pensons donc, à contrario de la politique menée à l'heure actuelle, qu'il convient de préserver les établissements de santé de proximité dans les zones rurales, car nous pensons que le contexte actuelle entraîne une véritable paupérisation de l'offre de soins.
Alors de grâce, dans l'intêrét général, allons au delà des rivalités politiques, et autre sempiternelles batailles de clocher afin d'assurer aux creusois des soins de qualité. Il s'agit là autant d'une question d'humanité que de bon sens.
Alors faisons en sorte pour Aubusson, que la jurisprudence du Centre de Radiothérapie de Guéret ne soit pas une fatalité, mais simplement une anomalie bureaucratique, un épiphénomène sans lendemain.

1 commentaire:

  1. Excellente analyse de fond sur l'offre de santé de notre département
    claude teyton

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