lundi 29 novembre 2010

Apéro Démocrate à Aubusson : la Médecine en Territoire Rural.

C'est le 17 Novembre dernier que s'est tenu le second apéro-démocrate de la jeune histoire du MoDem de la Creuse.
En présence d'Eric Daubechies et de Nathalie Pagani, membres de la présidence collégiale du Mouvement Démocrate départemental, deux médecins de la région aubussonnaise avaient été conviés et avaient répondus présents à l'invitation, en toute indépendance : le docteur M'hamed ELYAMANI, radiologue exerçant au sein de la Clinique de la Croix Blanche, et Olivier-Luc SEBENNE, médecin généraliste à Aubusson.

De gauche à Droite : Drs. Elyamani -Sebenne ; Mathieu Charvillat ; Eric Daubechies.

Ces deux praticiens avaient été conviés afin de faire partager à l'auditoire, riche d'une grosse quinzaine d'éléments, leur expérience sur la question, déclinée en plusieurs points :
  • Un état des lieux de l'offre médicale sur le département.
  • L'état de la démographie médicale de nos praticiens et les perspectives induites.
  • Quelles solutions apporter afin de répondre aux problématiques dégagées.
Le parcours professionel des deux médecins a été évoqué, et notamment les raisons qui les ont incités à exercer en Creuse, en milieu rural. Tous deux ont fait un choix de vie, en lien à une qualité indiscutable en la matière dans notre département, mais également un choix de carrière motivé par la pratique d'une médecine de proximité, humaine.

L'état des lieux établi a montré :
  • que le nombre de médecins en Creuse est inférieur et à la moyenne nationale, et à la moyenne des autres départements du Limousin (1 médecin / 238 habitants).
  • Une offre en consultations spécialisées qui se paupérise et qui ne respecte pas l'harmonie territoriale.
  • Un âge moyen des médecins de l'ordre de 53 ans qui posera problème dans le cdre des départs à la retraite dans les dix ans à venir.
  • Un faible taux de remplacement, et d'installation, notamment en médecine libérale.
  • Des besoins grandissants de la part d'une population âgée et peu mobile.
A partir de là, chacun, au gré de ses interventions, et à partir de l'expérience des médecins présents, a pu participer à l'élaboration de solutions potentielles pour pallier aux difficultés constatées, et répondre aux besoins de la population.
Ainsi, ont été évoquées les pistes suivantes :
  • Mener des politiques incitatives à l'égard des étudiants en Médecine.
  • Plafonner le nombre d'installations de médecins en zones très prisées (Sud de la France).
  • Développer la coopération entre les acteurs médicaux (Maisons médicalisées ; Groupement de Coopération Sanitaire ; Télémédecine...)
  • Avoir une vision à moyen terme au niveau de L'Agence Régionale de Santé (ARS) afin de mener des projets à terme.
  • Rendre nos territoires attractifs en luttant contre l'image de paupérisation qui lui colle à la peau, et en en étant les premiers ambassadeurs.
C'est un des mots d'ordre que d'être fier d'être Creusois, et de ne pas avoir honte de l'être, car il appartient à chacun d'entre nous, acteurs de nos territoires, et à nos élus de savoir valoriser notre département pour draîner une image positive.

Une partie de l'auditoire.
C'est sur cette note d'espoir et de positivisme que les convives se séparèrent.
Remerciements à chacun pour sa participation et sa contribution au débat, et particulièrement aux médecins présents, pour leur disponibilité et nous avoir fait part de leur vécu et expérience.

dimanche 21 novembre 2010

La Communauté de Communes Aubusson-Felletin se porte candidate pour accueillir un Centre de détention.

Alain Rodet l'ayant refusé pour Limoges, et alors même que d'autres communes importantes de la Région Limousin se sont déclarées intéressées par ce Centre de Détention, il s'avère que Michel Vergnier, député-maire de Guéret l'envisage également pour Guéret.

Il n'en fallait pas davantage pour que la rumeur enfle en échos de l'autre côté. En effet, malgré un démenti de son maire UMP, Vincent Turpinat, un proche de Jean Auclair, il paraîtrait que Jarnages, petite commune jouxtant la N-145, se serait également portée candidate...

La réaction de notre PS local ne s'est pas faite attendre, puisque dans la foulée, Michel Moine par voie de presse et sur son blog, annonçait dans une lettre ouverte au préfet de la Creuse, la candidature de la Communauté de Communes Aubusson-Felletin, au nom de l'équité territoriale.

Si le fond de la demande semble tout à fait justifiée, au delà, une fois encore des rivalités politiques, il convient cependant de s'intéresser à la forme.

En effet, il apparaît juste de faire la lumière sur certaines vérités : Le maire d'Aubusson fait dans la récupération politique, puisqu'un projet de même nature avait été proposé par l'opposition à l'occasion de la dernière campagne des municipales. Un projet pour lequel Michel Moine s'était fendu d'un "Quoi, une prison à Aubusson ! C'est ça votre projet!".

Et pourtant, avec près de 250 emplois à la clef, Aubusson aurait bien besoin d'une telle manne pour se relancer, et redynamiser sa vie économique, puisqu'aucune dynamique n'est amorcée de ce côté là. Mais quel virage à 180 ° !

Quant à l'argumentaire développé par Michel Moine, il convient de se pencher dessus également : Ce dernier s'offusque (à juste titre, mais après tout est-ce si surprenant ??) de n'avoir pas été sollicité dans le cadre de ce projet car estimant répondre au cahier des charges imposé.
Il est vrai qu'il eut été normal d'intéresser les principaux acteurs de notre département à l'hypothèse d'une implantation de ce type, et Michel Moine et Renée Nicoux en sont assurément. Mais en Creuse, le sectarisme politique a ses raisons que la raison ignore... Un exemple de plus à charge...

Quant au cahier des charges qui consiste à ce que la commune hôte dispose d'écoles, d'un hôpital ou d'une gare, il apparaît que la Communauté de Communes y répond, en précisant toutefois que l'hôpital ne saurait dispenser des soins d'Urgence, que seule la Clinique de la Croix Blanche saurait répondre à cette exigence. Encore faudra-t-il la pérenniser...

Dès lors qu'il est assuré que la com-com réponde ainsi aux exigences formelles, Michel Moine se fait l'avocat de l'équité territoriale au nom de la Justice Sociale et de l'équilibre qui y prévaut en matière d'infrastructures, mais quoi de plus normal après tout, lorsque l'on constate au quotidien les carences structurelles de notre Sud Creusois.

Notre maire reconnaît toutefois (en toute logique) que la N-145 est un vecteur incontestable d'irrigation, en particulier économique, pour le nord du Département (mais qui pourrait dire le contraire... Demandez aux gouzonnais).
Quid de notre ex N-141, qui faisait la liaison Limoges - Clermont Ferrand ; en traversant sur à peu près 90 kms notre département, transitant notamment par Bourganeuf et Aubusson... Un important traffic routier empruntait cette voie avant l'émergence de l'A-89.
Depuis un certain temps, je dénonce le désengagement de l'Etat vis à vis de cet axe, avec le déclassement de cette voie et son transfert de compétence auprès du Département ; jugeant cela comme une catastrophe pour notre Sud Creusois, et son développement potentiel.
Michel Moine me répondant à ce sujet qu'il n'estimait pas cela comme une catastrophe nuançant plutôt le propos, stigmatisant plutôt l'abandon et le renoncement à tout projet d'aménagement sur cette voie.
Mais comme dirait l'autre, n'est-ce pas enc... les mouches ?
N'est-ce pas plutôt parce que nos élus n'ont pas su valoriser leur territoire sur cet axe qu'il a été déclassé, et pas l'inverse ? C'est l'absence de réactivité, de créativité, de dynamique et de concertation qui est à pointer du doigt encore une fois.

La Communauté de Communes Aubusson-Felletin a le droit de prétendre à ce projet, et l'équité éthique exigerait même qu'elle soit favorite sur le dossier. Néanmoins le jeu politique aura son mot à dire.
Toutefois en pleine campagne pour le Bouclier Rural où il est question d'harmonie territoriale, et avec la promotion médiatique d'un Michel Vergnier, ministre de l'aménagement du territoire en cas d'alternance Droite-Gauche aux prochaines législatives, il n'est pas à douter de l'issue du projet, le Député-Maire de Guéret connaissant très bien la Creuse et les difficultés de sa partie sud. A moins que je ne sois naïf ? A moins que d'autres critères n'entrent en ligne de compte ? A moins que le consensus social ne soit pas vraiment de mise chez les socialistes... Un comble !

mardi 16 novembre 2010

L'opposition systématique et aveugle : Ou pourquoi la Creuse en est où elle est...

On ne dira jamais assez à quel point, dans notre culture, le rôle de l'opposant est rageant et frustrant. Alors quand en plus, aux différents échellons locaux du pouvoir, nous trouvons des gens opposés les uns aux autres, et bien c'est l'intérêt général qui en pâtit au profit des rivalités partisanes, des intérêts particuliers.

Le propre du politique est de satisfaire à l'intérêt général, d'être l'expression de la majorité, sans négliger la minorité. Sa mission est de parvenir à instaurer le consensus social en étant au plus juste des nécessités et des besoins.

Je crains que manifestement, cette maxime que j'érige au rang de dogme, n'ait pas cours en Creuse, tant les informations contradictoires, et les manoeuvres politiciennes occupent nos élus qui se livrent sans compter à ces conflits de personnes et luttes idéologiques, au mépris de la mission originelle que leur(s) mandat(s) leur conférai(en)t.

La presse locale s'est d'ailleurs récemment fait l'écho des désaccords, dysfonctionnements et lutte de pouvoir qui font peser un immobilisme de fait sur notre situation politico-socio-économique. Oui, ces éternelles luttes intestines paralysent l'évolution en Creuse, aboutissent à une situation de blocage, qui fait que le département en est où il est aujourd'hui.

Pourtant,  nos élus dont nous avons pas à douter de leur bonne intelligence, rechignent à collaborer sur des projets communs qui devraient, en l'état actuel des choses, aboutir à ce fameux consensus.

Le sujet de la radiothérapie en est l'exemple marquant. Si chacun s'accorde à dire la nécessité qu'il y a à sa ré-ouverture, nul ne s'entend sur les actions communes à mener ; certaines personnalités, flairant le coup politique, préférant faire cavalier seul...

Et que dire du député Auclair, qui à l'occasion du remaniement gouvernemental, envisageant Xavier Bertrand, ministre de la santé, affirma "avoir posé ses jalons pour récupérer la radiothérapie". Est-ce à dire que la fermeture du centre de radiothérapie de Guéret n'est en fait que politique, que les arguments déployés jusqu'alors pour justifier cette dernière ne sont pas si recevables que cela... Dès lors, l'enjeu de la radiothérapie ne serait que politique, et non sanitaire et sociale, ne s'inscrirait pas dans une logique de structuration de l'offre médicale dans le département, mais plutôt comme l'opportunité d'un coup politique. Je les entends déjà claironner et se glorifier : "j'ai sauvé la radiothérapie..."

Si tant est que mon analyse soit juste, et bien quel manque de respect à l'égard de la population et des malades, instrumentalisés au profit des intérêts partisans.

Il est des personnes qui ne comprennent pas que certains sujets, essentiels, réclament le dépassement des clivages traditionnels.
L'opposition, ici, à différents échellons de la hiérarchie politique, est stérile, force de contestation, de blocage et trop rarement de proposition.
Quant à la majorité, elle devrait peut-être, de temps en temps, se pencher sur l'opinion de l'opposition, qui n'est jamais à dédaigner.

Et que dire du million d'Euros promis par Eric Woerth à Jean Auclair dans le cadre du pôle gériatrique de Guéret ; somme à laquelle Michel Vergnier, député-maire de Guéret ne croit pas, précisant en outre, que "le maximum qu'on aurait pu obtenir c'est 7 millions d'Euros (...) si nous étions sages à l'époque de la radiothérapie. Comme on a pas été sage, on a le minimum".
Encore une fois, des aides suspendues au bon vouloir des hautes sphères pourvu que l'opposition locale lui prête allégeance. Des rivalités partisanes, des questions de personnes... Encore et toujours... Amis, cherchez l'intérêt commun...

Quant au bouclier rural des socialistes, a-t-il vocation à ne concerner que les socialistes ? La ruralité n'est elle pas une question qui concernent tout un chacun au delà même de nos accointances politiques ? Ne serait-ce pas la preuve d'un certain sectarisme que de s'approprier cette problématique lorsque l'on sait que d'autres couleurs, du rouge foncé à l'orange, s'intéressent à la question rurale depuis un certain temps.

L'opposition systématique, aveugle, primitive en sorte, sur tous les sujets n'est que l'expression de la guerre que se livrent nos élus, nos représentants de partis, au mépris de l'intérêt général trop mis de côté par ces derniers.
Et si la Creuse accuse de telles carences structurelles, de telles difficultés, et bien cette situation n'y est peut être pas totalement étrangère.

lundi 8 novembre 2010

Quand Nicolas Sarkozy se moque ouvertement des creusois !

Le sujet de la radiothérapie de Guéret aura décidément fait couler beaucoup d'encre, et vraisemblablement, ce n'est pas fini.

Le Mercredi 13 Octobre dernier, 210 élus creusois sont montés à Paris, pour apporter 58 000 cartes postales signées par la population afin de manifester pacifiquement pour la ré-ouverture du Centre de Radiothérapie de Guéret.

Jamais, auparavant, les creusois ne s'étaient montrés aussi soudés et unis pour une cause. La ré-ouverture du Centre de Radiothérapie fait l'unanimité auprès de la population et des élus, qui font corps face à l'adversité étatique et aux critères bureaucratiques qui animent cette dernière dans la décision ô combien arbitraire de fermer l'établissement creusois. La démonstration de l'utilité publique de ce service a été faite depuis bien longtemps.

Nos élus qui se déplaçaient afin de faire entendre aux autorités, la voix de leurs administrés, à l'instar des femmes de la Révolution qui allèrent chercher le roi à Versailles, furent reçus par les forces de l'ordre. Des méthodes que l'absolutisme d'antan n'aurait pas renié.
Quelle preuve de despostisme que d'envoyer des militaires à la rencontre des représentants du peuple ! Quelle dérive dans l'exercice et l'expression du pouvoir !

Nos élus, réunis au sein de l'Association des Maires et Adjoints de la Creuse, ont décidé après leur Assemblée Générale, de transmettre un courrier au Président de la République afin de leur faire part de leur indignation et de leur motivation à continuer le combat.

Et que dire de la réponse de ce dernier, impersonnelle, vulgaire, indigne de la stature que suggère une fonction aussi prestigieuse, que d'autres, avant lui, ont tenu avec beaucoup plus de classe et de panache !

Face à ce combat où il est véritablement et raisonnablement question d'humanitaire, que les creusois mènent comme un seul homme, le Président de la République, Nicolas Sarkozy, n'a pas daigné répondre en son nom, laissant cette tâche à un obscur chef de cabinet, dont le texte, empreint de conformisme et de dédain sonne comme une insulte à la face de la population creusoise.
Cynique, notre président n'a fait que prendre acte de la missive de nos élus, sans plus de commentaire, ni intérêt. Quelle mépris au regard d'une mobilisation sans précédent de notre population. Car, pour qui vit en Creuse, il n'est pas difficile de constater les carences structurelles de notre département, et la faiblesse de l'offre qui est la notre en matière médicale. C'est dire l'âpreté qui prévaut à la vie des creusois, et dire le destin que l'Etat nous prépare.
la réponse de Nicolas Sarkozy.

Un sentiment d'abandon et d'irrespect transpire de cette lettre qui ressemble à s'y méprendre à une fin de non recevoir de la part de Nicolas Sarkozy, qui compte surement sur un essouflement de la mobilisation.

Et pourtant, le combat n'est pas terminé. Nous, creusois, n'avons pas le droit de lâcher prise dans ce bras de fer. Car perdre ce combat, c'est perdre d'avance ceux que nous aurons à mener prochainement pour la sauvegarde de l'équilibre de nos territoires, pour la sauvegarde de nos services publics, pour la défense de notre ruralité, et de notre population.

Parce que le sujet de la Radiothérapie est une question de nécessité publique qui doit rassembler par delà les clivages et les différences, moi, en tant que démocrate, j'affirme au Président de la République et à qui veut l'entendre, que je n'abandonnerai pas cette cause, noble, parce que je respecte et que j'aime mon pays, mes concitoyens, et que je désire ce qu'il y a de mieux et de plus juste pour eux.

2012 approche, la fin de notre calvaire aussi...

vendredi 5 novembre 2010

Indépendance et singularité : Pourquoi j'ai manifesté contre la réforme des retraites.

Il y a bien longtemps qu'une réforme aussi essentielle que celle des retraites n'avait pas soulevé de telles passions, et autant fait l'unanimité populaire contre elle. Le peuple français a massivement répondu contre le projet de Nicolas Sarkozy et de son Gouvernement, se mobilisant par millions à travers le pays.

Face à ces manifestations géantes, le Gouvernement, la Droite dans son entier, sont restés inflexibles, comme sourds à ce que le peuple répondait.
Les français n'ont eu que la rue comme moyen d'exprimer leur désapprobation devant la réforme, dans un véritable concert d'informations, de désinformations, de malinformations, de vérités, de contre-vérités et de mensonges.

La question des retraites ne suggère pas de réponses simplistes, telles qu'apportées quotidiennement, car elle est complexe et technique. Si les réponses a apporter étaient aussi simples à trouver que celles imposées par nos Gouvernants, jamais, la mobilisation n'aurait été aussi importante. C'est dire l'épinosité du sujet.


Les atermoiements de la Gauche sur le sujet ne font que renforcer la complexité du dossier, tant elle verse entre pragmatisme et démagogie ; "En 2012, lorsque nous reviendrons au pouvoir, nous reviendrons aux 60 ans !"
Pourtant, Martine Aubry, elle-même, première secrétaire du PS, expliquait que pour elle, pour avoir une retraite à taux plein, il fallait admettre que 41 annuités et demi, étaient nécessaires.
Quel décalage avec la mobilisation sociale et le discours des 60 ans !

Comment revenir aux 60 ans, en acceptant 41 annuités ? La Gauche qui ne montre pas son unité là dessus, ne prouve pas ainsi sa crédibilité, en servant un discours purement électoraliste :
Après tout, moi aussi j'aimerai bien revenir aux 60 ans...

Voici donc le type de discours que l'on entend dans le cortège des manifestants, opposés à une réforme imposée au mépris de toute consultation populaire, et de tout consensus social.
Car la question est là : quel est l'enjeu de cette réforme des retraites ? Pourquoi est-elle si essentielle ?
A-t-on pris le temps d'expliquer les choses avant d'imposer, et non de proposer un projet de réforme. Nos con-citoyens ont-ils tous les tenants et aboutissants du sujet ? 

Les enjeux sont en effet multiples. Mais il est peut-être bon de rappeller certaines vérités :

-notre système de retraites est basé sur le principe noble de la solidarité inter-générationelle, reposant sur le financement de répartition : ce sont les personnes en activité (actifs) qui, au moyen de leurs cotisations, financent les pensions versées aux retraités.
-l'équilibre financier de notre régime est menacé à cause d'une raison essentielle : le nombre de retraités augmente plus vite que le nombre d'actifs. En 50 ans, nous sommes passés d'un ratio de 4 actifs pour un retraité, à un ratio de 1,8 actif par retraité. A terme, il y aura autant d'actifs que de retraités.
-les conséquences pour la viabilité de notre système de retraites sont terribles, puisque pour l'année 2010, le déficit s'élève à 32 milliards d'euros, ce qui signifie qu'une retraite sur 10 n'est plus financée.
-concrètement, ces retraites sont financées par la Dette, une dette que François Bayrou n'a eu de cesse de dénoncer depuis la campagne présidentielle de 2007, et qui continue de s'accroître, qui pèsera sur les générations futures.


Nous sommes donc confrontés à un défi à la fois social, économique, et démographique, qui aurait pu être anticipé, et qui aurait dû être pris à bras le corps il y a des années de cela.
Les français attendent donc de cette réforme qu'elle maintienne le niveau actuel des pensions, mais surtout qu'elle pérénise le système par répartition, si cher à leurs yeux.
Et ce n'est pas la réformette (qui avait la prétention d'être une des mesures phares du quinquennat de Nicolas Sarkozy) qui répondra au problème de façon efficace.

Plusieurs raisons à cela : d'une part, elle n'est que temporaire, puisqu'il faudra redébattre la question à l'horizon 2020 ; c'est donc que dans sa configuration, elle ne répond pas à la problématique.
Par ailleurs, pour qu'une réforme des retraites soit durablement efficace, il faut nécessairement lui adjoindre une politique de plein emploi afin d'équilibrer le ratio actifs / retraités.
De plus, la réforme telle que proposée s'avère particulièrement injuste, notamment sur le domaine de la pénibilité, qui n 'est pas prise en compte. Celle-ci doit l'être par une caisse autonome alimentée par les entreprises au prorata des risques qu'elles font encourir à leurs salariés. Cette mesure entraînant une évolution vers des carrières professionnelles plus diversifiées.
Et que dire du déplacement de l'âge légal du départ à la retraite sans pénalisation à 67 ans ! C'est là une mesure absolument inacceptable, car pénalisant les salariés les plus fragiles et les femmes qui ont débuté ou stoppé leur carrière après avoir élevé des enfants.
Cette décision, particulièrement injuste repose sur un artifice comptable puisque lorsque ces personnes font valoir leurs droits à la retraite, un grand nombre d'entre eux ne travaillent plus, étant soit au chômage, soit en fins de droits, soit aux minima sociaux, ou sans ressources. Ces ressources doivent donc être assurées par les caisses chômages ou les budgets sociaux.
Quant au problème de la dette, qui va grandissante, on ne peut pas dire que le problème soit en instance d'être réglé, et ce ne sont pas les milliards d'euros de perte dues au bouclier fiscal, qui ne protègent que les très hauts revenus, qui vont me faire penser autrement.

Alors oui, j'ai manifesté contre la réforme des retraites, parce qu'elle ne me paraît ni juste, ni adaptée aux problématiques qu'elle soulève. Mais j'ai manifesté en toute indépendance, avec singularité, car il est nécessaire de comprendre qu'une réforme pragmatique est inéluctable pour sauver notre système, généreux.
J'ai enfin manifesté par opposition et parce qu'il n'est pas obligatoire d'être de gauche pour penser un monde meilleur, plus juste, parce qu'il n'est pas obligatoire d'être de gauche pour défendre les droits de tout un chacun et ceux des plus démunis d'entre nous, parce qu'il n'est pas obligatoire d'être de gauche pour penser le progès social.