L'hypermédiatisation, et la surabondance d'informations liée à l'explosion des outils de communication et des réseaux sociaux font qu'il est très difficile à notre époque de dissimuler, à tout le moins passer sous silence une déclaration malheureuse, ou des faits gênants.
Ces phénomènes ont contribué à l'hyper-exposition des hommes publics aux yeux de l'opinion.
Nul n'y échappe et doit se prêter, bon gré mal gré à ce jeu médiatique particulièrement exigeant pour celui qui le subit.
Car en politique, pour qui est soit dans la majorité, soit dans l'opposition, le jeu est différent, tantôt subit, tantôt instruit. Clairement, en période de crise, comme celle que nous subissons, les regards sont plus souvent braqués sur la majorité que sur l'opposition, focalisant toutes les attentions, ne laissant rien passer.
Dans cette configuration, l'opposition, appuyée par les médias, dispose d'une arme redoutable et redouté qui met à l'épreuve les Gouvernements : le couacomètre.
Pendant dix ans d'opposition, le Parti Socialiste en a usé... Et abusé. Le but du couacomètre : éprouver la cohésion d'une équipe gouvernementale en la plaçant face à des incohérences, en la confondant, souvent de façon ironique, cela pour la discréditer.
De la capacité d'un Gouvernement à relever la difficile épreuve du couacomètre dépend sa faculté à endurer et durer. Au fond, cela revient à engager sa crédibilité sur la cohérence et la cohésion.
Endurer, c'est avoir la tête dans le guidon sans jamais ni se relever ni se plaindre, c'est assumer la responsabilité et les exigences de fonctions politiques qui exposent et engagent publiquement. Et si la politique est originellement vertueuse, nul raison de craindre le couacomètre pour celui qui la respecte, nul raison de s'y soustraire.
Mais le PS aurait peut-être dû savoir que celui qui use et abuse du couacomètre nourrit davantage les polémiques qu'il ne se prépare à gouverner ; voici une leçon à méditer.
Depuis plusieurs semaines, les membres de notre gouvernement, sans conteste, tous des enfants de choeur, des hommes et des femmes qui jouent les vierges effarouchés, montent régulièrement au créneau pour dénoncer une utilisation excessive du mot couac à leur encontre. Bien sûr que des gens de bonne vertu qui ne comprennent pas pourquoi on leur tape sur les doigts, eux qui ont tant tapé il y a encore quelques mois...
Nos ministres, passés au crible du couacomètre auraient bien tord de vouloir jouer sur les mots pour tenter d'échapper à la sanction du couac, tant sa définition, tout en étant précise, correspond parfaitement aux faits qu'il sanctionne.
Le couac désigne un acte ou des propos qui révèlent un manquement à la cohésion générale ou à l'unité d'un groupe. Saurait-on pouvoir être plus précis ?
Saurait-on désigner par un autre qualificatif l'ensemble des bévues, déclarations contradictoires, recadrages intempestifs qui jalonnent le pouvoir socialiste ?
Car la liste est longue de ces couacs qui empoisonnent l'existence de nos gouvernants, et qui trahissent de façon flagrante l'absence d'unité autour d'un projet politique fondé sur le changement, qui était censé rassembler les Français dans une optique de redressement de notre pays.
Entre les désaccords idéologiques et politiquement incorrects sur la question du cannabis qui ont valu à Cécile Duflot une volée de bois vert, à Vincent Peillon une belle remontée de bretelles, les chamailleries entre Jérôme Cahuzac et Aurélie Filipetti sur le retour de la pub sur les chaînes publiques, ou concernant une éventuelle taxe sur les écrans d'ordinateur, la "provocation" d'Arnaud Montebourg qui voit en le nucléaire "une filière d'avenir" dans un contexte dans lequel François Hollande s'était engagé à réduire cette énergie en France, les exemples sont légions.
Même le chouchou Manuel Valls y est allé de sa déclaration concernant le droit de vote des étrangers qu'il ne voit pas comme une revendication forte de la société alors même que c'était une promesse phare de la campagne du candidat Hollande.
Et que dire du premier ministre lui-même, Jean Marc Ayrault qui a réussi le tour de force d'annoncer l'annulation de la loi sur le logement social par le Conseil Constitutionnel avant même que celui-ci ne se réunisse et ne tranche ! Un JM Ayrault qui récidive peu de temps après sur la question emblématique des 35 Heures qu'il paraît remettre en cause, qualifiant le sujet de "non tabou".
Cela fait beaucoup en six mois de pouvoir, et traduit soit une réelle inexpérience de la Gouvernance, soit une fébrilité de tous les instants qui laisse à craindre pour la suite. D'autant que même la presse traditionnellement dite de Gauche y va de ses acerbes commentaires.
Oui, l'épreuve du couacomètre est terrible, révèle un certain nombres de vérités, et nul ne saurait pouvoir s'y soustraire. Quand soi-même on en a fait un instrument privilégié au service de la conquête du pouvoir, en se targuant d'unité et d'exemplarité, il n'est pas d'indulgence à attendre dans la dénonciation du couac...
Je pense que chacun en démocratie a le droit de s'exprimer, même les ministres, à condition en fin de compte de rsspecter la solidarité gouvernementale ce qui est pour l'intant le cas.Partisan d'un régime parlemntaire et opposé à celui actuellement en vigueur qui n'est ni présidentiel ni parlementaire je ne vois pas en vertu de quoi on instaurerait la pensée unique.
RépondreSupprimerRobert,
RépondreSupprimerTout à fait d'accord dur le droit de s'exprimer. Mais comme vous le dîtes, dans le cadre d'une cohésion, d'une solidarité gouvernementale. Cela induit un consensus sur les grands sujets.
Il ne s'agit là pas de petites frictions anodines, mais plutôt de profonds désaccords de fond. Comme sur la question du canabis par exemple.
De telles dissensions témoignent d'une cohésion fébrile. Et quand il y a d'aussi profonds désaccords, cela met en jeu la crédibilité de ceux qui ont adhéré à un projet de fond, qui vraisemblablement ne rassemble pas autant que souhaité, et qui divise la majorité.
Je pense qu'un projet est fait pour évoluer et qu'il évoluera
SupprimerMais saura-t-il rassembler ?
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