jeudi 27 décembre 2012
De l'idée d'un grand sud.
Depuis un certain nombre d'années, je martèle avec inquiétude l'idée d'un développement à deux vitesses concernant notre département. Un développement clivant et marqué et "dysharmonique".
Nous constatons une rupture consommée entre un nord du département plus urbain, mieux desservi, irrigué par l'axe majeur du département la N145 dont découle une activité économique certaine, qui permet une meilleure structuration du territoire, une meilleure ouverture vers les départements limitrophes. On y observe ainsi, outre la concentration de l'essentiel de l'appareil administratif départemental, un essor économique certain, un dynamisme facilité, un niveau de vie supérieur, autorisant des recettes fiscales en conséquence.
A ce "Nord", nous pouvons classiquement opposé un "Sud" plus paupérisé, moins riche en infra-structures, économiquement moins développé, avec de profondes disparités.
Il saute aux yeux du profane qui pourrait s'aventurer chez nous, qu'il existe deux Creuses, bien distinctes. Le nier serait un déni à l'égard de la réalité. Une réalité que nous ne saurions appréhender comme une inexorabilité figée et immuable.
Il ne servirait à rien de remuer les travers de l'Histoire si ce n'est à constater que des erreurs ont probablement été commises qui expliquent le pourquoi de cette indiscutable fracture territoriale qui frappe notre Département, qui renvoie à autant de handicaps côté sud.
Et pourtant l'Histoire nous apprend qu'Aubusson, au delà d'être la capitale culturelle de la Creuse, en a été dans le passé, le poumon économique. Un déclin s'est amorcé à travers les années, un déclin assurément non enrayé qui rejaillit indéniablement sur l'arrondissement, et qui traduit le rôle moteur que doit tenir Aubusson dans le développement du Sud Creusois, pourvu que celui-ci s'accompagne d'un désenclavement routier pertinent, celui dont l'Etat a privé notre département, du temps où l'actuelle D941 était N141.
Mais cela est un élément parmi bien d'autres, même s'il est non négligeable, et il convient à ce titre de saluer les efforts entrepris par le CG 23 sur l'axe routier Aubusson-Clermont Ferrand...
Le développement d'un territoire se prépare avant de s'engager : mise en avant des problématiques structurelles et infra-structurelles, quantification et qualification des besoins, des attentes, projets à long terme, définition du potentiel... Cela demande une vraie réflexion d'ensemble dans une démarche stratégique collective, qui engage l'ensemble du territoire.
Préparer l'avenir, c'est saisir les enjeux relatifs aux évolutions administratives qui nous attendent, tant dans un contexte de réduction des dotations de l'Etat, que dans une logique de modernisation de nos strates, qui passe par le renforcement des EPCI, au travers de regroupement plus amples.
Car, ne nous y trompons pas, l'avenir n'appartient plus aux communes dans ce que nous en connaissons classiquement, mais aux Communautés. Un mouvement s'est amorcé dans ce sens avec de nombreux transferts de compétences, une fiscalité propre, et un signe fort envoyé par le Législateur avec l'élection des élus communautaires au suffrage universel direct.
Le Nord du département l'a parfaitement intégré avec la montée en puissance de la Communauté d'Agglomération de Guéret. Communauté que Michel Moine, Maire d'Aubusson avait un temps songé à rejoindre, après moult tergiversations sur le sujet, avant de se raviser : "Je ne vois pas de meilleure façon de contrebattre la crainte d'un développement économique différencié à plusieurs vitesses entre le Nord et le Sud du Département". cf. art 29/04/2011.
Le Sud du Département doit être l'objet d'attentions particulières pour ré-équilibrer son développement, lui qui dispose d'indéniables atouts devant être mis en avant. Cela passe par l'émergence d'un Grand Sud, uni, solidaire, cohérent pour jouir des moyens nécessaires et suffisants à sa mise en action dans un contexte de dotations améliorées en fonction du périmètre de la communauté. C'est une question immédiate pour les enjeux de demain.
Mais ce sujet doit être abordé de façon méticuleuse, comme une dentelle que l'on tresse, tant les questions soulevées par une telle entité, particulièrement relatives aux projets, aux coûts et à la fiscalité, mais également aux transferts de compétences, de leurs charges et de leurs recettes sont nombreuses. Il ne s'agit dès lors pas d'avoir une attitude de coercition dans ce débat, mais de faire preuve d'ouverture, de transparence et de pédagogie, comprendre les inquiétudes et autres angoisses.
Aubusson-Felletin doit être le poumon et le pivot de ce développement qui se doit d'être raisonné et raisonnable, nécessaire à entraîner la machine dans une dynamique équilibrée qui doit tenir compte des attentes de l'ensemble des partenaires.
Il ne s'agit pas d'imposer une ligne de conduite ou une ligne directrice. Les partenaires ne doivent pas se sentir ni prisonniers d'orientations auxquelles ils n'ont pas participé, ni se sentir comme les vaches à lait de ces orientations.
La question fiscale, sensible, est sur toutes les lèvres. Car dans un ensemble plus vaste, une hausse du nombre de contribuables est tout aussi mécanique qu'artificielle ; la proportion dans l'ensemble sera sensiblement équivalente sur un secteur où le potentiel fiscal n'est pour l'heure, pas important.
Or la pertinence et l'efficacité d'un impôt se mesure en fonction de la répartition liée à la largesse de l'assiette fiscale, c'est à dire répartir l'effort sur un plus grand volume pour que ce dernier soit moindre.
Dès lors, l'idée d'un Grand Sud ne doit pas consister à vivre de l'argent des autres pour financer des projets que d'autres élus, tout aussi légitimes et souverains sur leur territoire n'ont pas forcément choisi. Car un élu en vaut bien un autre.
Tout tient à la conception que l'on a de l'avenir tout en ayant conscience de la réalité. Que veut-on pour notre développement ?
Pouvons nous investir et créer de la Dette si en parallèle, nous ne pouvons générer de la richesse au travers de la création et de la production que nous n'aurions pas su soutenir ?
Préparer l'avenir c'est appréhender les conditions nécessaires à la dynamisation et à l'attractivité de notre territoire afin de l'en enrichir, car c'est à cela que tient le développement.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Ce constat chacun l'a déjà fait mais il est temps de réagir, ce Grand Sud ne se veut en fait qu'une pâle copie de cette communauté d’agglomération du Grand Guéret
RépondreSupprimerArrêtons de copier ou de suivre les actions des autres. Innovons, Créons, Imaginons. Les idées réalistes, empreintes de bon sens existent!
Qu'attendons nous pour rencontrer ceux et celles qui ne demandent qu'à s'exprimer, donnons leur les moyens de le faire MAINTENANT!