Voici une question, qui comme de nombreuses autres, est source de polémiques, sur un sujet qui pourtant fait consensus au sein et de la classe politique locale, et au sein de la population. Etrange coutume locale... Toutefois, le débat, qui perdure et enflamme la sphère aubussonnaise a dépassé de loin le seul stade des compétences qui y sont rattachées. Tout le monde s'accorde en effet sur le fait que la bonne vieille piscine municipale Beau Soleil a bien vécu au bout de 35 années de bon et loyaux services. Sa façade extérieure témoigne bien des ravages du temps, et qu'il est temps d'y trouver une alternative. Oui mais...
... C'est justement là que le désaccord pointe le bout de son nez. Car si le choix du site, judicieux de l'avis quasi-général, qui consiste à opérer une destruction - reconstruction au même endroit, agrandi par quelques acquisitions foncières, permettant une bonne accessibilité tant pour le public que pour les scolaires, il n'en va pas de même sur la nature du projet, ambitieux, tant sur le plan architectural que financier.
Placée sous l'égide de la Communauté de Communes Aubusson-Felletin, ce projet de Centre Aquarécréatif (c'est le mot à la mode) suscite essentiellement des interrogations, notamment sur la hauteur de son coût et les répercussions de ce dernier à l'échelle intercommunale.
En effet, vue comme une équipement structurant, "un outil de développement territorial indispensable", l'addition s'annonce toutefois salée avec un montant avoisinant les 7, 725 M € que l'ensemble des subventions annoncées ne suffiront pas (de loin) à englober. On parle de près de 3 M € manquant au schéma de financement.
Bien sûr, le projet est superbe et vaut les sommes annoncées, mais quelques voix s'élèvent pour dénoncer ce que certains qualifient comme de la démesure pour ce projet. Les dernières élections cantonales ont vu ce sujet, qui ne relève pas de la compétence du Conseil Général, (quand bien même ce dernier participe au financement) être la source d'affrontements tendus entre les candidats ; un sujet que les médias eux-mêmes (au travers du débat radiophonique de premier tour) ont curieusement placé au cœur des débats du scrutin.
Le qualificatif démesure s'inscrit dans le rapport entre les moyens exigés, et pour son financement initial, et pour le fonctionnement inhérent, et les ressources à disposition. Pour certains, il apparaît en effet que les moyens exigés sont beaucoup trop importants.
La nouvelle piscine, intercommunale, n'a rien a voir avec sa devancière, il s'agit d'un projet moderne, résolument écologique, qui s'inscrit parfaitement dans le cadre semi-urbain d'Aubusson. Vraiment il n'y a rien à dire sur la qualité intrinsèque de l'ouvrage présenté. Ce serait comme comparer une Porshe et une Trabant. Un non sens.
Seulement voilà, l'habit ne fait pas le Moine, et il demeure cette interrogation légitime pour les contribuables de savoir si la Communauté de Communes Aubusson-Felletin est en mesure d'assumer une si belle entreprise.
En 2006, la Chambre Régionale des Comptes du Limousin a émis une opinion intéressante sur la question.
La Chambre Régionale des Comptes, fait valoir que le risque financier pour la Communauté de Communes n'est pas négligeable, et qu'à ce titre, afin de minorer le risque, il convenait de s'orienter vers un projet contenant et le bassin sportif, et le bassin d'initiation.
La raison de cette prudence provient d'un rapport de la MEEF du Limousin (Mission d'Expertise Economique et Financière) qui explique que le déficit prévisionnel de fonctionnement serait de l'ordre de 310 000 € par an, soit 140 000 € de plus qu'à l'heure actuelle. Toutefois, toutes les piscines sont déficitaires.
Par ailleurs, il convient de préciser le caractère aléatoire, car soumis à des données non maîtrisables, et la difficulté de prévoir la fréquentation de l'établissement, et les coûts exacts de fonctionnement. L'usage veut que le déficit de fonctionnement d'une piscine soit de l'ordre de 10 % de son investissement, soit en l'espèce plus de 700.000 €, mais il convient de trouver un équilibre entre les deux aux alentours des 400.000 €. L'enjeu financier est donc bien de taille.
A l 'heure actuelle, la fréquentation annuelle est de l'ordre de 24 000 entrées. 74 000 entrées sont espérées avec la nouvelle piscine.
A titre de comparaison, la ville d'Angers espère pour son centre Aqualudique une fréquentation de 390 000 entrées par an, pour une aire urbaine comptant 345 000 habitants, soit un rapport de 1,15 entrées par habitant.
Chez nous, sur l'ensemble de la circonscription, pour 40.000 habitants, le rapport est de 1,85 entrées par habitant. Sachant qu'il s'agit là d'une moyenne haute ne tenant pas compte de la proximité géographique des villes de Gouzon, Boussac, Evaux les Bains, Chambon sur Voueize, avec Montluçon qui dispose de son Centre Aqualudique.
Ramené à la population de la com-com, le rapport est éloquent : 5,92 ! Bien entendu, ce ne sont que des chiffres, et il est facile de leur faire dire ce que l'on veut. D'autant que la novation et la qualité envisagée de l'établissement peut avoir un effet d'entraînement qui augmente mécaniquement la fréquentation annuelle. Mais tabler sur 74 000 entrées payante dans notre contexte local, me paraît fort ambitieux, à moins que cela ne soit déraisonnable.
Sur le financement en lui-même, il est basé sur une participation généreuse de la Région à hauteur de 2 M €. Ce sera certainement moins, même si personne ne le dit... Le maire d'Aubusson espère, comme il l'a précisé dans les médias locaux, une aide de l'Etat, qu'il a sollicité lors de la venue de Nicolas Sarkozy à Aubusson.
Quoi qu'il en soit, il reste 3 M € à charge de l'Intercommunalité qui devra certainement recourir à l'emprunt dans un contexte financier où les équilibres sont fragiles, et dans lequel la Commune d'Aubusson est engagée dans un emprunt dit "toxique".
Recourir à l'emprunt réclamera à terme une augmentation des recettes fiscales pour ne pas gêner la capacité à investir, et maintenir l'harmonie d'une trésorerie, face à des dépenses de fonctionnement qui vont grandissantes. Il me paraît modestement difficile d'y échapper. D'autant qu'à cela, il conviendra de répondre au déficit structurel qui s'annonce. Tout cela sur un périmètre où le potentiel fiscal n'est pas des plus forts... Et dans un contexte prévisible et attendu de réduction des dotations de l'Etat auprès des collectivités... L'avenir peut s'y jouer...
La piscine, outil structurant ? Ou plutôt outil de complément sur un secteur pourvu économiquement, en plein développement, locomotive ? La question est posée.
Pour autant, il y a une vraie nécessité à disposer d'une piscine sur notre territoire. Mais peut-être pas à n'importe quel prix. Les discussions s'annoncent chaudes sur le sujet dans les semaines à venir...
"Un outil de développement territorial indispensable, toujours le sens de la mesure même dans le choix des mots, Michel Moine ! Le développement d'un territoire passe d'abord par des infrastructures routières, en nouvelles technologies, de santé, de services au public et l'implantation d'acteurs économiques...Pas sûr que dans les critères premiers de choix des nouvelles populations, le centre aquarécréatif figure en bonne place...
RépondreSupprimerCette piscine doit aussi être vue comme un équipement structurant. On ne peux sur Aubusson raisonner que sur la population locale. En effet le tourisme est très présent sur le secteur ,et il représente un public friant de Centre Aqua.. . Je pense que le contenu du projet est bon , après il existai certainement des solutions moins couteuses mais difficile de juger sans avoir tout les éléments en main.
RépondreSupprimerUne chose est sure , vivement que le projet sorte de terre Aubusson en a besoin
Oui Coach,
RépondreSupprimerIl est vrai que l'on ne peut raisonner sur le seul plan de la population locale. Sachant par ailleurs qu'il existe une piscine également à Evaux, Guéret, Montluçon, que nous avons des points d'eau naturels comme Vassivière...
L'afflux des touristes doit être mesuré au plus juste, et on touche là à des thèmes concommittents : structures d'acceuil ; quelle densité de touristes ? Combien de temps passent-ils en villégiature chez nous ? De nombreux paramètres dont il convient de tenir compte.
Le contenu du projet ne se discute pas : ce centre est magnifique, nul ne saurait pouvoir le contester. Le besoin en la matière est réel, parce qu'en comparaison avec l'actuelle piscine.
Mais ce projet pourrait bien nous coûter plus cher qu'il ne nous rapporte en tant qu'équipement structurant. L'histoire en sera juge.
Ce projet a fait l'objet de beaucoup de polémiques mais je me pose deux questions:
RépondreSupprimerQuel aurait été le coût pour la Communauté de Commmunes d'un projet moins important mais moins subventionné. On m'affirme qu'il serait identique et que le coût de fonctionnement,compte tenu du plus faible nombre d'entrées serait presque équivalent ?
A l'étonnement de beaucoup le projet a été adopté à l'unanimité alors qu'au moins une personne membre de la Com Com avait proclamé avant son hostilité.
Ce qui est très inquiétant c'est que jamais il ne pourra être obtenu le nombre d'entrées (payantes) indiqué, ceq ui va faire un déficit de fonctionnement d'environ 300.000 € par an, quand il faut ajouter à cela le remboursement de l'emprunt pour l'investissement qui sera elcore plus élevé qu'on nous l'annonce car jamais la région Limousin ne donnera le budget annoncé,
RépondreSupprimerOui, ce projet est totalement hors de la réalité locale, comme j'ai souvent comparé à celui de Béziers, dont le montant est le même pour un bassin de population de plus de 135.000 habitants et 10 M€, et cela avec des équipements beaucoup plus performants que ceux prévus à Aubusson,
étonnant dossier que cette piscine Aubussonnaise !!
A défaut de faire coluer de l'eau, elel va faire couler encore beaucoup d'encre !!
Claude TEYTON
Merci Robert de votre avis.
RépondreSupprimerLe nombre d'entrées reste aléatoire quelque soit le projet retenu. C'est l'argument retenu par la Chambre Régionale des Comptes, qui dans son rapport à cherché à minorer le risuqe financier.
La poursuite des recherches de financement a été adoptée à l'unanimité. La nuance est d'importance ; il convient que l'emprunt auquel va devoir recourir la com-com soit le plus faible possible, compte tenu du risque évoqué par la MEEF.
Ce projet demeure nécessaire, mais dans des conditions raisonnables et responsables.
Chacun peut spéculer sur le devenir de ce dossier, c'est la liberté qui nous est offerte. Le temps rendra son verdict, qui nous donnera à chacun, tord ou raison...