jeudi 9 août 2012

L'exemple Finlandais.

La Crise que traverse l'Europe en général, et la France en particulier nécessite un plan d'action pour résorber ses effets en matière économique et social.
D'un pays à l'autre, les solutions élaborées par les différents gouvernements sont souvent divergentes, dans une zone Euro où le consensus est difficile à trouver, qui repose sur un équilibre instable, du fait d'une hétérogénéité culturelle qui ne génère pas d'union politique. C'est là une vraie faiblesse de l'Europe.
La campagne des présidentielles en France a livré différentes options dans la gestion de la crise, plus ou moins viables en raison de notre endettement public qui limite nos marges de manoeuvre et de problématiques de fond, structurelles qui ne semblent pas prêtes à être prises à bras le corps. Notre pays a fait un choix qu'il devra assumer.
La crise, coupable idéale aux yeux de certains fuyards, ne saurait à la fois être tenue pour responsable de tous nos problèmes, ni cacher les profondes faiblesses de notre pays, faiblesses qui creusent son déclin depuis une trentaine d'années. La crise fut davantage un facteur aggravant, que l'élément déclencheur auquel certains voudraient nous faire croire.
Comprendre cela, c'est aller au delà de la simple déclaration d'intention, c'est déjà faire un pas en avant pour aller vers de solutions crédibles et durables, qui sauront permettre les mutations dont nous avons besoin pour faire face aux défis immédiats et à ceux de demain.

Pour cela, la première des choses est de faire preuve d'humilité. Car que voilà un mal profondément français que de penser avoir la science infuse, et prendre le monde de haut avec nos idées et solutions dont nous persistons à croire qu'elles sont des vérités universelles et incontestables. Que la France cesse de se dresser en perpétuelle donneuse de leçons. Nous n'en avons ni le droit, ni surtout les moyens. Cessons de croire naïvement et pompeusement que les mêmes causes produiront les mêmes effets qui attendent les mêmes réponses... L'éternel recommencement à la Française...

La crise que traverse la France est tout à la fois économique, sociale, éducative, qu'institutionnelle ; ses causes, pas tant conjoncturelles que structurelles. Des causes qui auraient nécessité, et qui nécessitent toujours de profondes réformes de fond, de celles qui remettent en question de mauvaises habitudes ou des usages ancestraux dont on dit qu'ils sont à la base du modèle social français. Ce que l'on appellerait volontiers l'immobilisme. 

Comme en football, nous manquons cruellement de solidarité, d'esprit d'initiative, de sens de l'anticipation, de créativité, de réactivité, de rigueur. Nous péchons par orgueil, nous faisant damer le pion par des nations que nous toisons, les considérant comme mineures.
La Finlande est de ces pays que nous aurions tord de regarder de haut, sans considération. Parce que contrairement à la rumeur, il n'y a pas que l'Allemagne comme exemple.

La patrie de Mika Hakkinen n'est pas qu'un pays aux paysages superbes, ce n'est pas que le pays du Père Noël ; c'est aussi est surtout un des pays dont la réussite économique est érigée en exemple, où le niveau de vie est parmi les plus élevés au monde, où la qualité de vie est certaine, où le régime de protection sociale est très efficace, où l'instruction est considérée comme étant la meilleure du monde.
Pourtant qu'est-ce qui prédestinait cette nation, marquée jadis par le sous-développement et la misère, devenue indépendante en 1917, ultra-dépendante du marché soviétique sur le plan économique durant des décennies (20 % de son commerce extérieur) à devenir un des pays les plus riches et les plus développés de la planète.

La chute de l'URSS eut ainsi des conséquences épouvantables pour ce pays, qui n'avait pas intégré les principes de l'économie de marché, entre chute de la production, dépôts de bilan pour nombre d'entreprises, un taux de chômage émergeant à 20 %, et un endettement de l'Etat qui explose.
Après s'être redressée, la Finlande a été durement touchée par la crise financière de 2008, avec un PIB en recul de plus de 8%, (pour atteindre son plus bas niveau depuis 1918) mais compte aujourd'hui sur une croissance proche des 3 %. De quoi faire rêver les français dont le pays entre en récession après avoir ignoré nombre de problèmes.
Un pays qui affiche donc une croissance positive, un modèle social avancé, un taux de chômage à 6 %, et qui a conservé son triple A. D'aucun d'entre nous parleront volontiers d'un miracle. Mais de hasard ou de miracle, il n'y a pas... La réussite finlandaise est le fruit d'une réflexion de fond, de réformes, de travail.

"Une mutation économique".

Bien que très industrialisée, mais relativement dépendante de son commerce avec l'URSS, l'économie finlandaise était essentiellement caractérisée par ses activités traditionnelles, liées à la sylviculture. La chute de l'Union Soviétique a contraint nos amis scandinaves à revoir leur copie en la matière en s'orientant vers l'industrie des TIC, qui va devenir un levier essentiel de la croissance économique du pays.
Au coeur de cette mutation, deux phénomènes indissociables : une formidable capacité à innover pour ne jamais prendre le train en retard, et être au premier rang des évolutions technologiques.
La Finlande a su, très tôt, mettre en place les conditions favorables à la recherche et à l'innovation, grâce à des investissements massifs dans ce secteur et à l'amélioration des infrastructures disponibles en une stratégie d'aménagement du territoire.
Ainsi, les Centres de Recherches sont ils concentrés en des lieux stratégiques et limités afin de concentrer les connaissances d'un secteur particulier sur un territoire privilégié, et d'en faciliter la circulation vers les entreprises locales qui y jouent un rôle déterminant, travaillant en réseaux au profit d'entreprises locales plus importantes.
Un exemple : Nokia, déjà au coeur d'autres innovations technologiques il y a près d'un siècle. Car avant de devenir le leader mondial des télécommunications et autres GSM, Nokia fabriqua du papier, des câbles, du caoutchouc, puis des ordinateurs et des télévisions. Evolution et mouvement sont les maîtres mots d'une démarche qui consiste à toujours être en première ligne en matière d'évolution, car permettant d'être à la pointe d'un marché.
Pour la Finlande, la Recherche et Développement (R&D) est un élément majeur de la croissance, du développement et de la compétitivité économique du pays. Le niveau de dépense dans ce domaine est parmi les plus élevés au monde : 3,4 % du PIB, contre 1,9 % en moyenne pour l'Union Européenne et 2,8 % pour les Etats Unis.
Leader en matière d'innovation, la Finlande a ainsi pu s'affirmer sur le marché mondial, redynamiser son économie et accentuer son profil de pays producteur-exportateur. Sur le plan sociétal et organisationnel, la pratique des TIC améliore l'accès aux services de base et permet l'apparition de nouveaux modèles d'organisation et de production, pour plus d'équilibre et d'efficacité.

"La meilleure éducation du monde"*.

Cette réussite économique et sociétale est indissociable d'un autre aspect à ne pas négliger : la qualité du système éducatif finlandais. *Un sujet qui méritera prochainement un article dense, détaillé et complet.
Un système moins dispendieux qu'en France, dans lequel les finlandais font mieux en dépensant moins... Cela s'appelle l'optimisation.
En Finlande il y a ainsi une véritable corrélation entre les notions de Produire et d'Instruire. L'orientation du système éducatif se fait en fonction des besoins du pays. L'accent est particulièrement mis vers les métiers de l'ingénierie, mettant aussi l'accent sur la formation d'une main d'oeuvre qualifiée, en capacité de s'adapter rapidement aux évolutions technologiques.
Ainsi, parmi les pays de l'OCDE, la Finlande est celui qui dispose du taux le plus important (3,22%) de professionnels de la recherche, au sein de sa population active.
Il s'agit pour la Finlande de favoriser les interactions entre le monde éducatif et les besoins économiques et sociaux du pays pour être au plus juste.
Leader mondial du classement PISA (Programme International pour le Suivi des Acquis des élèves), la Finlande est également classée numéro 1 par le FEM (Forum Economique Mondial) concernant le recrutement et la qualité de l'enseignement dispensé dans les universités.
Dans tous domaines confondus, 60 % de la population dispose d'un diplôme universitaire.Au delà, il s'agit également de mettre en avant la formation aux adultes, particulièrement valorisée et encouragée, assurée localement par des écoles municipales ou des cercles d'études, qui sont des centres de formation indépendants, pour adultes, qui dispensent des formations générales ou professionnelles. 50 % des salariés suivent chaque année un programme de formation de ce type. 

Ajoutons à cela une gestion rigoureuse de leurs finances publiques, tout en maintenant une offre importante de services publics, et on aura fait un rapide tour d'horizon des principaux éléments sur lesquels se fonde la réussite des finlandais. Si ceux-ci gèrent bien le présent, c'est parce qu'ils ont le souci constant de préparer l'avenir, d'anticiper les évolutions. Tout l'intérêt de la recherche, du développement et de l'innovation, de la novation.
Déjà durant la crise des années 30, la Finlande était un des seuls pays prospères. Rien n'est dû au hasard.

Le secret politique d'une telle réussite ; le poids non négligeable d'une mouvance politique que les médias français persistent à ignorer : le Centrisme qui semble ne pas exister qu'en France...
Un Centrisme, pivot de coalitions gouvernementales, force d'équilibre et de consensus ; un Centrisme qui aura offert un président de la république durant 25 ans, Urho Kekkonen, et plusieurs chefs de gouvernement, parmi lesquels la première femme premier ministre, Anneli Jäätteenmäki.
Décidément, rien n'est dû au hasard en Finlande où l'on ne s'en remet pas au Père Noël pour continuer à avancer et progresser...

1 commentaire:

  1. Bon article.

    C'est aussi un Pays d'européens habitués depuis la "nuit des temps" à se préparer aux rigueurs de l'hiver boréal...

    C'est notre ami Darwin qui nous l'a expliqué.

    Mais ce discours est celui d'un paradigme en devenir.

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