mardi 22 janvier 2013

L'envers du décor.

Janvier est toujours l'occasion des bons voeux et des bonnes résolutions pour l'année entamée. C'est le temps des beaux discours et du positivisme outrancier. Ou quand les mots les plus recherchés agencés en des phrases mielleuses sonnent comme une insulte des plus ordurières à l'égard de la réalité.
Il suffit de cet optimisme béat et trompeur qui ne révèle que l'illusoire de postures démago-électoralistes qui consistent à faire croire aux gens que tout va bien dans le meilleur des mondes, que son action est efficace à améliorer le quotidien ; et l'audience de se laisser emporter par la valse des chiffres...
Ne nous y trompons pas, la teneur grandiloquente de discours dignent de la comedia dell'arte et la démesure de sommes conséquentes ne sauraient pouvoir masquer une réalité autrement moins radieuse que ce que l'on voudrait que l'on croit.
A l'occasion des dernières élections cantonales, j'avais mis en exergue les difficultés sructurelles de notre territoire à l'égard de l'équilibre sanitaire et social de sa population. Pour ce faire, je m'étais appuyé sur les données de l'Observatoire Régional de Santé qui mettait en avant deux secteurs particulièrement défavorisés sur la région Limousin : celui de Bourganeuf, et celui d'Aubusson.

Ces données s'appuyaient à l'époque sur différents indicateurs relatifs à la sociologie, la démographie de la population, mais également sur des indicateurs de type socio-économiques, pour établir un diagnostic sans appel qui renvoyait à une situation difficile pour notre territoire, unanimement vu comme défavorisé, où vraisemblablement, les conditions de vie sont décrites comme plus difficiles qu'ailleurs.

Depuis lors, plus d'une année s'est écoulée, et divers satisfecit ont été entendus de la part d'élus qui se gargarisent volontiers d'être les acteurs d'un développement d'avenir pour le territoire, et les garants d'un véritable équilibre social au plan local.

Pourtant, le tableau semble bien moins rose que ne le laisse entendre les beaux discours et les déclarations velléitaires de ceux qui aiment à énumérer tout un panel de belles pensées qui ni ne se traduisent, ni non d'impact quantifiable concrètement.
Notre Creuse est toujours en souffrance.

C'est ce qui ressort de l'analyse du CLS ( Contrat Local de Santé), c'est une dégradation accrue des indicateurs de santé, notamment en terme de mortalité prématurée ou évitable, de pathologies liées à l'alcool, une hausse du taux de suicide et du recours à des psychotropes. Ajoutons à cela un inquiétant taux d'illettrisme qui se situe à hauteur de 10 % de la population. 

Que voici une incontestable réalité qu'il ne faut pas dénier, ni prendre à la légère, qui ne crédibilise pas l'idée d'un pseudo-équilibre sanitaire économique et social et qui interroge sur la pertinence et l'efficacité de ce qui est entrepris localement. Il y aura toujours la conjoncture comme explication, l'abandon des gouvernants (ceux d'en haut), habituels bouc-émissaires de situations inconfortables. Le culte de la déresponsabilisation pour nos élus locaux. Les clichés sont tenaces qui veulent que la réussite soit toujours de notre ressort, quand l'échec est systématiquement de la faute des autres...

Aide toi, et le ciel t'aidera serais-je tenté d'écrire.

Ces constats qui reflètent la teneur d'un échec sont tout à la fois dramatiques et inquiétants. Ils interpellent nécessairement sur les éléments pathogènes qui sont à leur origine.
Ils caractérisent la faillite d'un système, la prédominance de la précarité. Un territoire qui n'est pas attractif où la population est âgée, vivant dans un habitat isolé, dont les revenus sont modestes, au tissu économique faible, au dynamisme étranglé par la Nomenklatura.

Comment peut dire que tout va bien, se targuer de tout mettre en oeuvre pour le territoire et ses habitants quand on constate que l'on n'y vit pas forcément bien ?
Stop à la coercition qui ne règle rien et embourbe la réalité, compromettant l'avenir, cette coercition qui conforte bien des illusions derrière quelques images flatteuses qui ne sauvent même plus les apparences, cette coercition qui enferme, endort, aliène, qui dévoie le sens de l'engagement, et qui, faisant tellement partie du paysage, en devient presque culturelle. Tout le contraire de la solidarité.
C'est oublier que l'essor social passe par l'accomplissement de soi, non par l'aliénation qui entretien la misère humaine.

Or, c'est de volonté et de dynamique collectives dont nous avons besoin, de novation, de libération des esprits, d'esprit d'entreprise et de reconquête. Ce n'est pas en coupant la mauvaise herbe qu'on l'empêche de repousser, c'est en l'arrachant à sa racine que l'on règle le problème.

Il suffit de cette habitude viscérale qui consiste à entretenir la misère humaine, et à faire de ce misérabilisme le fond de commerce électoral de quelques bien pensants qui déclament non sans talent leur amour de la justice et de l'égalité pour en arriver finalement à jouer du Panem et Circenses (du pain et des jeux). Notre destin collectif attend beaucoup plus d'ambition, est un enjeu réel qui appelle au delà de la mobilisation générale, à rompre avec un mode de fonctionnement archaïque, non adapté et qui condamne au déclin. Car comme disait Confucius, quand un homme a faim, mieux vaut lui apprendre à pêcher que de lui donner un poisson...
 

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