lundi 25 mai 2015

La politique, autrement...

Lorsque je me suis éveillé aux questions politiques, c'était lorsque j'ai vu s'élever un souffle nouveau, désireux de porter une troisième voix, modérée, consensuelle, fondée sur une approche philosophique non sectaire, rassembleuse.
Ce courant, magnifié par le score réalisé par François Bayrou aux élections présidentielles de 2007, ambitionnait dans son sillage une vision politique nouvelle qui brise la routine des alternances classiques qui bercent notre histoire.
Il s'agissait de casser les lignes traditionnelles entre ce que l'on appelle communément Droite et Gauche, concepts érodés dont les antagonismes savamment entretenus nous ont conduit à maintenir un modèle figé, monolithique, non représentatif des courants d'idées qui traversent notre pays.
Ce choix du MoDem, il s'est fait naturellement, comme une évidence, sans l'ombre d'un doute, puisque conciliant une vision transparente de la pratique politique, et faisant la synthèse entre justice sociale et efficacité économique, simplification administrative, modernisation de l'appareil d'Etat.
Ce choix, qui autorisait pour chacun, liberté et indépendance, qui consacrait le principe de non alignement systématique, je ne l'ai jamais renié, je l'ai toujours assumé. Cette voix bousculait l'ordre établi, remettait en question la vision globalisée par des pratiques politiques d'un autre temps, des pratiques qui ne correspondent plus aux besoins, ni aux attentes d'aujourd'hui. Un vent de fraîcheur avait l'opportunité de souffler sur notre microcosme, et l'opportunité historique de la cohérence philosophique, d'affirmer notre liberté, au mépris des enjeux de pouvoir, au bénéfice des enjeux de causes.

Moqués et isolés par des médias complices faisant davantage la part belle aux conflits sulfureux qu'à la pondération des discours (pas assez vendeurs, ni polémiques), des médias faisant leur choux gras des luttes claniques, et boudés par des électeurs victimes d'un mode de scrutin cloisonnant l'élection dans le choix des deux blocs majoritaires de ce pays, nous avons traversé, fièrement, ces dernières années, en adoptant toujours une attitude constructive, basée sur le sens de l'intérêt général.
Nous constatons aujourd'hui l'échec incontestable d'un système arrivé à bout de souffle, nous mesurons, à chaque élection, le désamour grandissant d'électeurs qui ne se mobilisent plus, nous déplorons la montée des extrêmes qui surfent sur la crise multifactorielle que traverse notre pays.

Le choix de la liberté et de l'indépendance, c'est aussi le choix du courage qui guide les hommes d'honneur. Pour François Bayrou, annoncer publiquement voter F. Hollande en 2012, était un acte de courage, guidé par la nécessité de rompre avec le Sarkozysme, et les excès de cette doctrine. Moi même, je ne cautionnais pas ce choix auquel j'aurais préféré un vote blanc disqualifiant l'un pour ses dérives, l'autre pour ses insuffisances.
J'ai reconnu, indépendamment des conséquences électorales potentielles à venir, le courage de ce choix, respectable, qui honorait son auteur, et consacrait cette volonté de n'être un satellite ni de l'un, ni de l'autre.

C'est là, la dignité du Centre que nous prétendons incarner, de n'être ni un supplétif, ni un alibi électoral, ni une caution morale pour qui que ce soit.

Puis il y eut la naissance de l'UDI, prétendument bâtie sur les cendres de feu l'UDF, maison commune pour tous les centristes, avec la volonté de les unir dans une grande confédération.
L'Alternative, née de la coopération entre UDI et MoDem vit le jour lors des élections européennes, avec un succès très relatif. Mais l'intention, quoique sans se faire d'illusions sur la suite, était louable.
Or l'UDI, aujourd'hui présidée par JC Lagarde a longtemps tenté de s'approprier le Centre en revendiquant également liberté et indépendance.... Sauf qu'entre discours d'apparences et conciliabules souterrains, il y a la Real Politique, le négoce de strapontins, le partage des têtes d'affiche, les petits plaçous... L'indépendance de l'UDI aura fait long feu, elle qui s'est d'ores et déjà fourvoyée avec le Sarkozysme. Les élections régionales à venir donneront le ton de cette tendance ; ce qui se passera en Rhônes-Alpes-Auvergne où les deux courants centristes ne veulent pas de la tête de liste UMP Laurent Wauquiez sera sans nulle doute déterminant sur le devenir de l'indépendance du centrisme.

Liberté, indépendance, deux mots forts que l'on ne peut ni abuser, ni galvauder. Et, à mes yeux, concevoir et faire de la politique autrement, c'est se soustraire aux petits arrangements entre amis, c'est placer la moralité, le respect de l'éthique, l'honneur républicain au dessus de toute autre considération, partisane ou intéressée.

Nous avons originellement placé la notion de moralisation de la vie publique comme un pilier essentiel de notre engagement politique. Transparence, rigueur, honnêteté, probité, autant de valeurs constitutives de l'essence de notre mouvement.
Nous avions déclaré communément que la quête du pouvoir politique ne saurait être un affrontement afin de disposer de la puissance, mais comme la capacité obtenue de pouvoir agir pour le bien commun. Nous avions validé l'effacement de la notion d'"idole", au profit des idées.

Dès lors, comment interpréter ce qui ne semble pas interprétable, avec l'absence de soutien du MoDem à Christophe Grébert, candidat à la municipale partielle de Puteaux, face à Joëlle Ceccaldi. Que préfigure cette ambiguïté de posture ? Quelles manoeuvres stratégiques s'opèrent en secret ?
Puteaux est l'exemple parfait de ce que nous combattons, en matière d'opacité, et de clientélisme. Puteaux, c'est la cité du népotisme à l'état pur, l'incarnation vivante de ce que nous avons juré combattre. Dès lors, l'acte fondateur qui a scellé notre engagement politique ne doit pas être une chimère.

Par delà les stratagèmes, il y a la symbolique, et Grébert est le symbole de l'intégrité que nous appelons de nos voeux. Le combat qu'il a engagé depuis des années face à Joëlle Ceccaldi, est comme une croisade. Dès lors, ne pas soutenir Grébert relèverait d'une forme de reniement, d'une faute politique que nul ne comprendrait, parce que "faire de la politique autrement", c'est ce que nous avions promis, et ce serait ainsi un bien mauvais signal à tous ceux qui nous reconnaissent cohérence et cohésion politico-philosophique.

Nous devinons aisément les négociations qui doivent exister en filigrane de cette élection, mais n'oublions jamais que par delà les hommes, il y a les idées, et ce que l'on en fait. Les idées valent bien davantage que ceux qui les portent, et nul marchandage politique ne saurait mériter de sacrifier ses valeurs et sa conscience. Que resterait-il donc de nous, du message que nous portons.

D'aucuns diront que cette conception de l'engagement politique est trop idéaliste, mais la finalité du combat politique n'est elle pas davantage dans le triomphe des idéaux que dans la victoire des hommes.
Ne sacrifions pas nos idéaux sur l'autel d'un prétendu pragmatisme : la real politique afin de glaner quelques plaçous ça et là, donnés par charité à quelques figures locales qu'il faudrait sauver envers et contre tout.
Ne laissons pas croire aux gens qu'il n'existe pas d'autre chemin que celui du marchandage et de la corruption organisée, ne laissons pas les gens croire qu'ils n'ont pour eux que la résignation passive face à un système que nous dénonçons depuis si longtemps.

Soutenir Christophe Grébert, quoi qu'il arrive au cours de cette élection, est fondamentalement nécessaire, sinon, pourquoi aurions-nous fait tout ce que nous avons fait jusqu'à aujourd'hui...

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