Imité, souvent ; égalé, jamais !

Imaginons la scène ; le duel final de question pour un champion ; les deux adversaires sont à égalité, cette question peut être décisive.
Devant votre écran, un indice fait son apparition :

"Georges Cayley en fut."

Top Départ : Nom masculin ou adjectif français ; je suis également un terme utilisé en biochimie, chimie générale et en sciences physiques ou je désigne un phénomène se produisant lors de la propagation d'ondes dans un milieu dispersif.

Usuellement, je désigne surtout celui qui annonce en premier lieu, qui a su déceler avant tout le monde les prémices d'un événement à partir de signes dit avant-coureurs, ou alors celui qui a su être l'initiateur d'un mouvement novateur, d'un phénomène de mode.

Adjectif attribué à son auteur une fois l'événement passé et analysé, je suis tiré étymologiquement du latin praecursorem qui signifie littéralement prae ; avant et cursus ; course.

Je suis, je suis....Le précurseur.

La postérité, qui analyse l'épreuve du temps reconnaît souvent à certains hommes, rares, le qualificatif de précurseur, désignant ces personnes qui ont su être les prédicateurs de l'avenir, les justes analystes du présent qui ont su se projeter dans le futur au travers d'une étude méticuleuse de conjonctures politiques, historiques, techniques, économiques ou sociologiques...

Considéré comme un don, car n'étant pas l'apanage de tout le monde, cette caractéristique fait appel à la rare combinaison de tout un panel de qualités : la clairvoyance, le pragmatisme, une certaine forme de naïveté, de l'intelligence bien entendu, et une indéfectible foi.

Parfois, il arrive que le précurseur, parce qu'il fut le premier, et incongru, se soit retrouvé seul, gentiment moqué par autrui. Et puis, lorsque le concept de l'initiateur se traduit concrètement, faisant valoir la justesse de son analyse, l'opinion publique lui en sait gré, et ceux-là mêmes, qui a défaut d'être détracteurs, furent pour le moins sceptiques, tout en lui reconnaissant (mais pas toujours) qu'il avait raison, lui embrayent le pas, sans risque pour leur crédibilité, car confortés par l'opinion sur la question.

C'est un peu vite oublier qu'il y a d'un côté le précurseur, et de l'autre côté, les autres, qui pour les plus humbles, suivent, et pour les moins humbles, copient, ou plagient éhontément. D'une certaine façon, le précurseur peut passer par la case martyre, pas directement par celle du héros.

L'actualité le prouve, les instituts de sondage, et la prise de conscience de la société, aussi, François Bayrou est un précurseur. Celui qui avait annoncé la crise de la Dette, dénoncé les dérives du pouvoir...

Le Président du MoDem, au moment de préparer sa campagne pour 2012, a mis en avant certaines thématiques qu'il a longuement explicité, particulièrement les impératifs de Produire, Instruire, Construire une Démocratie Nouvelle. Autant de concepts qui trouvent aujourd'hui écho dans la population française et qui sont le socle de la reconquête pour Bayrou. Comme en 2007, les faits lui donnent à nouveau, incontestablement raison.

Et aujourd'hui les autres candidats, qui reconnaissent au béarnais son talent, après l'avoir copieusement ignoré, lui emboîtent le pas comme si de rien était.

Ces jours derniers, la maxime à la mode est devenu "Made in France". Curieux hasard sans doute. Les politiques ont remis l'idée de Production au Centre des débats, comme si de rien était.

Entre François Hollande qui appelle au "patriotisme industriel" pour "redresser la France", souhaitant réindustrialiser la France ; Dominique de Villepin qui prône "l'Union Nationale au dessus des Partis" "2012 sera le rendez-vous du courage, de la vérité, des libertés" et Nicolas Sarkozy qui se met à défendre "le produire en France", alors que l'Etat lui-même n'achète pas en France.

Avouons sincèrement que cela sent l'air de déjà vu, et de la pâle copie... Alors ne nous y trompons pas, il y a Bayrou, le précurseur qui a depuis longtemps lancé ses thèmes de campagne, développés dans son livre 2012, Etat d'Urgence ; et il y a les autres, qui essaient de récupérer l'idée, mais sans la substance, ni la foi, celle qui donne la qualité de visionnaire et de précurseur à un homme, celui qui a tout compris avant les autres.