jeudi 10 janvier 2013

Question d'utilité publique ?

L'actualité locale, particulièrement riche ces derniers temps vient de nous offrir un nouvel événement dont il convient de parler avec un intérêt non négligeable.
L'ouverture de la maison de retraite de la Courtine a fait les gros titres du canard local dans un contexte pour le moins tendu sur le Sud Creusois. Mais nous aurons l'occasion d'y revenir ultérieurement.
Intéressons-nous ici plus précisément à ce nouvel, énième, serai-je tenté de dire, EHPAD qui vient d'ouvrir en Creuse.
Projet porté par la Communauté de Communes des Sources de la Creuse, sous l'égide du Centre Hospitalier d'Aubusson, l'ouverture de cet établissement public était attendue, mais ne manque pourtant pas de soulever bien des inquiétudes et poser beaucoup de questions.
C'est ainsi avec une fierté réelle, pour un investissement de 5,3 millions d'Euros que les élus locaux ont présenté le nouveau fleuron en matière d'établissement pour personnes âgées, pouvant accueillir 40 résidents, pour 28 salariés à terme, mais sans création d'emploi, puisque les postes sont pourvus par mutation professionnelle hospitalière. Des élus se ventant d'avoir pourvu chaque canton creusois, non doté, d'un EHPAD. La belle affaire pourrait-on dire...

L'offre en matière d'accueil de personnes âgées est on ne peut plus confortée dans un contexte où certains établissements ne sont déjà pas remplis, et où l'on assiste ça et là à un phénomène qui tend à prendre une certaine ampleur, du départ de résidents en raison d'une tarification trop onéreuse et de grosses difficultés à pouvoir honorer le paiement des séjours.


Cette maison de retraite, baptisée le Chabanou vient en sus, conforter les structures médicales existantes, particulièrement l'hôpital d'Aubusson. Espérons que l'ensemble de l'offre médico-chirurgical du bassin aubussonnais pourra légitimement en jouir dans cette optique.

Avec l'ouverture de ce nouvel établissement, la couverture du territoire en matière d'EHPAD se trouve particulièrement renforcée, l'offre majorée, les cantons, ravis d'accueillir ces équipements, dans l'air du temps. Voici qui n'est pas sans rappeler l'époque où chaque commune voulait plus que tout sa salle polyvalente.

Bien sûr la problématique est très différente, le contexte également, avec une objectivation d'un vieillissement de la population, mais un territoire au solde démographique négatif...
J'ai sur ce point en tête les mots de Patrick Aïta à l'occasion de la dernière élection législative, qui s'insurgeait contre cette volonté très politique consistant en la construction massive d'EHPAD, qui densifiait une offre bien trop conséquente localement, non viable sur le plan économique. L'angoisse pour ces établissements est de manquer de résidents, car il faut faire face à des charges tout aussi importantes qu'incompressibles.


A l'heure où la question de la gestion de la dépendance est de plus en plus évoquée, où tentent de se développer les hospitalisations à domicile, et où l'on tend vers le maintien à domicile le plus longtemps possible, cette crainte paraît tout à fait légitime. Une crainte affichée par le directeur du Centre Hospitalier d'Aubusson, Alex Saint-Rapt, conscient de la difficulté pour un établissement qui ne compte à ce jour que deux résidents.

L'EHPAD d'Ahun, inauguré en grandes pompes l'an passé, n'est lui-même pas rempli, comme nombre d'autres établissements du même type au sein du département. Des établissements qui devront de surcroît faire avec le féroce avènement du Pôle Gérontologique de Guéret, fort de 240 places.

On risque dès lors de se disputer les résidents en Creuse...  Ce qui n'est en rien une boutade, et conforte l'analyse de Patrick Aïta, qui plus est lorsque le Directeur de l'Hôpital d'Aubusson se fend d'un "Il faudra recruter à l'extérieur de la Région (...), il nous faut bien sûr des recettes pour faire face."
Des termes qui ont tendance à heurter ma sensibilité ; parler de recrutement à des fins de création de recettes, aussi pragmatique et usuel soit-il, tend à déshumaniser la chose. On ne parle pas d'êtres humains comme on parle de marchandise ; mais la problématique semble si épineuse que cela ressemble d'avance à du négoce, et tend à la "commercialisation du vieux".

Choquant. D'autant plus qu'organiser un recrutement hors région Limousin semble méconnaître les effets d'un déracinement pour des hommes et des femmes qui savent devoir dès lors finir leur vie loin de chez eux, de leur famille et de leurs racines, quand bien même l'accompagnement est de qualité.
Sans doute suis-je trop vieux jeu, mais à mon sens, il apparaît pertinent d'installer un établissement de ce type sur un territoire donné afin de permettre une offre destinée à la population locale demanderesse.
Mais vraisemblablement, la demande, insuffisante de prime abord, les inquiétudes et les chiffres tendent à devoir faire fî de ce facteur. Il ne reste qu'à espérer l'inverse.

Cependant, les enjeux financiers, a fortiori quand il s'agit d'argent public sont si importants sur un territoire à l'offre de soins hétérogène, si peu pourvu en moyens économiques qu'il ne faudrait surtout pas laisser croire à un quelconque gaspillage de l'argent public, qui est toujours au bout du compte, celui du contribuable...

1 commentaire:

  1. Il est exact qu'aucune étude sérieuse n'a été faite avant de créer de nouvelles EHPAD et que chaque Conseiller Général(quelque soit sa tendance politique) a voulu en avoir une dans son canton, quant au recrutement extérieur il n'est pas nouveau ,dans le secteur est du département la plupart des résidents sont originaires de l'Allier qui pendant longtemps a présenté un déficit important dans l'accueil des personnes agées.
    La même politique a été menée dans le secteur du handicap. Rn Corrèze Jacques Chirac a crée de nombreux établissements qui accueillent des personnes handicapées de Paris dont il était le maire,ce qui l'on ne peut pas lui reprocher car ces implantations ont eu un impact économique important.Il en a été de même en Creuse et j'y ai contribué.

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