vendredi 26 avril 2013

Un pays qui part à la dérive.

Il n'est pas usurpé de prétendre que notre modèle républicain s'effondre, et que notre Démocratie est au plus mal, à tout le moins, en souffrance. Je nourris des craintes, que j'estime fondées concernant l'avenir de notre pays ; un avenir qui s'assombrit tout autant sur les plans économique et social que sur le plan de la pratique politique.
Notre pays, et il n'est pas inutile de le rappeler, gagnerait à faire preuve de davantage d'humilité en prenant conscience qu'il n'est pas forcément l'exemple qu'il prétend être en bien des domaines, et que le modèle français est loin d'être un modèle de vertu qui devrait s'imposer en référence à la face de pays dont je soutiens que nous les toisons avec une arrogance qui nous dessert aux yeux de ceux que nous appelons "nos partenaires". La France devient risée, le français, de moins en moins respectable et respecté. Ce n'est ni un fantasme, ni une vue de l'esprit, mais une réalité qui s'appréhende et se constate. Le nier, pire encore, le dénier, c'est persister dans l'illusion, sinon dans l'aveuglement.
Que pèse vraiment la France aujourd'hui ? Quelle est sa véritable influence dans le monde ? Sachant, que l'influence est à ne pas confondre avec le rayonnement, qui représente en vérité l'aura d'un passé.

Empruntons enfin la voie du courage afin de dépasser nos vaines croyances.
Progresser c'est peut-être déjà comprendre et admettre que l'essentiel de nos problèmes n'est pas nécessairement le fait d'autrui, ni ne vient de l'extérieur. En s'accrochant coûte que coûte à cette idée, nous nous soustrayons prétentieusement à la remise en cause de nos propres systèmes, sans en reconnaître, ni les limites, ni les défauts. Un mal bien de chez nous dont notre pays paye le prix fort.

A l'échelle internationale, ne serait-ce qu'européenne, nous renvoyons l'image d'un pays ingouvernable, irréformable, parce qu'en s'attachant à l'idée que la France est un pays de liberté et d'ouverture, nous ne voyons pas en réalité que nous sommes un pays qui se complaît dans ses pesanteurs et qui s'accroche à ses conservatismes (le prétendu modèle français), par sectarisme, corporatisme et clientélisme.
Nos gouvernants, bien relayés par le pouvoir médiatique, nous trompent, et à travers nous, se trompent eux-mêmes derrière l'autosatisfaction qui transparaît dans leurs attitudes. Ils mettent en jeu l'équilibre social français en se retranchant derrière des réformes sociétales et de moeurs qui focalisent l'attention du peuple, déchirent la population et qui masquent l'urgence qu'il y a, à mener de nécessaires et profondes réformes structurelles.
Plus on attend à le faire, plus le risque d'implosion sociale devient évident à court terme. On ne gagne jamais de temps à repousser les échéances. La vérité n'attend plus.

Notre pays s'est confondu dans des débats qui sont allés au delà de l'exacerbation des passions, en déchaînant des haines intolérables, souvent nauséabondes, et dressant les gens les uns contre les autres. N'oublions pas les tristes images de ces politiques prêts à en venir aux mains entre eux, de ces dérives homophobes, de ces violences verbales et physiques, autant de répugnances qui trahissent la radicalisation des tempéraments dont elles découlent, signe alarmant d'un pays où ni on se se parle, ni on ne s'écoute.

La rue est devenue le théâtre où l'on n'exprime plus ses idées, mais où l'on affirme sa vindicte. Dès lors, toute évolution, tout changement, est perçu en terme d'hostilité et de chaos, saupoudré d'idéologie. Il n'y a pas assez d'échanges, ni de concertation dans nos débats, ce pourquoi les changements et les réformes sont accouchés dans la violence. N'ayons pas peur du mot.

La question du mariage pour tous est représentative du malaise qui sévit en France aujourd'hui, où lorsque s'ouvre un débat, des gens, au lieu de s'écouter et de se répondre à leurs arguments dans le cadre d'un échange, préfèrent s'insulter et se juger gratuitement. Le débat ne doit pas être perçu comme un affrontement idéologique mais comme un échange qui permet d'avancer, dans lequel les gens qui s'expriment doivent apprendre à se respecter mutuellement. L'échange doit naturellement créer les conditions de l'amitié, c'est à dire, accorder à autrui le crédit de ses arguments ; le respect d'autrui au travers de l'échange c'est considérer et accepter que l'autre puisse avoir raison.
Si ces conditions ne sont pas réunies, l'échange ne saurait exister, se muant en une simple lutte pour le pouvoir.

Et c'est cela l'image qui ressort derrière une réforme si nécessaire autour de la reconnaissance de l'universalité de l'amour, qui semble être le trophée d'une lutte de pouvoir brandi à la face d'une opposition qui ne ressort pas grandie de cette affaire.
Au lieu de rassembler l'opinion au coeur d'un débat qui aurait dû générer écoute et compréhension, un débat qu'il eût été légitime de lui faire trancher directement, nos gouvernants ont créé les conditions d'un clivage et de divisions au sein du peuple français. Et ce qui créée la division, parfois même, la rupture, ne saurait être perçu comme un succès. Surtout lorsque l'on sait que la voie référendaire aurait consacré tout aussi légitimement, sinon plus encore, la loi sur le mariage pour tous.

L'humilité et la réserve manquent à notre mode de fonctionnement politique qui terni assurément notre fonctionnement démocratique.
La France ne s'honore ni de cela, ni du climat affairiste qui enrobe sa classe politique. Il est temps de libérer les esprits, et notre pays, de ces carcans, pour se consacrer à l'essentiel : son avenir. Cela passe par l'éveil des consciences dans un climat apaisé, qui saura restaurer les règles essentielles au débat, qui seules permettent d'en sortir par le haut tout en avançant. C'est aussi à travers cela que se créent les conditions du redressement.
N'oublions pas que les luttes de clans engendrent le chaos social sur les cendres duquel s'embrasent les extrêmes qui en font leur lit électoral. Et vu les niveaux historiques qu'atteignent les extrêmes dans notre pays, ce chaos social n'est pas une simple vue de l'esprit...

6 commentaires:

  1. Quelle propositions concrètes pour sortir par le haut?
    Quelles ouvertures en direction du Président de la République pour avancer dans le cadre répuclicain? Surement pas la proposition de gouvernement d'union nationale, sous entendu cohabitation avec comme 1er ministre Jean-François Copé?
    Que dit François Bayrou?
    Bernard FRAU
    Délégué général
    Humanisme-Ecologie-République
    0663240066

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  2. La première des choses est une évolution institutionnelle qui puisse permettre une rénovation de nos pratiques politiques, à travers elle le rétablissement du dialogue.

    N'oublions pas que 40 % des français ne sont pas représentés au Parlement. Ce problème de représentativité pèse dans l'appréciation des problèmes d'écoute, de compréhension, d'attentes et de nécessités.

    La réforme doit pouvoir répondre aux problématiques de clientélisme, et de sectarisme partisan, en mettant fin au monopole des partis sur la vie publique, celui qui conduit aux excès, aux affaires, aux conflits d'intérêts...

    J'ai le sentiment que nous vivons dans l'illusion d'une Démocratie éclairée, qui ne nous permet pas d'aborder la réalité des situations dans lesquelles se trouvent notre pays. Or c'est de vérité dont nous avons besoin pour pouvoir avancer.

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  3. Une réforme constitutionnelle est indispensable car même, si pour le fonctionnement des Institutions il est nécéssaire qu'il y ait une majorité, il est parfaitement irresponsable de laisser sans représentation au Parlement 40 % des français.
    Je ne serai cependant pas aussi pessimiste car la France a connu des époques où les affrontements étaient beaucoup plus violents qu'actuellement, sans remonter à la Révolution de 1789 et à celles de 1830,de 1848, à la Commune de Paris, les affrontements laïques religieux des années 1890 et 1900, ceux de 1934 et de 1968 mettaient directement au cause nos institutions ce qui n'est pas le cas aujourd'hui.En France contrairement à d'autres pays le progrès est toujours la résultante de conflits virulents.

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  4. Robert,

    C'est vrai que pour l'instant, on ne compte pas de mort sur le champ des manifestations. Sinon, quelle horreur...

    Il y a dans le monde d'autres pays qui précipitent leur évolution et leurs progrès dans la violence.
    Souvent, la France le dénonce, en qualifiant ces dérives de barbares... Gardons nos jugements pour nous-mêmes.

    Toutefois, je ne saurais tirer gloire pour mon pays de la violence. Question de culture.

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  5. Mathieu,je ne justifie en rien la violence mais le constat que je fais en parlant de virulence est simplement historique la pratique de la négociation et du compromis n'est pas dans la tradition politique de notre pays et c'est bien regrettable.

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  6. Philippe PETIT11 mai 2013 à 17:04

    Tout le monde il est beau tout le monde il est gentil, nous sommes au pays des bisounours.
    L'écoute, le dialogue, la confrontation des discours, bien sûr chacun de nous désirerait que cela se passe ainsi mais la réalité de l'Homme est toute autre, celui-ci a du toujours combattre pour revendiquer ou défendre ses idées ou simplement vivre et survivre.
    Alors OUI il faut aller de l'avant et je ne crois pas que notre pays puisse avancer dans quelque consensus que ce soit.
    Ne nous trompons pas les partis politiques ne sont pas près de s'éteindre à moins qu'un homme ou une femme n'apparaisse et centralise les espoirs de chacun.
    En attendant "le messie", les idées les plus sombres arpentent sournoisement les esprits de notre peuple.
    Le racisme, la xénophobie, le rejet de l'autre trop différent du "modèle", tout autant d'idées qui sont maintenant criées haut et fort, on ne se cache plus, on revendique et on fait des émules.
    Les partis doivent et ont les moyens de combattre ces idées,sans partis nous pouvons sombrer dans une sorte d'anarchie ou chacun aura raison contre l'autre et quid de notre démocratie ?

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