samedi 7 avril 2012

De la façon de jouir des choses...

Nous avons tous un rapport au bonheur ou au plaisir qui demeure subjectif, particulier et propre à chacun. Le bonheur se suffit à lui même, consiste pour chacun en l'aboutissement de ses désirs. C'est pourquoi le rapport à ce dernier demeure lié à la personnalité de chacun, et qui fait que nous en avons tous une approche différente, parfois même radicalement ; ce qui induit du plaisir à l'un peut induire du déplaisir à un autre...
D'un homme à un autre, nous ne nous réjouissons pas des mêmes choses, y compris sur ce qui pourrait rassembler un large consensus...
Ce rapport au bonheur dont on aura rapidement exploré le caractère non objectif, peut être mis en parallèle avec les notions de bien et de mal. Chacun comprendra en effet qu'il n'existe pas, pour chacun, de mal fondamentalement objectif, quand bien même les conventions tendent à encadrer ce qu'elles reconnaissent comme le mal pour mieux l'éradiquer. Mais la société tend à définir, tant bien que mal, des règles basées sur des critères objectifs, alors que le bien, comme le mal, demeurent objectivement des notions subjectives. Ce qui fait du bien à l'un peut faire du mal à l'autre...
C'est dans cet esprit, tout nourri d'interrogations que j'ai lu deux articles relayés par le quotidien local la Montagne, la semaine passée...
Deux articles qui ont particulièrement retenus mon attention de par le parallèle collusif qu'il trace.
La question sanitaire, jusque là, peu suivie, déchaîne désormais les passions, depuis près d'un an sur fond de rivalité politique exacerbée. Tous les moyens sont bons pour nourrir le conflit, du plus obsolète, au plus obséquieux, oubliant l'essentiel de la question, en la reléguant au rang d'allusion : l'intérêt du patient ! La question, la manière souvent caricaturale avec laquelle elle est traitée, tout cela pourrait bien lasser ceux qui s'engagent quotidiennement dans leur métier, donner des boutons à ceux qui suivent cette actualité qui paraît tellement insoluble, et peut-être même creuser le lit de conséquences dramatiques pour l'avenir.

Je me suis réjoui de constater que l'Hôpital du Mont se structure, "négocie un cap", comme justement rapporté dans un article qui au delà de la nécessaire information dont il rend compte, se montre particulièrement élogieux à l'égard de l'établissement sus-visé.
Le Centre Hospitalier est avant tout une structure de santé, qui au delà de sa mission première d'accueil de personnes âgées, ce que l'on appelle le chronique, enrichit son offre de consultations spécialisées, dites avancées. Rien de très nouveau en réalité, mais cela conforte la nécessité du maillage sanitaire du territoire. Le Centre Hospitalier répond en ce sens à sa mission de service public et d'Intérêt Général.
Je me suis réjoui de cette promotion médiatique, des partenariats initiés, des perspectives ouvertes pour la population.

Le lendemain, par contre, terminées les réjouissances à la lecture d'un encart consacré au départ du Docteur Dragomir, chirurgien viscéral à la Clinique de la Croix Blanche, six mois à peine après son arrivée. Une information agrémentée d'un commentaire sur le caractère préjudiciable à l'activité de la Clinique du départ précipité du chirurgien ayant succédé au Docteur Putot. Un mot pour signaler la départ conjoint de Mme Dragomir, récemment nommée au Service Médecine de l'Hôpital du Mont.
Quelques lignes, en haut de page ont suffit à jeter le trouble sur les activités de la Clinique chirurgicale de Moutier Rozeille, alors que la veille une page complète, éminemment positiviste était consacrée au activités du Centre Hospitalier pour lequel il eut été juste de signaler le départ de deux praticiens...

La polémique enfle nécessairement quand on apprend que l'information, relayée par le canard local, du départ de Mr Dragomir, n'émane d'aucun responsable de la Clinique, d'où le caractère incomplet de l'actualité diffusée, à connotation plutôt négative pour l'établissement fondé par Jean Mazetier.
En effet, la situation aurait justement pu paraître moins dramatique s'il avait été précisé qu'un chirurgien viscéral remplaçant assurait, conjointement avec son collègue gastro-antérologue le suivi des soins des patients concernés, et que plusieurs chirurgiens, intéressés avaient fait acte de candidature, certains ayant déjà été reçus...
Il eût été bon aussi de signaler, par souci d'une information complète, un élargissement de l'éventail des activités de la clinique tout en les précisant : un nouveau gastro-antérologue, en provenance de la Clinique St François de Montluçon, un chirurgien gynécologue, le docteur Kapella, par ailleurs chef de service au CH de Guéret...
Là aussi, la Clinique, conventionnée FEHAP, devant répondre aux obligations de service public hospitalier, tâche de s'acquitter au mieux de sa mission à l'égard de la population locale. Je m'en réjouis tout autant.

Nous aurons dès lors constater une interprétation et un rendu différents, qui auront surement fait jouir les tenants des rivalités ancestrales entre Public et Privé, entre Hôpital et Clinique, entre un camp politique et l'autre. Ce sont ces mêmes comportements qui ont enflammé la sphère sanitaire aubussonnaise durant l'été, à coups d'effets d'annonces non concertées. Les rivalités sont palpables, dangereusement palpables.
Ce sont ces mêmes comportements, antagonistes, qui pourraient nuire à la desserte sanitaire du territoire sud creusois.

Mais au delà du constat, une interrogation qui subsiste secondairement : à l'heure de la mutualisation, des partenariats, et des GCS, il est à souhaiter d'une part que les services du Centre Hospitalier travaillent main dans la main avec le service des Urgences et les différents services rattachés à la Clinique, d'autre part, que les consultations gynécologiques organisées au CH d'Aubusson, trouvent, si besoin, le prolongement chirurgical de celles du Docteur Kapella à la Clinique (un jour par semaine). De même que j'ai lu qu'il était envisagé des consultations de pneumologie, alors même que le Docteur Ibrahim, du CMN de Ste Feyre, organise depuis des années, des consultations (un jour par semaine) à la Clinique, lui, qui par ailleurs, intervient auprès des patients du Service de Médecine du CH d'Aubusson. Je m'interroge sur la pertinence de ce type de doublons...

L'intérêt du patient doit toujours être au coeur des réflexions et des démarches de soin, loin devant les pseudos rivalités politiques qui trouvent leur prolongement sur le dos du domaine de la santé. Face aux patients, il ne doit pas y avoir d'adversaires, mais des partenaires !
Je me réjouis qu'Aubusson puisse disposer de deux établissements susceptibles d'encadrer une offre de soins pertinente et essentielle au Sud Creusois, pourvu qu'ils sachent tirer la quintessence de leurs compétences respectives, et pourvu qu'ils sachent travailler ensemble, indépendamment de leurs différences, au seul profit des usagers qui doivent en jouir. L'avenir de notre territoire peut en dépendre...

9 commentaires:

  1. Parlons en!!
    Pas plus tard que cette semaine:
    Comment expliquez vous, qu'un patient qui après un chute de moto, arrive aux urgences (par ses propres moyens)à 14h. Qu'après 2 heures d'attente il passe enfin une radio, qu'après un nouvelle heure d'attente il voit enfin un chirurgien (1 minute 30 dans un couloir!!) on lui diagnostique une doigt cassé et luxation de l'épaule. Sans plus d'informations, il attend 2H30 pour le réglement. Il sort de cette établissement à 20h. En résumé: il a passé 6H dans cet établissement pour passer une radio et voir un médecin 1mn30. Il demande pour obtenir un arret de travail: On lui dis de voir ça avec son médecin traitant!!
    Ouvrez les yeux Mathieu! Tout est a repenser dans cette clinique! Le patient est méprisé, trop d'attente!!! Pour une radio c'est minimum 1 à 2 heures d'attente, ajouté a cela l'attente (dans un hall d'entrée...)pour les papiers 1h à 2h dans le meilleur des cas. Des relations avec les chirurgiens digne d'un dialogue de "la soupe aux choux" Pas ou trés peu d'infos, bref les résponsables de cette clinique ont de sérieuses remises en question à faire!
    Après ce type d'expérience ne soyez pas surpris qu'un grand nombre de patients préfèrent l'exile vers d'autres établissements...

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    1. en tant que responsable du service des urgences ,je me permet de vous répondre : selon l'informatique,du moment de l'inscription au standard jusqu'à la sortie définitive en salle d'attente : 2h13min;2h13min pour avoir été vu par l'équipe paramédicale ainsi que le médecin des urgences,puis passage au service radiologie,puis voir un chirurgien orthopédiste pour ensuite avoir les soins de sortie ainsi que les ordonnances.Il y a bien évidemment certaines choses à améliorer et vous l'avez d'ailleurs très bien pointé du doigt mais certains éléments que vous exposez notamment le délai d'attente,sont erronés.

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  2. Mathieu CHARVILLAT7 avril 2012 à 16:27

    Intéressant point de vue qui traduit une méconnaissnce de la spécificatité des services d'Urgence.

    Celui d'Aubusson est fréquenté de plus en plus. Sur l'année en cours, ce sont pas moins d'une centaine de dossiers supplémentaires ! Pas mal dans un cadre démographique pourtant défavorable.

    Le service dispose de trois boxes, de chambres d'UHCD, et une salle de déchocage.

    Au moment où cela est arrivé, un transfert SAMU était organisé, nécessitant soins et attention. Je rappelle qu'en journée l'effectif soignant du service est composé d'un médecin, une infirmière et au mieux deux aides-soignantes.
    Lorsque l'ensemble des boxes est occupé, difficile de ne pas attendre.

    La spécificité des Urgences, consiste en ce qu'elles sont des consultations sans rendez-vous qui exigent soins et examens immédiats en fonction du caractère d'urgence. C'est cela qui génère l'attente dans tous les services de France et de Navarre.

    L'attente dans les services d'urgence n'est pas propre à Aubusson... Pas plus tard qu'il y a quinze jours, un mai, pour une douleur non traumatique du poignet a attendu plus de 4 h pour être pris en charge à Limoges, pour fianelement partir et venir jusqu'à...Aubusson !

    L'attente n'est pas du mépris, mais de l'attention aux patients, la nuance est particulièrement importante.

    D'autant que seules deux personnes sont présentes en Radiologie pour un volume de 50 à 60 patients par jour, sur une couverture de 24 h sur 24. Pas évident pour eux.

    L'établissement est reconnu d'utilité sanitaire et sociale, que faire sinon des 4 à 5.000 passages à l'année ? des 13.000 passages en Radiologie. Pas sûr, croyez en mon expérience, qu'ils trouverez forcément mieux ailleurs.

    Même si bien attendu, l'optimisation de la démarche de soin doit être au coeur des réflexions, il faut tout à fait en convenir. Cela est vrai pour chaque établissement

    Mais n'oublions pas, et cela est typiquement creusois, que nous sommes souvent les plus mauvais ambassadeurs de nos propres établissements, jamais contents de ce que nous avons sur place, c'est pourquoi nous n'avons plus grand chose, le CH de Guéret pourrait aisément en parler également.

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  3. Il est trop facile de critiquer suite à une expérience malheureuse. La médecine a ses spécificités qui nous parlent pas toujours
    J'ai testé Guéret et Aubusson, et si j'ai pas été contente de Guéret, j'ai été ravie d'Aubusson où on m'a traitée avec gentillesse, efficacité, humanité et respect.

    C'est vrai que le problème des urgences en France comme partout ne date pas d'hier :

    http://www.lest-eclair.fr/article/societe/%C2%AB-aux-urgences-on-attend-en-moyenne-deux-heures-et-demie-%C2%BB

    Aubusson et le sud de la Creuse ont besoin de ses urgences et de ses centres de soin ! C'est pas le moment de tout casser.

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  4. Mathieu CHARVILLAT7 avril 2012 à 17:26

    Merci Philippine pour ce point de vue.

    Merci de comprendre les problématiques liées aux urgences et à leur traitement.
    Merci pour les liens dont vous vous faîtes l'échos qui appuient, toute proportion gardée, mon propos.

    Vous avez raison, on ne trouve pas forcément mieux ailleurs, raison aussi sur le fond, plus prospectif : dénier le besoin de nos établissements, sur lesquels il est certain qu'il est besoin de travailler à leur perfectionnement, c'est d'avance perdre le combat de leur pérénité, perdre des outils structurants pour l'avenir de nos territoires, pour leur attractivité.

    Alors, (et c'est le mot à la mode) ne stigmatisons pas, c'est toujours à mauvais escient.

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  5. Mon intention n'était pas de stigmatiser qui que ce soit,
    Juste vouloir comprendre...
    Comprendre pourquoi fait on attendre des patients si longtemps, ceci sans informations?
    Qu'il y est des cas plus urgent que d'autres, soit, mais pourquoi tout simplement ne pas avoir expliqué la situation?
    Pourquoi, si l'activité est si importante, ne pas embaucher?
    Pourquoi le traitement administratif est t il si long? Pourquoi cette salle d'attente si gloque?
    Pourquoi laisse t on partir un patient sans informations sur les suites a donner, pourquoi ne pas avoir délivré un arrêt de travail, pourquoi ne pas avoir fixé un RDV pour la suite. Pourquoi un telle attente?
    Rien a redire sur le personnel.
    Mais les encadrants que font ils pour pallier à ces problèmes qui pourtant seraient simple a resoudre par l'embauche de personnel?
    Sommes nous là aussi face une problématique de rentabilité?
    De plus,
    Si je suis votre raisonnement: un cas grave se présente et tout le service est bloqué?
    Et que se passerait il si un ou plusieurs autre cas "grave" se présentaient simultanément? On fait poireauter tout les autres patients pendant des heures sans leur donner une quelconque information?
    Je comprends bien qu'il y est des priorité, des cas d'urgence. Mais si je témoigne aujourd'hui, c'est parce que ce type de problèmes sont récurrent dans cet établissement.
    Enfin, il serait bon d'entendre se que pensent les utilisateurs de tel ou tel service. Accepter et comprendre les critiques, c'est déjà un pas dans le bon sens, les réfuter (comme vous semblez le faire), c'est accepter et donc se résoudre à ce triste constat. Vous sembler dire qu'il y a pire ailleur, soit, mais il y a certainement mieux aussi...

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  6. Mathieu CHARVILLAT7 avril 2012 à 20:42

    Stéphane,

    Le SAMU régule les urgences en fonction des places disponibles. Un réseau existe.

    L'embauche, oui, mais aujourd'hui, peu d'infirmier(e)s sont demandeurs des services d'Urgence, il y a pénurie dans les grandes agglomérations, alors en milieu rural... Les urgences sont un service bien spécifique.

    Les Urgences ne sont pas un service rentable sur le plan pécunier, c'est impossible pour des raisons techniques trop longues à expliciter (en privé si vous voulez).

    Votre question sur le danger sanitaire est importante : je la pose depuis plus d'un an de façon régulière !

    A Aubusson, pour un soignant, la moyenne de patients sur une journée est de l'ordre de 12, quand par exemple au CH de Guéret, il est de 7 !

    Votre avis compte, comme celui de tous les usagers ! Des questionnaires sont disponibles à ce titre, dans l'établissement, en salle d'attente, dans une démarche de recherche qualitative. Majoritairement, les retours sont positifs, mais comme vous le dîtes, la critique est toujours constructive ; reconnaissez cependant, que tout n'est pas tout blanc, tout n'est pas tout noir.

    Il y a forcément mieux ailleurs, question de moyens, essentiellement, financiers, logistiques, humains. Mais ce que vous décrivez, c'est le lot de tous services d'Urgences. J'aurais d'innombrables exemples dont je pourrais vous abreuver en privé, je vous invite à consulter différents forums sur le sujet pour saisir que ce que vous décrivez n'est pas un épiphénomène dans le quotidien des Services d'Urgence, à Aubusson ou ailleurs. C'est une réalité.

    Ce qui est intéressant dans votre analyse, pertinente, et honnête, c'est que vous reconnaissez la compétence du personnel sur lequel il n'y a rien à redire. Vous mettez ainsi le doigt où il faut : sur les faillites du système ! Un système qui est en crise en France.

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  7. Ravis d'avoir pu discuter de cela de vive voix avec vous!
    Et heureux que ce type de débat puisse faire avancer les choses dans le bon sens (en tout cas je l'éspère) tel était le but de mon intervention.
    A bientôt

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  8. Mathieu CHARVILLAT9 avril 2012 à 15:37

    Et moi, ravi d'avoir pu apporter toutes les précisions nécessaires à un éclairage d'un débat dont on espère tous qu'il concoure au bien-être des usagers.
    @ Bientôt !

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