dimanche 3 mars 2013

Le jeu politique ou le sens des calculs.

La presse du jour s'est faite l'écho de la nouvelle bataille que les élus creusois s'apprêtent à mener. Une bataille pour laquelle l'ensemble du corps politique local est en accord.
Il est vrai que la question est mobilisatrice sur un sujet déterminant pour notre territoire : celui du décloisonnement.
Les creusois sont habitués à ce genre de croisade menée pour la défense de leur territoire, lorsqu'en dernier recours, celui-ci est en danger. On l'a parfaitement vu, notamment avec le combat pour la radiothérapie de Guéret, désormais entrée dans la légende de notre Département.
Et si la mobilisation populaire est toujours sincère et vertueuse, motivée par des desseins honorables qui visent au meilleur pour l'intérêt général, la mobilisation politique est parfois orchestrée différemment, entre calcul et récupération des combats.
Ici, il n'est pas à douter de la motivation des politiques, tant la position de l'AMAC et du Conseil Général de la Creuse a su être cohérente et sans équivoque.
Cette question de la LGV ne date pas d'hier et ses conséquences potentielles sur l'enclavement de notre territoire et sur la gare de la Souterraine sont connues de tous. Conséquences parfaitement intégrées par les politiques creusois, tous bords confondus.
A ce titre, le Conseil Général de la Creuse a toujours fait valoir son hostilité à l'égard de la LGV, défendant la ligne POLT et par la même, la survie du département.

Une ligne, nous nous en doutons, qui ne va pas dans le sens des desiderata du Département de la Haute Vienne qui milite, elle, pour la LGV Limoges-Poitiers, pour laquelle les investissements colossaux nécessaires à sa mise en oeuvre ne sont pas pertinents pour notre territoire, condamnant derechef la Gare de la Souterraine. Par ailleurs, apparaît un vrai problème de rentabilité pour cette ligne.

C'est d'ailleurs pour cela qu'a été annoncé une diminution du nombre quotidien d'allers-retours entre Paris et Toulouse (-7) afin d'affaiblir l'intérêt de la Gare de la Souterraine.
Etrange pour une ligne qui a bénéficié de 90.000.000 € d'investissements...

Les rivalités territoriales, qui mettent en avant une inéquité de traitement qui met à mal l'idée d'un développement qui soit juste, harmonieux et cohérent au niveau de la Région Limousin, sont au coeur de la problématique, avec en plus une vraie raisonnance politique.

Dès lors, le Conseil Général de la Creuse, appuyé par l'AMAC (Association des Maires et Adjoints de la Creuse), est légitimement dans son rôle lorsqu'il s'agit de défendre les intérêts de son territoire, et par la même, de la population. C'est dans ce sens que l'Assemblée Départementale s'est toujours opposée au financement de la LGV.
Il est heureux et rassurant d'y trouver la concorde entre chaque courant politique. Oui, sauf que...

... Il sera intéressant de voir comment vont se positionner les élus socialistes creusois du Conseil Régional sur ce dossier, eux dont on rappellera volontiers qu'ils ont toujours voter en faveur de la... LGV, quand localement ceux-ci témoignaient leur opposition au même projet !
C'est ainsi à l'unisson que ces élus ont voté le 16 Décembre 2010, le droit d'entrée à la ligne Sud-Europe-Atlantique auquel se raccrocherait le fameux barreau Limoges-Poitiers. Un tel vote supposant nécessairement une adhésion à la LGV. Les aurait-on tromper sur la marchandise ? C'est oublier peut-être que bonne foi et naïveté ne font pas souvent bon ménage en politique, et que nos édiles ne sont pas non plus des perdreaux nés de la dernière pluie.

Voici qui met en avant les travers du jeu politique et des amitiés partisanes. Si ces dits-élus peuvent avoir des convictions personnelles qui justifient leur vote, soit ! C'est le jeu que de pouvoir voter, mais c'est la règle que de le justifier... Il n'en demeure pas moins que ce vote est allé à l'encontre des intérêts creusois qu'il sont censés défendre, et à l'encontre d'une position publique du Conseil Général de leur propre département. Comprendra qui voudra... Joli numéro de pirouette en perspective...
Voici aussi qui interroge : les élus socialistes creusois sont ils les membres passifs d'une chambre d'enregistrement à la botte de Limoges, ou sont-il censés porter la parole de leur département ?

Michel Moine, Maire d'Aubusson, a, pour le coup, eu cette phrase très juste :"Les intérêts de Limoges ne peuvent pas se bâtir sur les décombres de la Creuse". J'y souscris pleinement.
Je me demande ce qu'en pense, en conscience, son adjoint, par ailleurs Vice-Président du Conseil Régional, membre des commissions Transports et Aménagement du Territoire, qui à l'époque n'avait pas trouvé utile de répondre à un courrier rédigé par la présidence collégiale du MoDem 23, l'invitant, lui et les autres Conseillers Régionaux, à justifier son vote en les termes suivants :

"Lors de la séance plénière du Conseil Régional du 16 Décembre dernier, un vote a eu lieu sur le financement du droit d'entrée à la ligne TGV Sud Europe Atlantique.
  
Ce projet de ligne à grande vitesse, mettant Bordeaux à 2h de Paris, est constitué d'un tronçon central (Tours - Bordeaux) assorti de plusieurs branches dont la la ligne LGV Limoges - Poitiers.
  
Le vote sur le droit d'entrée à un tel projet pour notre région suppose, de fait, l'adhésion au projet de LGV Limoges - Poitiers.
  
Vous avez voté "Pour" lors de cette séance alors que le groupe politique départemental auquel vous appartenez se déclare ouvertement "Contre" le projet de LGV Limoges - Poitiers.
  
Par conséquent, nous vous remercions de bien vouloir nous exposer par écrit le détail de vos motivations concernant ce vote."

 Il sera donc intéressant d'observer l'attitude prochaine des élus creusois du PS sur ce sujet...Bien sûr, chacun à le droit à l'erreur, donc au repentir, parce qu'il n'est jamais trop tard pour cela.

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