Une élection peut en cacher une autre. Alors que l'élection présidentielle française a obtenu l'attention d'une immense majorité de la communauté internationale, une autre élection, capitale, elle aussi, se jouait au Sud de l'Europe.
La Grèce, enfoncée dans une crise qui semble inextricable, renouvelait son parlement, afin de tenter de se construire un Destin, un avenir.
Pas simple pour un pays astreint au régime de l'austérité, résultant de son fort endettement public, de son déficit budgétaire, de ses problèmes d'ordre structurel, et de son manque de transparence globale dans son mode de fonctionnement, particulièrement pour ce qui concerne la levée de l'impôt, et un certain panel d'incohérences douteuses, relevant ni plus ni moins d'un système frauduleux.
Nombre d'observateurs voient en la situation grecque un avant-goût de ce qui pourrait attendre les pays d'Europe occidentale, la France ne faisant pas exception.
Le peuple grec paye aujourd'hui le laxisme d'antan, des choix stratégiques peu cohérents (4 % du PIB à la Défense !).
La gestion courante de l'administration est évaluée de son côté à 7 % du PIB ! Consommant plus qu'elle ne produisait de richesses (cela me rappelle quelque chose), la Grèce était contrainte à l'emprunt pour assumer un train de vie dispendieux, conduisant in fine à une dette évaluée à hauteur de 158 % du PIB.
C'est ainsi dire que le recours à la rigueur était nécessaire, une rigueur commuée en austérité avec les conséquences sociales désastreuses que cela suggère, et les répercussions dramatiques qui en découlent : 21 % de chômage, et 1/3 de la population au bord de l'exclusion.
Les principaux mouvements politiques, ceux qui se sont partagés alternativement La Responsabilité et les responsabilités, la Nouvelle Démocratie et le PASOK, jouaient gros durant ces dernières élections, si gros que le désaveu populaire fut franc et massif, car enregistrant leurs pires scores électoraux dans l'histoire de la Grèce contemporaine.
Une sanction qui s'est opérée, comme souvent en période de crise, au profit des extrêmes : la Gauche radicale (Syriza) devient ainsi la seconde force politique du pays. Une Gauche radicale qui pourrait composer un Gouvernement de coalition dont il n'est pas certain qu'il suive les directives de Bruxelles et qui pourrait précipiter la sortie de la Grèce de la Zone Euro, et l'explosion de cette dernière avec des conséquences dramatiques pour les pays concernés.
Autre gagnant de cette élection : le parti Aube Dorée (néo-nazi), qui obtient 23 sièges au Parlement. Un mouvement ultra-nationaliste face auquel notre FN passerait pour plus modéré. Parti extrêmement violent, dirigé par Nikolaos Michaloliakos, il prône, contrairement aux partis d'extrême droite classique, l'expulsion claire et définitive de tous les étrangers, et non la maîtrise des flux migratoires. Un parti plus à droite que l'extrême droite, représentée par le Laos en Grèce.
Après le score historique réalisé par Marine Le Pen, les dérives verbales douteuses d'un Gérard Longuet dont chacun connaît le passé au Front National, voici une autre sanction électorale inquiétante qui révèle la montée des extrêmes en Europe. Des extrêmes qui bâtissent leurs succès non pas sur un vote d'adhésion, mais sur un vote de colère, une colère née des tensions sociales. Des extrêmes qui comptent renforcer leurs positions sur l'amplification de la crise, en évitant soigneusement de participer à quelque action Gouvernementale, plus habile à contester vulgairement qu'à proposer concrètement.
Le Laos s'y était risqué en Grèce, devenant dès lors complice de l'austérité, et tombant de 15 à 3 %.
On comprend mieux pourquoi Jean-Luc Mélenchon (même si la comparaison n'est pas tout à fait juste) répugne à participer au futur Gouvernement français, lui qui tient François Hollande avec la rue.
Mieux encore, avec cette théorie du "chaos social", comme levier du pouvoir. C'est là le pari fou de Marine Le Pen, que de jouer sur la dégradation du climat social pour passer en force à terme.
C'est dans ce sens, que l'expérience réalisée avec un ami a conduit à cette conclusion. Se faisant passer pour un électeur FN désemparé de devoir choisir entre Hollande et Sarkozy, cet ami a contacté le siège du FN pour un conseil sur le vote à effectuer. Trois personnes se succédant lui suggérèrent de voter François Hollande pour favoriser le "chaos social" sur lequel Marine Le Pen construirait sa victoire. Horrifiant de cynisme !
Ce qui s'est passé au premier tour de l'élection présidentielle avec des extrêmes chiffrant à 30 % de l'électorat, et l'arrivée de l'ultra-nationalisme au Parlement Grec ne doit pas nous laisser sans réaction. Ces résultats traduisent, outre la colère, l'échec des politiques menées, et autres abus en matière d'endettement public. Ils traduisent les inquiétudes et les peurs de populations désemparés, en mal de repères.
Mais que nul ne s'y trompe : ces mouvances font campagne sur le malheur d'autrui, et il n'est rien possible de construire sur le chaos.
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