A chaque déclaration de politique s'ensuit son lot de commentaires, d'approbations, de réprobations, de critiques. Ces commentaires valent de part la teneur de leur argumentation qui nourrit soit la thèse, soit l'antithèse de la déclaration.
Ce Samedi, François Bayrou a annoncé ses trente propositions à l'égard de la notion d'Instruire, un des piliers du projet que le Président du MoDem présente à l'occasion de l'élection présidentielle d'Avril prochain.
Des propositions concrètes qui ambitionnent de ramener l'instruction française au plus haut niveau mondial.
Une telle ambition, déclamée avec un tel entrain, un tel enthousiasme ne pouvait laisser la classe politique sans la moindre réaction. L'ennui dans ce cas précis c'est que lorsque l'on a rien à opposer, on préfère nourrir la polémique.
C'est en substance l'attitude exacte qu'a adoptée le socialiste Harlem Désir, invité à s'exprimer sur le sujet, et qui à défaut de déclamer des arguments, s'est complu dans la polémique partisane, loin, bien loin du sujet... Or, dans l'embarras, le silence est bien souvent d'or !
C'est dire qu'Harlem Désir aurait bien mieux fait de se taire. En effet, ce dernier a préféré manier l'ironie, à mauvais escient sur un sujet qui ne suggère aucunement la moindre plaisanterie.
L'Education Nationale est en crise. Nul ne saurait pouvoir le nier, ni nier la désespérance du corps enseignant, raillé, vilipendé.
Le socialiste ne s'est ainsi pas soumis à l'examen critique ; pour seule réponse aux orientations bayrouistes sur le sujet, ce dernier se contenta d'une phrase indigne et stérile, de celles qui ne font pas avancer la question, et qui trahissent l'absence de réflexion et de fond et de forme sur celle-ci. Une attitude pour le moins légère qui ne contribue pas à hausser le niveau des réponses concernant les débats sociétaux dans lesquels se jouent l'avenir de notre pays, de notre jeunesse. Dès lors le grand public restera sur sa faim, Harlem Désir n'opposant pas même la moindre conviction, se contentant d'un laconique : "François Bayrou propose d'installer le verbe ‘instruire’ dans la campagne présidentielle, il pourrait aussi y mettre le verbe ‘choisir’". Ce qui signifie concrètement que François Bayrou, au lieu d'Instruire, devrait choisir son camp.
Une idée relevant d'une conception préhistorique de la politique, dans laquelle les débats de fond doivent s'effacer devant la polémique partisane. L'ex premier secrétaire par intérim préfère ainsi remettre à plus tard la question conceptuelle, alors même que celle-ci doit être au coeur de la campagne présidentielle, qui est le théâtre d'idées qui s'entrechoquent, arbitrées par le vote citoyen au moment de l'élection.
Dénier l'importance de la question éducative est un non sens, un crime intellectuel, qui en méprend les enjeux.
L'accès à l'Instruction est garante de cohésion sociale, d'égalité des chances. L'instruction doit être le privilège de tous, qui permet l'essor d'une société, l'épanouissement, l'accomplissement d'une population. S'y joue l'avenir d'une nation, la liberté d'un peuple.
Nul ne saurait nier que les régimes autoritaires ou totalitaires ont fait le lit de leur pouvoir des faiblesses de l'Instruction, maintenant des peuples dans l'ignorance de façon tout à fait volontaire.
Dès lors constater que pour un dirigeant socialiste qui se réclame du progrès social, la question d'Instruire passe au second plan, il y a là quelque chose de pour le moins curieux.
Bien entendu, au delà de déclaration de bon usage, il semble bien que l'école soit la grande oubliée du projet socialiste. Quelles mesures pédagogiques, quelles réformes à venir ? En dehors de l'annonce de 60.000 postes (qui concernent tous les métiers -- pas forcément des postes d'enseignants CQFD) dont on ignore la manière dont ils seront redéployés, il n'y a rien de concret, mais plutôt un flou persistant.
Un flou dont je vous propose de prendre la mesure au lien suivant : Hollande tue l'école.
Enfin, là où François Bayrou se fait le défenseur de la cause enseignante, Hollande qui veut revenir sur les missions de l'enseignant (18H devant les élèves), voit la responsabilité des professeurs comme cause de la crise du système. C'est sans doute que la question n'a pas été approfondie en conséquence.
Une élection ce n'est pas la victoire d'un parti, c'est celle d'un pays à qui le débat a fixé des priorités. Visiblement la notion d'Instruire n'en est pas une pour Harlem Désir.
La réforme urgente de l'enseignement devra faire l'objet d'un consensus et je ne doute pas que des hommes démocrates et de bonne volonté comme François HOLLANDE et François BAYROU finiront par parvenir à un accord. L'enseignement,l'instruction ont été les piliers de la République et c'est grâce à l'action des instituteurs et institutrices que nos aieux sont sortis de l'ignorance et sont devenus des citoyens responsables.
RépondreSupprimerMais un autre sujet est trés préoccupant la dérive ultra droitiére de Nicolas SARKOZY qui essaie de doubler le Front National par sa droite,or chacun sait qu'il s'agit d'une manoeuvre dangereuse,voir mortelle; Mr DOUSTE BLAZY ne s'y est pas trompé en disant que le Président sortant avait franchi la ligne jaune et que les démocrates ne pouvaient envisager de voter pour lui au second tour.
On est élu Président en France que si l'on rassemble non si on divise,Nicolas SARKOZY l'apprendra à ses dépens.
Robert,
RépondreSupprimerCette question de l'Education, et vous le rappellez, est importante, représente un enjeu capital pour demain.
François Bayrou en a d'ailleurs fait (à juste titre) un axe prioritaire de sa campagne au même titre que la reconquête de la production en France. C'est donc un sujet qui mérite attention, intérêt et sérieux.
Cela pour dire que vous comprendrez aisément que l'ironie maniée par Harlem Désir sur un sujet aussi sensible, puisse me paraître déplacée.
Qui plus est pour le fils et petit fils d'enseignants que je suis...