"Ré-enchanter le rêve français". C'est en substance le message érigé en dogme, envoyé par François Hollande à ses militants lors du célèbre discours prononcé au Bourget. Un signe fort de cette intention qui consiste à remettre en haut du pavé une forme d'équilibre sociétal fondé sur l'égalité, la justice, l'équité, sur un modèle social vanté et envié dans le monde entier.
Un modèle français sérieusement mis à mal, tant par la crise que par la politique menée par l'actuelle majorité, avec un ennemi clairement identifié et désigné : la finance, que le candidat socialiste entend "mâter". Incontestablement un discours fleuve, pour un message riche... En symboles.
Il existe bien un Idéal Français, né de la Révolution, porté par des valeurs qui touchent à l'universel, d'égalité, de liberté, de fraternité. Un idéal qui a su traverser les époques et faire la gloire de notre pays, qui se veut précurseur et porte drapeau en matière de droits et d'égalité des droits.
La France, pays des droits de l'homme. Une phrase à la fois puissante et imposante, figée dans le marbre de l'éternité, marquée par le poids de l'Histoire. L'insoumission devant l'injustice en était une caractéristique, la République était garante de cette mémoire, et de l'expression de ses valeurs, fondatrices de notre identité sociale. Jusque là, le pouvoir, quelque soit sa nature politique, avait toujours su respecter cette tradition et en faire autre chose qu'une simple déclaration d'intention. C'est cela qui faisait notre grandeur et notre réputation.
Aujourd'hui, il est vrai que cet Idéal Français a été ébranlé, parce que la République a été viciée par des dérives qui ont bafoué les valeurs originelles dont elle est gardienne, au profit d'un encadrement systématique qui au delà du simple fait de règlementer, entend tout régir, nous conduisant en une période de régression manifeste des libertés. Même aimer, sous certaines conditions, peut être vu comme un acte proscrit. N'est-ce pas Monsieur Vanneste...
Oui, les dérives du pouvoir ont considérablement porté atteinte à cet Idéal Français, et par la même, terni l'image de la France.
Il est ainsi normal que les opposants actuels veuillent renouer avec la Légende ; cela est vrai pour chacun des courants démocratiques qui s'expriment dans notre pays. Question de volonté, de désir, mais aussi de moyens à mettre en oeuvre pour justifier cette ambition, légitime, qui guide un engagement politique.
Se donner les moyens de le faire suggère à la fois constance, honnêteté et rigueur, une attitude pragmatique qui ne méconnaît pas le sens des réalités.
"Ré-enchanter le rêve français", ce n'est pas vendre au peuple des espérances chimériques en échange de ses suffrages, c'est plutôt lui donner l'espoir d'un monde meilleur ; ce n'est pas jouer le jeu de la surenchère en matière de promesses démagogiques, comme un bonimenteur sur un champ de foire ; ce n'est pas abuser la confiance des français en déposant sur leurs yeux le voile des illusions.
C'est instaurer le lien de confiance qui provient du rapport de vérité à instruire avec le peuple ; il s'agit d'exhorter les gens à l'unité, et à la responsabilité.
La retraite à 60 ans, 60.000 postes supplémentaires dans l'Education Nationale par redéploiement (où aller les chercher ?), 300.000 emplois dits "d'avenir" d'ici 2013, (finalement ramenés à 150.000 pour raisons budgétaires)...
C'est oublier un peu vite à l'heure de la distribution massive que la France n'a probablement pas les moyens d'une telle démesure, comme si notre pays n'était pas "en situation critique". Un pays qui vit déjà au dessus de ses moyens et qui finance son niveau de vie à crédit. Alors, quelles mesures d'économies avec un tel catalogue de promesses auxquelles tout le monde aurait envie de croire. Comment entrevoir un retour à l'équilibre de nos finances publiques dans de telles conditions ?
Dans le même temps François Bayrou propose de ne pas augmenter la dépense publique durant deux ans... Evidemment, c'est certainement beaucoup moins sexy au premier abord, mais tellement plus raisonnable, tellement plus lucide, tellement plus fiable et responsable.
Le premier devoir d'un responsable politique, c'est d'avoir le souci de l'intérêt de son peuple. Les propositions de François Bayrou vont dans ce sens, lui dont le souci depuis 2007 est le désendettement de la France. Des propositions renforcées par l'analyse accablante de la Cour des Comptes qui plaide pour un effort structurel de redressement d'un point de PIB par an, soit 20 milliards d'Euros par an pendant 5 ans.
Par ce biais, l'équilibre serait atteint en 2016.
Pire encore concernant les perspectives flatteuses de François Hollande, puisque Michel Rocard (ancien premier ministre PS) a récemment déclaré que l'hypothèse de croissance de Hollande n'est pas plausible, car en désaccord total avec les structures statistiquement informées que sont l'OCDE et l'INSEE. Voilà pour le fond. CQFD.
Sur la forme, François Hollande, de la race des modérés, a tenu, dans son discours d'anthologie, à rassurer l'aile gauche de son mouvement et l'extrême gauche française sur son positionnement idéologique. C'est pourquoi, celui-ci a désigné clairement la Finance comme son principal adversaire. Consensus à Gauche !
Las, François Hollande s'est récemment empressé de rassurer le monde de la Finance dans une interview reprise par plusieurs journaux britanniques, dans laquelle le candidat PS se démarque à la fois des communistes tout en se défendant de toute agressivité à l'égard de la Finance. Chacun appréciera une telle force de conviction.
Une élection qui engage la destinée d'un pays ne doit pas être un marchandage, mais la rencontre entre un peuple qui remet son avenir dans les mains d'un homme qui s'engage avec courage, force et détermination sur un projet cohérent, rassembleur et honnête. Cette rencontre doit établir un indispensable lien de confiance entre les deux entités.
Au delà du mensonge que constitue le rêve de François Hollande, le tribut qu'il en coûtera pourrait bien être la faillite de notre pays.
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