Chacun peut quotidiennement constater à quel point la campagne pour les présidentielles, pour l'instant non officielle, s'est imposée dans le paysage médiatique français.
Pas une seule demi-journée ne se passe, sans qu'un journal, qu'une émission ne fasse ses choux gras d'un énième déplacement de telle ou telle personnalité politique candidate à l'élection suprême. Pas une journée sans que ne soient dévoilés les résultats du dernier sondage à la mode. Pas un jour sans que Me Irma y aille de sa prédiction quant à l'identité du vainqueur potentiel.
Cela a commencé l'automne dernier avec la campagne des primaires socialistes largement couvertes par les antennes françaises. Cela a continué avec les premiers pas du candidat Hollande dans la bataille, avec les réactions de l'actuelle majorité, jusqu'à l'annonce officielle de candidature du Président Sarkozy. Nouveau tourbillon médiatique emportant tout sur son passage, jusqu'à la garde à vue de DSK, tout juste un obscur fait divers...
La France semble prise d'une soudaine passion frénétique pour la question politique qui occupe très majoritairement le devant de la scène. Des heures d'analyses offertes au grand public pour décortiquer telle ou telle petite phrase polémique extraite du discours du jour. Le débat de fond et de société semblant souvent passer au second plan. Les médias cherchant souvent la formule sulfureuse, celle qui fera mouche, qui fera grimper l'audimat.
Depuis 2007 et le soir de victoire de Nicolas Sarkozy, la question de 2012 est déjà partout : les sondages se multiplient dès les premières heures de la mandature ; les candidats potentiels, les favoris. Pas une semaine sans que la popularité de nos élus ne soit mesurée, au détriment même de l'action politique. Entre les deux échéances pourtant, il y a un quinquennat avec un programme à mettre en place, des réformes à mener, aussi impopulaires puissent-elles être. C'est dire la teneur, l'ampleur et l'influence du pouvoir médiatique sur l'opinion publique.
Oui, les français, sans aucun doute captivés par cette déferlante doivent passer un temps infini à assister au spectacle donné par l'illusionniste Hollande et aux élucubrations de Nicolas Sarkozy et... C'est bien là un des problèmes !
Les français, fascinés par le teneur d'une campagne à sens unique ne s'y trompent d'ailleurs pas, frôlant l'overdose de politique et des beaux discours déclamés avec grandiloquence. Notre peuple doit en être écoeuré, puisque ne se mobilisant qu'à hauteur de la moitié de l'électorat à l'occasion des scrutins.
Cette faible participation trouve son explication dans plusieurs facteurs bien entendu, mais intéressons-nous plus précisément à la question de la place des médias et des instituts de sondage dans cette désaffection de la population. Cela pose bien sûr l'inévitable question de la légitimité réelle de l'élu, prétendument de tous les français. Le vainqueur de l'élection représente en moyenne environ 52 % de 50 % d'un électorat, soit un peu plus d'un quart de l'électorat total en réalité. Quelle légitimité. L'abstention est un danger pour l'expression démocratique.
Nous vivons bien une crise de notre démocratie, une crise de la représentativité ; la crise d'un système inadapté auquel aucun des deux courants majoritaires ne veut vraiment toucher, car il leur garde pouvoir et privilèges.
La campagne officielle n'est pas encore ouverte, qui verra le respect de la stricte égalité du temps de parole entre les candidats à l'élection présidentielle. Toutefois, personne n'est dupe qu'une campagne officieuse est menée depuis plusieurs mois par chacune de ces personnalités, une campagne suivie et servie par les médias, mais de façon très inéquitable. Les chiffres le prouvent aisément, semblant cliver le débat principalement entre deux protagonistes : Nicolas Sarkozy et François Hollande se partageant près de 70 % du temps de parole à la télévision, 39 heures de présence à la radio pour François Hollande, contre 44 à Nicolas Sarkozy. 30 Heures restant à partager entre les autres candidats. Des chiffres totalement disproportionnés qui font la part belle à la scission en deux du débat au détriment du pluralisme. Une attitude qui tend implicitement à influencer le cours de l'élection, en annonçant d'ores et déjà le duel final de second tour sans que ne soit joué le premier, au mépris de toute autre sensibilité légitime à pouvoir s'exprimer dans les mêmes conditions. Les médias, complices du système ? Chacun en sera juge. Les médias, qui font la part belle au bipartisme ? Que ne sais-je.
Il est indéniable que la sphère médiatique dispose d'un pouvoir très important sur l'opinion publique, que souvent son interprétation de l'information, oriente. Les médias ont aujourd'hui ce pouvoir de faire ou défaire une carrière, d'honorer ou briser une vie ou une destinée. C'est un pouvoir à la fois terrible et terrifiant.
Que ne dira-t-on dès lors de ces sondages, à la fiabilité parfois contestable, qui nécessairement, par le publicité et le matraquage médiatique dont ils sont l'objet, influencent l'opinion publique et le choix des électeurs ; quand jour après jour on entend des chiffres qui annoncent le duel de second tour, avec même le nom du vainqueur. Le premier tour n'étant, au final, qu'un pis aller qui ne servirait à rien. Comme si l'on voulait faire croire en un seul scénario possible. La croyance est souvent un fantasme qui aveugle. Pour le philosophe Alain, se contenter de croire, c'est s'interdire, par peur ou facilité, la liberté de penser, donc d'exister. Croire aussi simplement, c'est ne s'ouvrir à aucune autre perspective. La croyance n'est pas la Vérité.
Le monde réel est autre, et les instituts de sondage sont le bras armé d'un système qui vise à l'aliénation.
Toutefois, je me demande ce que chacun pensera du dernier sondage IFOP pour Paris Match, finalement assez peu relayé par les médias, qui donne François Bayrou comme le candidat préféré des français, et vainqueur en duel à la fois face à François Hollande, et face à Nicolas Sarkozy...
Qu'on se le dise, une autre voie est possible...
Les sondages ne sont pas sans valeur mais peuvent être un excellent moyen de manipulation de l'opinion.
RépondreSupprimerA la lecture des sondages des 18 -20 Février on a des surprises, certains sondages qui constatent l'écart entre François HOLLANDE et Nicolas SARKOZY les situent pour les uns à 6 points d'autres à 2, où est la logique dans de telles discordances.Il en est de même en ce qui concerne François BAYROU dont les fluctuations sont difficilement explicables.
Par contre les sondages de second tour entre François BAYROU et François HOLLANDE ou Nicolas SARKOZY existent bien mais sont interdits de publication car seuls ceux concernant les candidats plaçés en tête au premier tour peuvent figurer au second.
Et Oui Robert !
RépondreSupprimerUn excellent moyen de manipulation de l'opinion, ou comment on comprend la tentative de mise sous contrôle du pouvoir médiatique par et pour le pouvoir politique.
Le pouvoir médiatique est de nos jours un pouvoir à part entière.