vendredi 4 mai 2012

Choix de François Bayrou : entre Raison et Sanction ?

Les médias étaint suspendus ces derniers jours au suspense lié à la position de François Bayrou quant au second tour de l'élection présidentielle ; un François Bayrou qui avait annoncé qu'il prendrait ses responsabilités s'il ne se trouvait pas qualifié pour le second tour. C'est là, la terrible règle instaurée par la bipolarisation instituée elle même par le scrutin uninominal à deux tours.
Pesant près de 10 %, le leader centriste avait là l'occasion d'exister dans cet entre-deux tours, de pouvoir mûrir sa réflexion au travers des thématiques mises en lumière et du débat entre les candidats qualifiés.
Au final, François Bayrou, précisant qu'il ne donne pas de consigne de vote, laissant ses électeurs libres, a décidé à titre personnel de voter pour François Hollande, au nom, essentiellement, des valeurs, et non du programme. Un choix qui nourrit la polémique et autres indécisions, qui soulèvent autant d'admiration que d'interrogations.
Du courage, sans aucun doute. Pour résister aux poncifs et autres clichés touchant le Centre ; du courage, car c'est une décision étonnante, qui prend à contre-pied nombre de personnes, une décision pour l'histoire, diront les plus fervents convaincus par cette prise de position. Du courage, car c'est un choix personnel qui engage le candidat, derrière lui l'homme, en dépit des conséquences qui peuvent découler d'une telle déclaration.
François Bayrou était fondé à demander davantage de moralisation dans la vie politique, fondé à vouloir constituer l'Union Nationale, fondé à voir en l'école le socle indispensable de notre Destin commun. L'humanisme semble avoir guidé sa décision, face aux provocations, à une ligne perçue comme anguille et dragueuse, stigmatisante. François Bayrou se place ainsi, à raison, en rempart républicain contre les extrêmes, avec intégrité, cohérence et courage.

C'est peut-être toutefois oublier que pour valider la réussite d'une telle entreprise, il est nécessaire de s'appuyer sur un programme économique et social qui garantisse la cohésion d'une nation, des populations. Et force est de constater que le programme de François Hollande n'offre pas de garantie sur ce point, que ce programme peut creuser le lit d'un chaos social. C'est dans ce sens là que le leader centriste s'était exprimé devant le projet économique de Mr Hollande, pour lequel l'expression "conduire la France à la catastrophe" a été utilisée.
Un vote personnel, mûrement et intimement réfléchi, un vote de conviction envers une personne, ne saurait pouvoir nourrir l'adhésion au chaos social, au renforcement de la Dette, engendré par une Gauche dont nous avons tant écrit qu'elle ne savait ni évoluer, ni se renouveller.

Gouverner, c'est prévoir ! C'est avec cette phrase en guise de slogan que nous avons entamé la dernière campagne électorale. Une phrase qui en dit long sur la volonté qui est la notre d'agir avec un souci prospectif. Une phrase brandie en étendard, face à l'immobilisme, à l'illusion et la division que nous dénonçions chez nos adversaires. Nous nous posions en donneurs de leçons, envisageant légitimement une qualification pour le second tour.
A ceci près que nous nous sommes armés de certitudes excessives qui conduisent à la suffisance, cette suffisance qui fait qu'il semble qu'à aucun moment, préalablement au scrutin, la possibilité d'être éliminé au premier tour n'ai été envisagée par qui que ce soit.
Si Gouverner, c'est prévoir, il nous aura manqué la lucidité et l'humilité qui doit prévaloir à chacun. Ceci explique la confusion, les prises de position individuelles, dénote clairement la faiblesse de certaines convictions et la teneur du péché d'orgueil que nous avons commis.

Nous avons érigé, courageusement et honorablement, l'indépendance en dogme, au coeur de notre engagement politique, combattu les excès du Sarkozysme, les positions des extrêmes, la démagogie de la Gauche, au nom d'un idéal, centriste, humaniste, républicain et Démocrate.

Nous avons dénoncé la bipolarisation, celle qui scinde la population en deux camps qui s' opposent, au bénéfice d'un rassemblement qui dépasse les clivages, afin de constituer l'Unité Nationale pour redresser la France. Nous avons dénoncé les effets de la division.
Vous avez, nous avons, justifié ce désir d'indépendance en faisant campagne pour la reconnaissance du vote blanc, comme un vote qui correspond à un choix, libre, qui n'est pas l'abstention.
Voter blanc, c'est bel et bien choisir, car c'est à la fois sanctionner l'un, et montrer sa défiance envers l'autre. Voter blanc, en de telles circonstances, où vous-mêmes Mr Bayrou reconnaissez de l'aversion pour la dérive droitière de Mr Sarkozy, mais également un rejet du programme socio-économique du Parti Socialiste, c'est effectuer un choix. Un choix de conviction qui ne trahit aucune valeur, dans le respect du combat mené jusqu'ici.
Dire que voter blanc serait de l'indécision va à l'encontre de tout ce que nous avons martellé, comme une forme de reniement. 2012 n'est pas et ne sera jamais 2007.

Voter François Hollande aussi honorable que puisse être la raison qui vous motive, c'est jouer le jeu de la bipolarisation, et de la division, c'est introduire le doute dans l'esprit d'un certain nombre de vos électeurs.
Voter François Hollande après avoir procédé à une critique, tout à fait justifiée d'un programme économique qui va nous conduire au drame que vous augurez, c'est voter contre l'intêrét général et supérieur du pays. C'est voter pour la crise.
Mr Bayrou, voter c'est choisir, choisir c'est souscrire.

Vous avez, des années durant, mené un réquisitoire brillant contre les dérives et autres abus de pouvoir de Nicolas Sarkozy, tout en luttant contre l'illusion du socialisme. Je déduis que ce choîx que vous opérez aujourd'hui est motivé par des questions de personnes qui vous appartiennent, et qu'il ne m'appartient pas de juger.

Cette décision est la votre, celle du candidat. Je note que vous indiquez respecter le choix de vos électeurs, libres, parmi lesquels je m'affiche, de suivre votre vote ou de ne pas le suivre. Il n'est donc pas de consigne de vote, un concept érodé et obsolète. Tout en indiquant que vous n'êtes pas, ni ne serez de Gauche, il n'était peut-être pas très heureux, par souci éthique et respect de l'indépendance, de parler de "franchissement de pas décisifs". Dans l'inconscient collectif, cela à un sens qui n'est peut-être pas concordant avec votre pensée profonde. L'accès d'intellectualisme entretien toujours un certain flou.

Vous faîtes de la diversité, la nature profonde de notre mouvement, tout en oubliant que la diversité est l'essence même de notre pays. Diversité à Gauche, comme à Droite. S'il est juste et fondé de dénoncer les excès, il l'est tout autant de reconnaître les positions modérées de chaque camp.

Mr Bayrou, tous les choix sont courageux et se respectent, à fortiori lorsqu'ils sont libres et cohérents. J'ai été de nombreuses batailles conduites depuis 2007, avec force et conviction. Je respecte infiniement votre choix, même si je ne suis pas en phase avec celui-ci, au nom de la libre expression de l'opinion de chacun. Une liberté qui me permet de dévoiler et étayer mes arguments. Une liberté qui me permet de dire que je ne voterai pas pour François Hollande.

2 commentaires:

  1. Ma réaction sur http://nathalie-pagani-pour-le-modem-en-creuse.over-blog.com/

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  2. Je reste persuadé que nous ne sortirons de la bi polarisation que s'il se constitue au centre gauche un Mouvement puissant qui réunira les radicaux de Gauche et les membres du Modem qui auront choisi de voter pour François HOLLANDE dont le programme économique a été beaucoup caricaturé et dont on verra lorsqu'il sera mis en oeuvre qu'en alliant réduction des déficits et croissance il permettra à la France et à l'Europe de sortir de la crise.

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