samedi 31 mars 2012

Est-il absurde d'avoir raison ?

Les médias et divers candidats à l'élection présidentielle ont jugé bon de polémiquer autour du discours prononcé par François Bayrou à Grenoble suite au meurtre des trois enfants juifs à Toulouse.
Nous rappellerons déjà qu'il y eut à Grenoble des discours autrement plus polémiques qui furent déclamés dans un passé pas si lointain...Un discours qui semble brusquement tombé dans l'oubli, mais dont le contenu à tracer les prémices de ce qu'il est réel d'appeler la stigmatisation de l'étranger, puisqu'établissant un lien entre délinquance et immigration.
Le "contre-discours" de François Bayrou a été injustement apprécié, qui ne visait à aucune récupération d'ordre politique, plutôt à un échange, mené avec pédagogie.
Il ne s'agissait pas pour lui, ni d'un meeting, ni d'une réunion électorale, mais d'un moment de réflexion nationale permettant de mettre en avant que le climat ambiant, délétère, qui voit la violence, la haine, la stigmatisation grandir de façon inquiétante et inacceptable en France n'est pas sans rapport avec la responsabilité publique française.
"les hommes politiques ont aussi le devoir de veiller à l'évolution de la société dont ils ont la charge(...) de veiller à ce que les tensions, les passions, les haines, ne soient pas à chaque instant entretenues, encouragées et ne flambent pas".
Qui saurait pouvoir dire le contraire ? Quel responsable politique saurait pouvoir dénié cette responsabilité, ce devoir ?

François Bayrou n'a fait que dénoncer ce que la société française, hâtive à donner de leçon à tout un chacun, voit comme un sujet tabou et comme une maladie honteuse, cette hypocrisie latente qui consiste à nier cette dérive raciste, souvent instrumentalisée électoralement, et mis en scène médiatiquement.
Comment peut-il être ici question de polémique ?
Au contraire de débat lancés à la va-vite comme celui s'intéressant à la viande halal, particulièrement choquant ; le Président de la communauté juive de Toulouse disant lui-même : "on lance des sujets dans le débat,  on prononce des mots, et ces mots là après, ils roulent comme une avalanche et quelquefois tombent sur des fous." Si cela ce n'est pas la dénonciation concrète d'une stigmatisation à l'égard de certaines communauté, si cela ce n'est pas la reconnaissance d'une évolution nauséeuse de la France... Une évolution qui menace notre pays, qui menace son unité, face à laquelle les communauté juives et musulmanes ont souvent prévenu de ce danger.

Pour le candidat centriste, une seule réponse possible : l'Unité Nationale : "une part de compréhension réciproque. Oui, nous appartenons au même pays, au même peuple comme on appartient à la même famille".

Ainsi, il va de soi que la stigmatisation d'une communauté ne saurait ne toucher qu'une minorité ; c'est la nation dans son ensemble, toute entière, qui est touchée.

François Bayrou ne dit rien d'autre que cela, réaffirmer le rôle clef de la République comme ciment d'une nation, une et indivisible, qui doit protéger tous ses enfants, dénonçant une société malade, qui se radicalise, qui porte en elle des germes explosifs.

Un sujet particulièrement grave qui appelle à une réflexion commune, car concernant chaque parcelle de notre territoire, chaque citoyen vivant dans notre pays. Lancer dans le débat une question qui dérange et qui fâche la classe politique est-ce un crime ? Est-il répréhensible de dénoncer une dérive réelle et indéniable ?

Bernard Debré a cru bon de dire que sur le fond "ce qu'il a dit est absurde". Pas sûre que les communautés juives et musulmanes pensent de même ; pas sûre que la majorité des français attachés aux valeurs de la République pensent de même.

Bien sûr les bien-pensants, ceux qui vivent dans le déni, ceux qui vivent sur une poudrière vous diront volontiers, chiffres à l'appui, que les actes racistes ont diminué en France de 7 % depuis 2010. Mais ils oublieront de dire que le racisme anti-musulman a lui explosé avec une augmentation de l'ordre de 33,6 % !
Ses chiffres sont extraits du rapport annuel de la CNCDH (Commission Nationale Consultative des Droits de l'Homme, qui relève par ailleurs une diffusion des sentiments xénophobes, dénonçant une banalisation des propos racistes qui s'alimentent également de l'instrumentalisation dans le discours politique de certaines thématiques (identité nationale, immigration).


La CNCDH invitant dès lors la classe politique à ne pas échauffer les esprits... Un discours, chacun en conviendra qui ressemble fort à la réflexion menée par François Bayrou sur cette même question, qui procède d'une même analyse, étayée par les statistiques.
Sans doute Bernard Debré jugera la position tenue par cette institution qu'est la CNCDH tout aussi absurde que celle affichée par François Bayrou...

Force est pourtant de constater que le Président du Mouvement Démocrate ne s'est pas trompé sur le sujet  ; qui plus est lorsque les médias relayent à renforts de dépêches le démantèlement de réseaux islamiques armés. Comme un symbole pouvant attiser le feu sur fond d'amalgame si facile à faire.
Même si la lutte contre le radicalisme est de la plus haute importance, c'est vite oublier, comme le rappelle à juste titre la photographie illustrant cet article que le terrorisme n'a ni religion, ni identité...

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