dimanche 4 mars 2012

Quand le maire d'Aubusson s'interroge...

"La pression fiscale interroge le maire". C'est par cette phrase que le quotidien la Montagne débute l'article consacré au compte rendu du dernier Conseil Municipal qui s'est déroulé Jeudi soir à Aubusson.
Un titre qui fait référence à la réaction de Michel Moine quant à l'enquête réalisé par le même journal auprès des agents immobiliers de la ville pour qui l'explication des difficultés à s'installer à Aubusson pour de nouveaux habitants, reposent sur la fiscalité locale, trop forte.
Une explication qui ne convainc pas Michel Moine, lequel déclare derechef que "les taux d'imposition en 2011 sont inférieurs à ceux de 2000... Lorsque nous avons été élus", précise-t-il.
Dès lors, chacun doit comprendre que la question fiscale ne semble pas, pour le maire d'Aubusson, être la raison des difficultés liées au marché de l'immobilier dans la cité tapissière.

Et Michel Moine de renchérir : "Je regrette que les habitants des communes voisines d'Aubusson aient des revenus moyens supérieurs à ceux des aubussonnais et qu'ils payent moins d'impôts alors que c'est Aubusson qui assure le financement des services dont ils bénéficient."

De là à dire que s'il en avait le pouvoir, le Maire d'Aubusson augmenterait les impôts des communes périphériques d'Aubusson (dans un souci d'équité), il n'y a qu'un pas à faire (mais la com-com est là pour ça...). Car on sent dans ce propos comme une pointe de sentiment vindicatif de la part de Mr Moine.

L'analyse de la démographie locale montre une baisse globale de la population sur le territoire. Cela se vérifie aussi sur la période sus-visée par le maire, qui court de 2000 à 2011. Aubusson perdant plusieurs centaines d'habitants sur cette période. Une baisse qui peut s'expliquer par une tendance à l'exode rural lié à divers facteurs locaux.
Néanmoins, cette baisse n'est pas réellement homogène, car cependant qu'Aubusson décline sur le plan démographique, d'autres communes, limitrophes, ont vu leur population augmenter. On citera ainsi notamment Blessac, ou Moutier Rozeille... Un phénomène qui pourrait parfaitement induire que la population aubussonnaise a migré vers les communes périphériques. Mais pour quelle(s) raison(s) ?... Un choix de vie, certainement, l'évasion fiscale, peut-être. Mais quelles que puissent être ces raisons, elles relèvent de la sphère privée de celui qui opère ce choix, et de ce fait, sont insusceptibles d'un quelconque jugement de valeur.

Ce phénomène est réel. Les impôts locaux sont un frein pour nombre de personnes. Pour s'en convaincre il suffit d'interroger les ex-contribuables aubussonnais qui se sont exilés aux limites de la ville du fait de la pression fiscale. Un débat récurrent à Aubusson qui ne saurait être dénié. Aubusson, où l'ambition ne se chiffre pas en fonction du nombre de "contribuables-contributeurs".
Car c'est bien là le fond du problème mis en lumière : l'équilibre et la corélation entre les moyens nécessaires, les moyens disponibles réellement, et qui doivent être conjugués avec la mise en oeuvre de projets raisonnables et nécessaires. En gros, il s'agit de ne pas mettre la charrue avant les boeufs...

Y-aurait-il un contentieux avec ces "évadés fiscaux" implicites, aux "moyens supérieurs" aux aubussonnais, qui devraient payer plus d'impôts parce que profitant odieusement des services qu'Aubusson finance ?
Assurément, il s'agit d'une réflexion qui procède d'un vrai sens de l'équité.

Toutefois, en guise d'exemple, de nombreux revenus, appartenant aux classes moyennes ont déserté Clermont Ferrand (tout en y travaillant et en y consommant), de plus en plus inaccessible, financièrement parlant, pour aller s'installer bien au delà des frontières de la capitale auvergnate, jusque dans les terres de  Haute-Combraille. Sont-ils pour autant blâmables ou condamnables tant les classes moyennes sont de plus en plus oppressées, fiscalement s'entend ?

Je n'ai pourtant pas souvenir d'un Serge Godart, sénateur-maire PS, parti en justicier sur son cheval blanc, à la poursuite de ces prétendus "fugitifs fiscaux" qui osent jouir des services financés par Clermont-Ferrand sans y être contribuables...

L'indulgence nous laissera considérer cela comme une maladresse de forme ; toutefois, les intéressés sus-visés apprécieront à sa juste valeur la considération qui leur est faite... On aurait bien tord de stigmatiser les contribuables, de moins en moins nombreux.
Quant à la question fiscale, que Mr Moine aurait bien tord d'ignorer, elle est bien un des noeuds du problème aubussonnais.

5 commentaires:

  1. "Car c'est bien là le fond du problème mis en lumière : l'équilibre et la corélation entre les moyens nécessaires, les moyens disponibles réellement, et qui doivent être conjugués avec la mise en oeuvre de projets raisonnables et nécessaires. En gros, il s'agit de ne pas mettre la charrue avant les boeufs..."

    A vous lire Mathieu que faut il faire? Rien? On entretient plus l'existant et on abandonne tout nouveaux projets???
    De plus,
    Votre comparaison avec Clermont ferrand n'est pas juste. Comme dans beaucoup de "grandes" villes c'est plutôt le prix de l'immobilier (pour se loger comme pour accéder à la propriété)qui est en cause et non pas la pression fiscal. Alors qu'à Aubusson on est bien loint d'avoir des loyers démesurés et les prix de l'immobilier sont plutôt revenu au raz des paquerettes.
    Je ne crois pas, comme vous semblez l'insinuer, que M.Moine fustige ou stigmatise les contribuables des communes voisine. En effet, dire qu'une répartition des charges sur l'ensemble des utilisateurs et/ou bénéficiaire n'a rien de fustigeant! C'est plutôt faire preuve de bon sens et d'équité, non??

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  2. Mathieu CHARVILLAT4 mars 2012 à 20:46

    Stéphane,

    Avant tout, merci de cette contribution.

    J'ai noté le rapport d'équité dont vous parlez, instruit par la phrase que j'ai extraite, avec peut-être une certaine ironie, il est vrai.

    Toutefois, comment expliquer la fuite des contribuables aubussonnais vers les communes limitrophes, si ce n'est en raison de la pression fiscale ?

    L'exemple de Clermont Ferrand a été choisi en raison d'exemples pertinents de certains amis qui ont vu les impôts locaux exploser, bien au delà de la problématique du logement. J'aurais pu tout autant choisir Limoges, puisqu'un ami propriétaire à Aubusson m'a confié payer autant de taxe foncière qu'à Limoges...

    Je n'ai pas dit qu'il ne fallait rien faire. J'ai mis en avant une "maladresse de forme", qui induit cependant l'équité du fond, mais qui surtout met en relief des déséquilibres et des incohérences.

    J'entends par là qu'il est nécessaire d'entretenir les services existants (notamment ceux qui structurent), que les projets à monter doivent être pertinents et structurants pour le territoire, sans remettre en cause l'harmonie sociale de ce dernier.

    Vous aurez constaté comme moi que les contribuables sont de moins en moins nombreux sur notre territoire, ce qui suppose nécessairement que ces projets vont reposer sur de moins en moins de personnes, avec probablement à la clef une augmentation des impôts. Le temps le dira.

    Ce que j'entends par ne pas mettre la charrue avant les boeufs, c'est la mise en avant des faiblesses structurelles d'Aubusson, en particulier, qui doit être le poumon du sud creusois, et de cette partie de notre département : axes de communication (même si cela avance dans le bon sens), fibre optique, haut débit, foncier économique... Qui induisent automatiquement des faiblesses en matière de développement économique, donc de création d'emplois, donc d'arrivée de nouvelles populations, qui sont autant de nouveau "contribuables-contributeurs" et consommateurs. Il est dès lors plus facile d'assumer la mise en route de projets dont notre territoire a besoin.

    Notre problème de fond est démographique et économique : prenons les choses à l'envers pour comprendre avec clarté.
    L'absence de développement ou de débouchés économiques entraîne automatiquement le déclin démographique (ce qui c'est passé à Aubusson). Cela signifie que les charges pesant sur ceux qui restent sont automatiquement plus lourdes. Est-ce juste pour la collectivité ? Comment justifier le non nécessaire pour moins de personnes. A ce titre, la mutualisation est une piste...

    Le défi de demain pour Aubusson, c'est la reconquête démographique par le développement économique, qui passe par une mise en route structurelle. Encore faut-il le vouloir...

    Je vous renvoie dès lors au lien suivant : http://democrate23.blogspot.com/2011/09/le-developpement-economique-la-clef-de.html

    Voici l'explication de fond de mon propos. Vous remerciant encore.

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    1. Bonsoir Mathieu,
      Donc nous sommes bien d'accord sur le fond: il n'y a rien de fustigeant que de dire que certaines dépenses lié à des projets structurants ( tel qu'un centre aquarécréatif par exemple ;) ) soient supporté par l'ensemble des bénéficière et/ou utilisateurs.

      Bien entendu la répartition des "charges" ne suffira pas à elle seule d'éviter une augmentation de celles-ci. Bien évidement, le développement économique est UN levier. Mais ce développement économique doit se penser autrement. Comme vous le dites trés justement,Aubusson est le poumon du sud Creusois. Cela veut dire qu'Aubusson n'est pas seul, que ce développement économique doit se faire sur l'ensemble du territoire, via les com.com. et les pays. Toute implantation d'entreprise sur un territoire bénéficie à l'ensemble de ses colléctivités. En effet, chaque nouveau "contribuables-contributeurs", bien que travaillant sur un même pôle, est différents et libre de choisir de s'installer en ville, dans un bourg ou en campagne (à chacun son choix de vie)Cela veut dire que quelque soit le lieu ou s'instale une entreprise, c'est toute un territoire qui en bénéficie. Bref, tout celà pour dire que les acteurs politique du sud Creusois doivent travailler de concert, les uns avec les autres et non pour leur propre clocher. C'est se rassemblement et se travail d'équipe qu'il faut mettre en place pour sauver le sud Creusois.
      Un autre élément important que vous abordez, le désenclavement. Le nord Creusois a sa RN145, le sud Creusois doit avoir lui aussi sa RN141. Je ne comprend pas que cet axe n'a jamais (jusqu'a il y a peu)suscité plus d'interet. Pourquoi a t il été "dénationalisé"? Pourquoi cet axe n'a jamais été défendu par le député du sud Creusois alors que cet axe relie deux capitales régionales et traverse tout le sud Creusois? Ce devrait être un des combats majeur de nos politiques.
      Bref, il est tard et il y a tant de choses à dire...
      Au plaisir de vous lire

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  3. Bonjour,

    Suite au débat actuel sur les impôts locaux dont je suis en partie l'initiateur, il est tout à fait anormal qu'une fois franchi la limite de la commnue d'Aubusson lesdits impôts soient divisés par 2 voire par 3. Le poumon que serait Aubusson, qui à mon avis s'essoufle, ne pourra bientôt plus respirer, étouffé par le manque d'habitants donc de cotisants. Une mutualisation des impôts sur l'ensemble des communes limitrophes est indispensable, on se demande bien à quoi sert cette entité qu'est la com.com si elle n'est pas capable d'analyser cette situation et apporter la solution.
    D'autre part le développement économique n'est pas UN LEVIER mais LE SEUL LEVIER, et celui-ci ne peut se faire en premier lieu que là ou se trouve déjà d'autres entreprises. Celles-ci doivent avoir le moyen de se développer et ausi pouvoir accueillir d'autres entreprises complémentaires. Aubusson est placé sur l'axe GOUZON/USSEL ou autrement dit entre la RN 145 et l'A89 et à mon avis c'est cet axe qu'il faut développer et non la RN141, qui n'apporte pas grand chose à notre secteur, Limoges ayant des vues de développement uniquement sur l'ouest et Clermont Frrand se développe sur la plaine de limagne.Et il est temps de développer cet axe nord/sud, en effet on constate une évasion de la région de gouzon -chénérailles vers le nord et de la région de Felletin vers Ussel.
    Alors AGISSONS maintenant et arrêtons de palabrer.
    Philippe PETIT

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  4. Mathieu CHARVILLAT5 mars 2012 à 13:21

    Stéphane,

    Que voici de vastes débats que vous soulevez au travers de questions essentielles.

    Le centre aquarécréatif est un exemple des plus pertinents au vu de son coût. Je vous renvoie à ce titre à l'article suivant :

    http://democrate23.blogspot.com/2011/11/le-grand-plongeon.html

    Outil structurant ou pas ? Outil de complément ou pas ?
    La note, à la mesure du projet (même si nul ne conteste le besoin de cette piscine), paraît élevée pour le potentiel actuel.
    Est-ce qu'un projet moins couteux aurait été plus pertinent ? L'avenir le dira.

    Cependant, n'aurait-il pas été plus judicieux de concevoir une piscine dans le cadre d'un projet d'envergure différente, celle d'un complexe sportif multi-activités comme il en existe un à Meymac, permettant simultanément à plusieurs associations sportives de pratiquer, et offrant surtout des conditions de pratique plus optimales avec l'idée que l'on se fait du sport (de salle s'entend), permettant l'organisation de manifestations de premier plan générant recettes et publicité...

    Ce qui me permet de rebondir sur un article publié récemment par la Montagne, expliquant que la Creuse était bien pourvue en infra-structures sportives... A Felletin, notre dernière rencontre s'est terminée par -3°. Et que dire à Aubusson.. Le Hall polyvalent est-il adapté pour une juste pratique ? Les sportifs sont ambassadeurs d'un territoire, et le tissu associatif, le témoin d'un dynamisme local.
    Il s'agit là d'un exemple parmi d'autres, et qui peut être, au total, aurait été aussi couteux que le projet actuel, mais pour des équipements supplémentaires, utiles à l'associatif local et intercommunal...

    Un développement structurel, c'est le désenclavement, qui permet le développement éco., le maintien d'une offre de soins, d'établissements scolaires...

    Je souscris tout à fait à l'idée d'un travail réalisé de concert entre les élus, indépendamment des clivages politiques qui handicapent. C'est mon leitmotiv. Ce travail doit être réfléchi, mené avec une vision stratégique et prospective, professionnalisée.

    Parfaitement d'accord sur l'idée du désenclavement (un autre leitmotiv), débat récurrent depuis que je suis tout petit.
    Le déclassement de l'ex 141 m'avait interpellé à l'époque (j'étais cependant bien plus jeune), mais il est important de relier des territoires très proches entre deux grandes métropoles régionales. La Haute Combraille n'est pas si loin. Des frontaliers du Puy de Dôme viennent se faire soigner ou travailler en Creuse et à Aubusson.
    Aubusson, au coeur de liaisons trans-régionales comme je l'avais décris lors de la dernière campagne des cantonales, pivot des axes Ussel-Montluçon via Gouzon, comme l'explique très justement et très judicieusement Philippe Petit, et Limoges-Clermont Ferrand, a une place à trouver.

    Heureux de ce débat, car au final nous avons tous le souci de l'intérêt de notre territoire, de ses habitants, et c'est déjà un espoir.
    Mais le temps est sans doute venue, comme le dit Philippe Petit, de l'action.

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